Au cœur de la campagne américaine…

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Ce vendredi 2 octobre, Donald Trump, candidat à sa réélection pour la présidentielle américaine, a annoncé sur Twitter être positif à la Covid-19. Il a donc été transféré à l’hôpital dans la soirée et a été soigné avec un traitement expérimental, un cocktail d’anticorps de synthèse produit par le laboratoire américain Regeneron. L’information a bouleversé la scène médiatique mondiale et cette question est sur toutes les lèvres : la positivité de Trump au coronavirus va-t-elle influencer le résultat du scrutin ?

L’actuel président des États-Unis est réputé pour minimiser l’importance du virus pour la population. Il a même déclaré en avril dernier : « Je choisis de ne pas porter le masque » lors d’une conférence de presse. Par ailleurs Joe Biden, le candidat du parti démocrate et le principal concurrent de Donald Trump, a lui été testé négatif à la Covid-19. Il a également rappelé qu’il est important de porter un masque et de respecter les mesures barrières.

Son entrée et sa sortie de l’hôpital à quatre jours d’intervalle ont été largement mises en scène. Et depuis lors, les actions de Trump sont très contestées par les médecins. Effectivement, sa quarantaine aurait dû durer vingt jours car il est sous traitement et des rassemblements sont toujours organisés sous les fenêtres de la Maison Blanche, actuellement considérée comme un foyer de contamination.

Mais pendant que Trump est confiné à la Maison Blanche, Biden continue seul la course à la présidence. Il effectue un voyage de campagne depuis vendredi dernier au Michigan, un état pivot (voir article du 04/10/20 sur la campagne américaine) qui a été remporté par les Républicains en 2016. Le meeting de Donald Trump en Floride, également un swing state, a lui été annulé pour ses raisons de santé.

Les sondages américains ont toujours placé Joe Biden devant Donald Trump mais cet écart semble s’être creusé depuis l’annonce du test positif au virus du président. En effet, cela est vrai dans des états décisifs tels que la Floride où Trump est passé de 46,6 % à 43,3 % ou encore au Michigan où Joe Biden est remonté dans les sondages passant de 48,8 % à 49,4 %.

La positivité du président américain à un mois de l’élection est un élément important dans la course au pouvoir. L’annonce a fait beaucoup réagir tous les médias internationaux et ses conséquences sont encore visibles, comme l’annulation du second débat entre les deux candidats le 15 octobre. Cela nous montre que cette campagne est pleine de rebondissements inattendus et est loin d’être terminée. Pour autant, son influence sur le résultat final du vote des américains ne peut pas être déterminée avec précision…

Sources : huffingtonpost.fr, lefigaro.fr, yahoo.com, lexpress.fr, france24.com, rmc.bfmtv.com, franceinter.fr, lemonde.fr, ladepeche.fr, radio-canada.ca

Oriane Frison

Au cœur de la campagne américaine…

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Le premier débat présidentiel opposant Joe Biden à Donald Trump arrive à grands pas, retour sur ses enjeux et ses sujets.

Le 29 septembre à 21h (heure de Washington, soit le 30/09 à 3h, heure de Paris) a commencé à Cleveland (Ohio) le premier débat de la course à la Maison-Blanche. Il oppose Donald Trump et Joe Biden sur des sujets tendus et d’actualités tels que le racisme sociétal américain, les violences policières ou encore le Covid-19.

Ce débat est crucial dans cette élection, car il amorce une bataille pour la conquête des « états pivots », des états qui changent régulièrement de camp (démocrate ou républicain) et qui sont la vraie variable de toute élection américaine puisque la majorité des états sont « affiliés » à un parti, qui, sur le papier, votera toujours pour le même parti, quel que soit le candidat. Et cette liste d’états imprévisibles ne cesse de s’allonger : aux Colorado, Floride, Iowa, Minnesota, Nevada, New Hampshire, Caroline du Nord, Ohio, Pennsylvanie et Virginie, se sont ajoutés en 2016 le Michigan et le Wisconsin.

Le candidat qui fera la meilleure impression aux Américains de ces swing states aura donc une avance non-négligeable dans une élection qui influencera vraisemblablement l’avenir de la démocratie de la première puissance mondiale.

