DONALD TRUMP DE PLUS EN PLUS DANGEREUX

Mercredi 6 décembre dernier le président américain, Donald Trump  a annoncé  que Jérusalem était désormais la capitale officielle de l’Etat israélien. Quelque heures plus tard Donald trump a dévoilé aux médias  le transfert de l’ambassade américaine en Israël à Jérusalem, qui était à l’origine à Tel-aviv. Cette annonce a engendré de nombreuses réactions de la part des pays du monde entier et représente de nombreux dangers.  Afin de bien comprendre l’intervention de l’américain dans ce débat géo-politique,  nous verrons quel est le contexte actuel de Jérusalem, le rôle de Donald Trump et quels ont été les  réactions face a l’annonce Trump.

Jerusalem dans son contexte actuel 

Israël a annexé la partie orientale de Jérusalem, dont elle a pris le contrôle pendant la guerre de 1967, puis voté une loi faisant de la ville sainte sa capitale « indivisible ». Cette annexion n’a jamais été reconnue par la communauté internationale et les Palestiniens considèrent Jérusalem-Est comme la capitale de leur futur État.

La Palestine, rappelle les résolutions 242, 338, 446, 452, 465, 476, 478, 1397, 1515 et 1850, et « exige de nouveau d’Israël qu’il arrête immédiatement et complètement toutes ses activités de peuplement dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est».
Plusieurs résolutions de l’ONU ont appelé Israël à se retirer des territoires saisis lors de la guerre de 1967 et ont réaffirmé la nécessité de mettre fin à l’occupation.

En 1980, le Conseil de sécurité a adopté une résolution déclarant que « toutes les mesures et actions législatives et administratives prises par Israël, puissance occupante, qui visent à modifier le caractère et le statut de la ville sainte de Jérusalem n’ont aucune validité juridique » l’objectif étant d’aboutir, sans tarder, à un règlement définitif entre les parties israéliennes et palestiniennes, c’est- à-dire à la coexistence de deux Etats (Israël et Palestine) avec Jérusalem, capitale des deux Etats. Les États-Unis s’étaient abstenus lors de ce vote, autorisant l’adoption de la mesure.

Jérusalem est considérée comme ville « sainte » pour les juifs, les chrétiens et les musulmans. Elle est à l’origine de nombreux conflits car ces trois religions doivent se partager ce territoire remplis édifices religieux..La ville sainte se situe a une altitude de 700 mètres sur les hauteurs de Judé, entre le Jourdain et la cote méditerranéenne. Jerusalem est divisée en deux parties, par la ligne verte non matérialisée. Cette ligne a été tracée en 1949 lors de armistice, permettant de séparer Israël de la Cisjordanie. On observe alors deux parties distinctes par la ligne verte dans Jérusalem:

– La partie ouest, où se trouvent les institutions d’Israël et est presque exclusivement peuplée de juifs (290 000 sur 300 000).

– La partie est, revendiquée par l’Autorité palestinienne, est peuplée par près de 500 000 habitants, dont 60 % d’Arabes et 40 % de juifs. Elle comprend la vieille ville, comprenant quatre quartiers. Le quartier chrétien composé de l’église du Saint Sépulcre dans laquelle est située le tombeau du Christ.  Il y a le quartier arménien, le quartier juif où se trouve le Mur des Lamentations. Puis il y a le quartier musulman dans lequel se situe l’esplanade des mosquées composé du dôme du rocher et de la mosquée Al- Aqsa.

Depuis des années, Israël encourage la colonisation de Jérusalem-Est, en construisant des logements dans la ville et la banlieue, ou en favorisant l’installation de juifs orthodoxes dans plusieurs quartiers afin d’organiser un « mitage territorial » des quartiers arabes et d’empêcher la continuité entre Jérusalem-Est et le reste du territoire palestinien, en Cisjordanie.

Donald Trump et Israël

Mercredi 6 décembre le président américain a reconnu Jérusalem comme capitale d’Israël, marquant une rupture spectaculaire avec ses prédécesseurs et ignorant les vives mises en garde des dirigeants de la région qui redoutent une flambée de violences au Proche-Orient.