Sources : lefigaro.fr, linternaute.com, 24heures.ch, rtbf.be, lematin.ch, la-croix.com

Sami Chaaban

Au cœur de la campagne parisienne…

Si vous êtes parisien !!!
Vous avez sûrement reçu le 13 février le projet de campagne du candidat La République En Marche au municipal de paris et du XVIIème arrondissement, Benjamin Griveaux. Mais, depuis le 14 février, il est désormais ex-candidat au municipale parisienne suite à des « menaces de mort » lancées contre sa femme, mais aussi à cause la divulgation de vidéo personnelle à caractère sexuel.

En effet, c’est bien lui qui prenait la tête de la course de communication des parisiens. Son projet étant le premier que je reçois dans ma boîte au lettre. Ancien cadre du mouvement En Marche durant la campagne présidentielle de 2017 au côté d’Emmanuel Macron. Cela faisait depuis mars dernier que Monsieur Griveaux avait annoncé sa candidature au poste de Madame Hidalgo. Depuis quelque temps, il devenait de plus en plus présent sur les médias pour promouvoir sa campagne. Mais le candidat n’affichait pas totalement ses origines politiques. Sur les prospectus de l’ex candidat, le logo de La République En Marche ne s’affichait pas sur une grande partie du projet comme ont l’habitude de faire les candidats. Cela est peut être dû à la popularité en baisse de notre président et son parti depuis la crise des Gilets Jaunes. Après avoir lu son projet, j’ai pu observer que Monsieur Griveaux se voulait écolo et proche de ses habitants. Dans ses paroles, il insistait sur les défauts de notre capitale. Pointant sans doute du doigt notre maire actuel Anne Hidalgo. Ses propos peuvent sembler hilarant pour les socialistes sachant que le candidat est un ancien du Parti Socialiste. Médiatiquement le candidat menait un combat pour la propreté de Paris. Il dénonçait ainsi les incivilités, les rats de plus en plus nombreux, les punaises de lit (dont lui même était victime d’après 20 minutes). Il nous informait aussi sur le ramassage des ordures dont souffrent les gardiens d’immeuble et parisiens. Dans cette période où les poubelle ne sont pas vidées et traînent dans nos rue suite aux grèves.

Dans son projet le candidat s’intéressait à 6 points.
Je m’intéresserai à plusieurs aspects de ces points importants.

1- Le commerce et les artisans
– la création d’un « fonds de solidarité commerçants » doté de 15 à 20 million d’euro qui servira à soutenir dans les moments difficiles.
– La possibilité d’ouvrir le dimanche

2- L’éducation
-Donner des livres au choix chaque trimestre de maternel à primaire.
-L’alignement des horaire de primaire à celle des crèche et maternel avec une récréation de 18h à 18h 30 après l’étude accompagné.
-Le retour des semaines à 4 jour des la rentre 2021
3- La propreté
-Renforcement des brigades anti-nuisible
-Création des «Manager de rue» pour régler le problème qu’il y a dans la rue ou vous vous situez
4- La classe Moyenne
-Le développement du télétravail pour désaturer les transport en communs
-La création d’une mutuelle municipale pour faciliter l’accès à la santé.
5- L’écologie
-Des primes plus importantes pour l’achat de vélos, vélos électrique ou scooters électrique ( une aide de 2000€)
-La création d’un “Central Park” parisien de 30 hectares à la place des voies ferrées de la Gare de l’Est»
6- Les condition de vie
-Donner plus de pouvoir au maire d’arrondissement pour mieux s’occuper dès problème à proximité.
-La création de 240 quartiers

Avec ce programme, La République En Marche se hisse à la troisième place des sondages. Le programme annoncé par l’ex-candidat est toujours d’actualité, mais est maintenant défendu par l’ex ministre de la Santé Madame Agnès Buzyn. Mais, depuis cet incident, qui à bouleversé le parti du gouvernement, il reste encore à savoir qui sera le(a) candidat(e) aux municipales de la mairie du XVII arrondissement car le parti n’a toujours pas de remplaçant.
Dans cette période très décisive pour les municipal, le parti LREM semble vouloir ressortir plus grans de cette affaire.

Nous le serons le 15 et 22 Mars prochain.

DIDI YVES-LORICE

A ce moment précis, je n’est encore point reçu d’autre programme venant de d’autre candidats.

Sources: 20minutes.fr, laprovence.com

Jean Luc Mélenchon

«Une idée devient une force lorsqu’elle s’empare des masses » (Karl Marx)

1843267_5_a901_jean-luc-melenchon-a-la-manifestation-contre_8d7070d99d7a2bc04cef351a05040e25 Jean-Luc Mélenchon … que de mots ont été prononcés sur lui, que d’insultes ont été vociférées sur sa personne ; moqué autrefois, par ses manières et par ces scores, il est aujourd’hui l’homme fort de la présidentielle. Charismatique, il est le candidat de la gauche radicale, de la gauche anti-mondialiste. Il est le candidat de la gauche, de la vraie gauche.

Né au Maroc en 1951, il n’a cessé d’être engagé à gauche. Entré au PS en 1976, il enchaîne les postes de conseiller. Mais sa carrière politique décollera en 2008 quand il décide de quitter le parti socialiste. C’est en 2012 qu’il se fait remarquer ; candidat d’une gauche radicale, anticapitaliste, il atteint les 11% des voix. Cet homme charismatique sait parler à la classe populaire, aux ouvriers, aux oubliés. Le nouveau Georges Marchais revient en 2017 pour faire mieux.

Alors le candidat du front de gauche se lance dans la campagne ; les maitres mots de son projet sont : justice sociale, souveraineté nationale, et anticapitalisme modéré.

Un programme fort pour une gauche forte

Mélenchon est en quelque sorte un souverainiste. Souverainiste par son antilibéralisme, par son obsession du modèle allemand ; il veut donc terminer avec les traités de libre échange (il refuse Tafta, ou encore Ceta, deux traités avec l’Amérique du Nord). Il déteste le marché, ce dernier est son ennemi qui, selon lui, détruit le travail français et par là-même l’ouvrier français. Il veut également, par son « chevènementisme » croissant, refonder l’Europe. Il propose une Europe des peuples et non pas une Europe des élites. Il refuse une France qui se soumet à la doctrine élitiste européenne.

Son projet est rythmé par une thématique : la justice sociale. Il croit en un socialisme de gouvernement et est persuadé que le socialisme peut édifier une nouvelle justice salariale. Mais le pouvoir hollandiste, par ses réformes libérales, a contredit cette vision de la gauche. La loi Travail est le symbole d’un libéralisme austère ; c’est tout ce que Mélenchon déteste. C’est dans cette détestation que le candidat de la France insoumise construit son projet. L’abrogation de la loi El Khomri apparaît donc comme une évidence.

Mélenchon veut également « écologiser » l’économie ; c’est la « règle verte » qui passe par la protection des biens communs, ou encore une grande transition énergétique. Il rejoint Hamon sur ce point. L’écologie est devenue un thème récurrent qu’il faut marteler et imposer dans le débat politique.

Ce qui fait la force de Jean-Luc Mélenchon est son anticapitalisme répétitif. Le marxiste de base défend une politique socialiste et anti-libérale. Cette politique profondément de gauche, profondément socialiste se traduit par des propositions de réformes ; on y trouve la séparation des banques (divisant les banques d’affaires et de détail), ou encore la création d’un pôle bancaire public, puis une augmentation conséquente du SMIC.