Cependant, aujourd’hui, Donald Trump voit un avantage à assurer Jérusalem comme capitale de l’Israël et justifie cette reconnaissance par quelques mots: « une nouvelle approche et une manière neuve de penser », « mais aujourd’hui, nous reconnaissons enfin l’évidence: que Jérusalem est la capitale d’Israël. Ce n’est rien de plus, ou moins, qu’une reconnaissance de la réalité. C’est aussi la bonne chose à faire. C’est quelque chose qui doit être faite », avait-il déclaré le 6 décembre dernier à la Maison-Blanche devant les journalistes.

Dans le paragraphe qui suit directement celui où il annonce que Jérusalem est désormais la capitale d’Israël, le Président américain précise tout de suite que:
«En faisant ces annonces, je tiens également à faire ressortir un point très clair: cette décision ne vise en aucune façon à rompre avec notre ferme engagement à faciliter un accord de paix durable. Nous voulons un accord qui soit grand pour les Israéliens et grand pour les Palestiniens. Nous ne prenons pas position sur les questions de statut final, y compris les limites spécifiques de la souveraineté israélienne à Jérusalem, ou la résolution des frontières contestées. Ces questions sont laissées aux parties impliquées ».

Or, c’est justement ça qui bloque tout le processus de paix entre Palestiniens et Israéliens, le statut final de Jérusalem et la question des frontières. Sur ces deux questions précises, Donald Trump n’a rien amené de nouveau par rapport à tous les autres Présidents américains qui l’ont précédé à la Maison-Blanche. Toutefois, sur ce dernier point, Donald Trump affirme:

«En attendant, j’appelle toutes les parties à maintenir le statu quo dans les lieux saints de Jérusalem, y compris le mont du Temple, également connu sous le nom de Haram al-Sharif».
Mais quelle aurait pu être la motivation de Donald Trump? Cherchait-il vraiment à relancer le processus de paix qui est mort depuis 2011?

Tout en espérant dans son discours que la région connaisse la paix et le développement en particulier pour les jeunes générations, le Président américain a fermement réitéré l’engagement de son pays pour une solution négociée entre Palestiniens et Israéliens.
Il déclare: «Les États-Unis demeurent profondément engagés à faciliter la conclusion d’un accord de paix acceptable pour les deux parties. J’ai l’intention de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour aider à forger un tel accord. Sans aucun doute, Jérusalem est l’une des questions les plus sensibles de ces pourparlers. Les États-Unis seraient favorables à une solution à deux États si les deux parties étaient d’accord».

De ce fait, il profite de cet arrangement pour transférer l’ambassade américaine à Jérusalem, une rupture totale avec la politique américaine, et éviter des violences dans la région. Donald Trump remplit ainsi une promesse de campagne, ravit son électorat évangélique et ses riches donateurs pro-Israël. Mais celle-ci ne va pas être transférée avant plusieurs années et cela met en danger le plan de paix sur lequel travaille depuis des mois son gendre.
Les États-Unis et Israël se retrouvent totalement isolés, même si la République tchèque a fait part de sa volonté de suivre la décision de Donald Trump avant d’y renoncer.

Cette politique viole plusieurs résolutions spécifiques des Nations unies et du conseil de sécurité lui-même sur le statut de la ville (résolutions 476 et 478 et résolution 2334 de décembre 2016, dénonçant la colonisation du territoire palestinien occupé dont Jérusalem-Est).
Jusqu’à présent, les États-Unis avaient eux aussi respecté le droit international en la matière. En 1995, le Congrès a cependant décidé, en violation du droit, de déménager l’ambassade américaine en Israël de Tel-Aviv à Jérusalem, mais une clause permet au président d’intervenir tous les six mois pour y surseoir. Aucun président avant Donald Trump, malgré les promesses électorales de certains, n’avait franchir le Rubicon. Le 45e président des États-Unis vient donc de le faire.