Laïcité ou le non-sujet

Mélenchon porte en lui un électorat populaire mêlé de chômeurs de longue durée, d’ouvriers incompris et de syndicats révoltés. Il plait aux classes défavorisées mais semble se défaire face à la dame du FN, sa grande ennemie, Marine Le Pen. Dans tous les sondages, il se place derrière elle, loin derrière elle. Ils sont sur le même champ de bataille ; ils combattent tous deux pour une même classe. Mais là où la candidate du FN prend une avance considérable, c’est sur la laïcité. Mélenchon ne parle pas, et ce volontairement, de laïcité, de l’Islam, du voile. Il regarde cette grande blonde rythmer sa parole de milliers de mots sur l’immigration, l’Islam, le voile, l’insécurité…pendant que l’insoumis séduit les foules par des paroles anticapitalistes et antilibérales. La grande faiblesse de Mélenchon est qu’il ne parle pas de religion. Lorsqu’un journaliste lui pose une question similaire à celle-ci : que pensez-vous du burkini ? Il rétorque par un mélange de langue de bois et de politiquement correct ; il n’ose pas parler de cela ; il s’y refuse. Mélenchon est un pur laïc. Il est peut-être même, sur la religion, un marxiste primaire, pensant que la religion n’est qu’un produit de l’homme et qu’elle ne cherche qu’à le pervertir et à l’asservir.

Mélenchon, l’étouffeur du PS

Il a ceci en commun avec Emmanuel Macron qu’il oppresse le parti socialiste. C’est le nouveau poids lourd de la gauche. L’échec du quinquennat terminé est une renaissance pour lui. Il sort plus fort, plus puissant. Dans les sondages, il accroche et rivalise avec le candidat socialiste. Il incarne, à l’instar de Hollande et donc du PS, une gauche qui s’assume, une gauche qui combat les multinationales toujours plus importantes et imposantes ; c’est la gauche qui attaque et qui dit non à l’Europe ultra-libérale ; c’est la gauche qui applique pleinement la laïcité (peut être trop) ; c’est la gauche qui inclut l’écologie au centre de la politique économique ; en bref, Mélenchon, est la vraie gauche.

La victoire de Hamon est, pour le moins, une mauvaise nouvelle. Proche de Mélenchon au niveau des idées, il se place sur une ligne politique similaire au candidat du front de gauche. Malgré cette entente idéologique, il n’envisage pas une seconde de se retirer tant l’élection présidentielle est son Graal ! Hamon sera-t-il celui qui fera tomber le grand Jean-Luc ?

Source photo : AFP/THOMAS SAMSON

Corentin Masson

Les deux lignes du front

La force du Front National réside dans son union d’idées : sous Jean-Marie Le Pen aucune divergence n’était permise. Le chef ultime était le père Le Pen ; une moindre opposition provoquait une exclusion. Jamais il n’était possible de s’opposer, de proposer une ligne différente du parti. Aujourd’hui, depuis que Marine Le Pen dirige le front, deux lignes se sont créées. Dans le processus de dédiabolisation du parti deux lignes se sont formées, l’une incarnée par Florian Philipot, l’autre représentée par Marion-Maréchal Le Pen.

Philippot, le nouveau FN

7785670266_florian-philippot-au-lancement-du-collectif-usagers-de-la-sante-mardi-17-mai-a-paris Le nouveau numéro 2 du parti incarne un nouveau FN. Le parti sous Jean-Marie Le Pen proposait une ligne politique basée sur le libéralisme économique, le conservatisme sociétal et la radicalité sur l’immigration. L’ancien poujadiste se définissait comme un véritable homme de droite radicale. Philippot représente cette nouvelle image du parti ; le nouvel homme fort du front se revendique gaulliste et propose le maintien des 35 heures, l’augmentation du SMIC et la sortie de l’UE, et bien évidemment le retour au franc. Il incarne une politique sociale qui serait proche d’une extrême gauche. Beaucoup de responsables politiques taisent cette vérité mais elle est pourtant présente. C’est un homme qui est sur l’échiquier politique à droite, une droite souverainiste, gaulliste radicale en effaçant toutes les traces des vieux fantômes du passé sulfureux du front. Il est l’acteur principal de la gauchisation du FN, de sa dédiabolisation. Le Mazarin de Marine déploie ses forces pour les présidentielles à venir. C’est aussi celui qui séduit et qui entraîne avec lui ce qu’on appelle le quatrième pouvoir.

La bête médiatique

C’est l’homme des médias, il multiplie les matinales, fait la pub du FN, et met dans sa poche les grands médias. Il rythme la vie médiatique à coup de clash et de buzz ; il détruit ses adversaires ; les débats sont sa force et les interviews qu’il mène à la baguette sont des sabres contre l’UMPS. Dans toutes ses interventions médiatiques il se définie dans ses paroles comme un antisystème, l’homme du peuple contre les élites médiatiques. Or il symbolise à la perfection ce système politico-médiatique. Pendant que la reine du front parcourt les villes, le cardinal gaulliste séduit les journalistes. Il est dans une perpétuelle drague qui forme la nouvelle campagne de Marine Le Pen. Mais Florian Philippot, en imposant sa parole et son style, écarte des membres importants du parti et notamment la petite fille de Jean-Marie Le Pen, Marion Maréchal Le Pen.

Marion Le Pen ou l’incarnation d’une droite traditionaliste

10205993-marion-marechal-le-pen-son-age-une-force-ou-une-faiblesse Ses cheveux blonds, son regard charmeur, son sourire ravageur et son discours  feraient tomber de nombreuses têtes. Mais sous ses airs de jeune bourgeoise ravissante, se cache une radicalité politique. Elle est l’incarnation même de la droite traditionaliste : elle est contre le mariage pour tous, contre l’avortement et se montre comme une catholique assumée. Elle se définit facilement comme libérale et réaffirme les valeurs catholiques de la France. De quoi faire rougir Fillon. Cette idéologie traditionnelle à la droite se distingue de la ligne officielle du parti. Car à l’inverse de Marine Le Pen et de Florian Philippot qui prônent une laïcité classique, elle revendique le catholicisme européen. Elle montre sans difficulté sa foi catholique. Sa jeunesse séduit l’électorat jeune ; dans une France lassée de ces politiques éternels, Marion Maréchal incarne un renouveau politique. Cette foi profonde vient de son enfance : élevée dans une école catholique traditionnelle elle ne s’est pas détachée de son éducation religieuse. Et les paroles qu’elle prononce à la télévision sont le fruit d’une certaine éducation.

Le Front national en péril ?

hqdefault Bien qu’elle soit donnée par tous les sondages au premier tour de la présidentielle, Marine Le Pen pourrait être affaibli ou renforcer.

Deux cas de figures peuvent s’illustrer : l’un, celui de la division au sein du mouvement frontiste, une campagne qui s’ouvre pour Marion Maréchal Le Pen et l’ultime chance de Marine Le Pen d’atteindre l’Elysée est foutue. Une possibilité s’offre à la présidente du parti : la stratégie du râteau. Elle a dans ses mains deux armes, deux électorats. Un électorat de la droite gaulliste de la droite sociale, et un électorat de la droite traditionnelle, la droite libérale, bourgeoise, la droite de la manif pour tous. Une merveilleuse attaque électorale, on ratisse large. Alors le face à face Philippot-Maréchal fera t-il perdre ou gagner le FN ?

Corentin Masson

Une nouvelle République

Tout détruire pour tout recommencer…

Aujourd’hui, beaucoup d’hommes politiques revendiquent cette volonté de changer ce système ou en tout cas de le modifier : pour cause, le non-changement de la classe politique, le caractère élitiste de notre République et l’apparence monarchique de celle-ci.

Buste de marianne moderne sur fond drapeau franeVoilà 58 ans que la France a adopté la Constitution de la Cinquième République ; 58 ans que la république parlementaire, la république des partis, la république des bavards a disparu : la IV ème République. C’est en effet un nouveau souffle que la création d’une nouvelle république. Le peuple s’exprime enfin sur qui le gouvernera. Créée par le Général de Gaulle, la V ème République instaure un corps exécutif bicéphale : le Président de la République élu au suffrage universel et un Premier Ministre responsable devant l’Assemblée. Et un corps législatif : le parlement, c’est-à-dire l’Assemblée Nationale et le Sénat. La schématisation de la constitution permet une observation nette : c’est un système démocratique et républicain… mais pas autant que le texte pourrait le laisser penser.