Donald Trump a non seulement violé le droit international, mais aussi pris le risque de confessionnaliser le plus vieux conflit colonial de la planète et d’embraser toute la région. Mais, si les dirigeants israéliens se sont réjouis de cette décision, le monde entier a fait part de sa désapprobation et de son inquiétude. Jusqu’où ira-t’il ?

Qu’est-ce que le statu quo ?
Depuis 1995, une loi adoptée par le Congrès américain, le « Jerusalem Embassy Act », appelle les Etats-Unis à déménager l’ambassade de Tel-Aviv à Jérusalem, « capitale de l’Etat d’Israël ». Une décision contraignante pour le gouvernement américain. Mais une clause contenue dans la loi en question permet au président de repousser son application pour six mois, sur la base de préoccupations de sécurité nationale.

Quelles ont été les réactions face à l’annonce de Donald Trump? 

Face à la déclaration de Donald Trump au sujet du transfert de l’ambassade de tel Aviv à Jérusalem reconnaissant ainsi pour les américains la ville trois fois sainte comme capitale d’Israel, une vive désapprobation du monde arabe, suivi de manifestations dans plusieurs capitales, notamment dans les pays du Moyen Orient.

Parmi les plus vives réactions, il faut noter celles du Hamas, de l’OLP, de l’Arabie Saoudite, de la Jordanie, de la Turquie et de l’Iran.

– HAMAS : est un mouvement islamiste palestinien constitué d’une branche politique et d’une branche armée, principalement actif à Gaza. Pour ce mouvement, la décision du président américain ouvre « les portes de l’enfer pour les intérêts américains dans la région », et appelle les pays arabes et musulmans à « couper les liens économiques et politiques » avec les ambassades américaines, et à expulser les ambassadeurs américains.

– OLP: Organisation de libération de la Palestine

Le secrétaire général de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), Saëb Erakat, a déclaré pour sa part que Donald Trump avait « détruit » la solution dite à deux Etats en annonçant la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël. Aux yeux du président palestinien Mahmoud Abbas, les Etats-Unis sapent délibérément tous les efforts de paix et proclament qu’ils abandonnent le rôle de sponsor du processus de paix qu’ils ont joué au cours des dernières décennies. Les groupes palestiniens ont appelé à trois « jours de rage ».

– ARABIE SAOUDITE

L’Arabie saoudite a de son côté déploré cette décision jugée « injustifiée et irresponsable ». Dans un communiqué, la cour royale dit avoir prévenu des « dangereuses conséquences » qu’aurait un transfert de l’ambassade des Etats-Unis à Jérusalem.

– JORDANIE

Le porte-parole du gouvernement jordanien, Mohammed Moumeni, a quant à lui indiqué que « La décision du président américain de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël, et le transfert de l’ambassade des Etats-Unis vers cette ville, constituait une violation des décisions du droit international et de la charte des Nations unies ».

TURQUIE
La Turquie juge « irresponsable » la décision américaine. « Nous condamnons la déclaration irresponsable de l’administration américaine (…) cette décision est contraire au droit international et aux résolutions de l’ONU », a réagi le ministre turc des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu sur Twitter.

IRAN
L’Iran, ne s’est pas privé de pincer la corde religieuse, en déclarant qu’il ne tolérerait pas « une violation des lieux saints musulmans ».

Hormis l’Iran, la Turquie ou le Hamas qui se montrent les plus véhéments, les pays arabes et/ou musulmans usent d’une rhétorique connue qui ne tranche guère avec ce qui est habituellement pratiqué.

Des drapeaux américains et israéliens brûlés, des insultes prononcées, mais pas de débordement et somme toute peu de manifestants : les réactions du monde musulman ont été moins importantes que celles qui étaient redoutées après l’annonce américaine de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël.

Sources: france Culture, 20 Minutes, Le Point, huffing ton post, Le Monde 

Sources Image: Le Monde et Reuters/Kevin Lamarque (photo de Trump)

Anaelle MARTY, Kamila KACIR, Dinah MALKA