En effet, la Vème république a un caractère monarchique ; du fait qu’elle ne se concentre que sur un seul homme. Mais la contradiction s’installe : la vision monarchique qu’a notre république n’est pas celle d’une monarchie héréditaire – une monarchie de droit divin – mais celle d’une monarchie bonapartiste – pensée prônant l’accession à une fonction par le mérite et non pas par le nom et une forme de régime reposant sur la souveraineté populaire- . Cette république est une création de toute pièce du Général de Gaulle. Le problème de notre système est qu’il délivre beaucoup trop de pouvoirs au président, au ministre, au député et au sénateur ; quand nous parlons de pouvoirs, il s’agit de privilèges. Certes ce dernier terme est souvent écarté ou refusé par nos politiques mais il est pourtant en adéquation avec notre système politique. La force d’un système qui dure réside dans une politique de transparence tout en gardant les secrets d’Etat. Qu’est-ce qui ne va pas dans notre régime ?

Une nostalgie gaullienne

 442557095-serrer-le-poing-place-de-la-republique-constitution-charles-de-gaulleQuel homme ? Imposant, charismatique et patriote. Un grand homme tel Napoléon ou Clémenceau. De Gaulle est un patriote ; sa religion c’est la France. Il ne veut pas être un dictateur, il veut gouverner de façon démocratique tout en ayant la main sur la démocratie : pour cela, il crée la Vème république, un régime à sa taille. Cet homme marque l’Histoire et la politique française. Mitterrand disait de lui qu’il était bonapartiste ; en effet sa manière de gouverner ressemble à celle de Napoléon III (la souveraineté populaire, plébiscite, référendum). Je parle d’une nostalgie gaullienne. Pourquoi ? Cette posture monarchique instaurée par le Général reste prégnante dans notre république et ses successeurs s’en inspireront : Pompidou, le président malade, VGE, le président moderne, jeune mais à la démarche d’un monarque et Mitterrand, le dernier roi. Comme dirait Sarkozy, Chirac était un roi fainéant. Sarkozy est un perturbateur, un chahuteur, un petit prince agité et Hollande est une espèce de « Louis XVI », un roi impopulaire, n’ayant aucune légitimité.

Mitterrand, le monarque socialiste

mitterrand Le 13 mai 1981, un homme de gauche, un socialiste, est élu Président de la République. Peu importe quel est son score, il est élu ! C’est le premier président socialiste de la Vème République. C’est un évènement, il est acclamé, le peuple français tout entier croit à un changement. La déception sera d’autant plus grande. Car en effet, Mitterrand s’affale dans les fauteuils de la république et prend une posture monarchique. En fin stratège, il enfante une cour.

En 1986, il perd les élections législatives. C’est Jacques Chirac qui s’installe à Matignon. Mitterrand se comporte en vrai monarque et sera réélu en tant que tel : en 1988, il rassemble 30% des voix contre Chirac qui n’obtient que 19%. Le débat entre les deux hommes est tendu. Mitterrand saigne Chirac ; il ressort vainqueur avec 54% des voix, il se rapproche un peu plus d’un de ses prédécesseurs. Cinq ans plus tard la gauche connait sa plus grande défaite depuis la création la Vème république. C’est donc Edouard Balladur du RPR qui arrive à Matignon. Alors affaibli, Mitterrand ne perd pas la main et réussit à transformer cette défaite en une victoire. Balladur et Chirac sont des amis de trente ans ; un pacte entre eux deux est mis en place, Chirac sait que s’il accepte ce poste de premier ministre, il perdra les présidentielles de 1995. Le plan est simple, Balladur ira à Matignon, Chirac à l’élection.

Voyant les sondages favorables pour lui, le premier ministre ne peut résister : il se présente à l’élection présidentielle. Mais Mitterrand, en bon roi, a déjà choisi son héritier, ce sera Chirac ; c’est à lui de reprendre la dynastie, c’est son tour. Balladur est éliminé au premier tour ; Chirac est élu président de la république avec 52% des voix. Cette explication présente le caractère monarchique de notre république. Oui, tous les régimes ne sont pas parfaits mais cette observation ne vient pas subitement comme cela, ce n’est pas une mode inventée par une poignée de progressistes. Le premier à avoir lancé l’idée d’une nouvelle république est Arnaud Montebourg. En effet, cette idée vient de la gauche et est suivie et approuvée par l’extrême gauche de Jean-Luc Mélenchon. Cette situation, cette volonté de changement de système est en réalité une logique temporelle, si je puis dire. Car sous la III république un homme, un radical voulait un changement : supprimer la présidence de la République. Une phrase symbolise cette volonté. En parlant de l’élection présidentielle (notamment celle de Sadi Carnot) Georges Clémenceau disait : « Je vote pour le plus bête ». Et le « tigre » voulait aussi supprimer le Sénat qui était, pour lui, une chambre de notables. Avait-il raison ?

La droite s’y met…

 5012737_6_4466_les-candidats-aux-primaires-de-la-droite-de_7a1d6ff9e0d2eb2248d2c83ff1d5f5a5La primaire de la droite compte huit candidats, ces derniers présentent des programmes et des propositions variés. Dans certains, on y trouve des projets de changement de constitution plutôt surprenants. Beaucoup proposent une réduction du nombre de parlementaires. C’est déjà un pas vers une nouvelle constitution. Ils veulent un système plus rapide, plus efficace. Mais la proposition ressortant le plus souvent et qui est la plus surprenante est celle de NKM. Elle propose de supprimer le poste de premier ministre, une révolution ! Quant à Bruno Le Maire, il insiste sur le non cumul des mandats. Dans cette volonté de « République efficace », le processus gaullien est abordé : la plupart veulent gouverner par ordonnances. Il y a également le septennat qui revient sur la table. Le quinquennat était, à l’époque, présenté comme une nouveauté ; s’appuyant sur le système américain, cela permettait de redonner une essence démocratique en faisant coïncider les élections présidentielles et parlementaires. Le but est également que le président ne fasse que deux mandats. Mais ce système n’a fait qu’empirer car nous sommes dans une perpétuelle élection présidentielle. Aujourd’hui, le pouvoir en place n’est concentré que sur les calculs politiques : c’est-à-dire garder le pouvoir le plus longtemps possible.

Toutes ces réformes pourtant permettraient une renaissance de la démocratie avec une plus grande implication du citoyen. Dans la « Revue politique et parlementaire », il est expliqué que la démocratie doit être réinventée. Le président de L’Assemblée, Claude Bartolone, et de multiples députés s’unissent afin de livrer un programme constitué de 17 propositions. Parmi celles-ci, le septennat, le non-cumul des mandats dans le temps, la redéfinition du rôle du Président de la République, ainsi que la réduction du nombre de parlementaires… nous observons là une vraie prise de conscience.

Régime parlementaire, régime présidentielle : mixons les deux…

Platon dit deux choses : que la démocratie est un régime basée sur la liberté individuelle et qu’elle mène à l’anarchie et que l’anarchie conduit à la tyrannie, il prône donc un gouvernement s’appuyant sur les décisions collectives

Nous ne pourrons pas enlever la tradition monarchique de notre pays. Les français ont vécu des siècles sous la monarchie, et sont façonnés par cette empreinte. Il ne faut donc pas détruire la figure du chef. Le problème de notre constitution repose essentiellement sur le rôle du Président de la République. Dans l’article 5 de la constitution, le président est défini comme arbitre. Le problème posé par cette constitution pourrait s’illustrer par une métaphore sportive. Quand il y a un match, entre deux équipes, il faut un arbitre pour prévenir et pour sanctionner. La complexité de notre république, si l’on suit le raisonnement sportif, c’est que l’arbitre vient d’une des deux équipes -les deux équipes étant la droite et la gauche-. Donc nous demandons que cet homme soit l’arbitre du jeu politique, alors qu’il en fait pleinement partie. Il ne peut donc pas apaiser ou rassembler. Ce rôle d’arbitre est celui d’un roi dans une monarchie parlementaire, entre autres le système anglais. Il faudrait donc s’appuyer sur ce dernier mais sur un plan plus républicain.

Le président de la république devrait être élu par la chambre des représentants, il ne jouerait aucun rôle politique. Il peut dissoudre cette chambre unique, de préférence, s’il y a une crise politique qui lui semble grave. Le premier ministre serait, par contre, élu au suffrage universel pour un quinquennat. Ma république est le fruit d’un mélange entre le travail parlementaire et la souveraineté populaire : le peuple doit s’exprimer, pas seulement aux élections mais également par des référendums. Il faut augmenter la parole du peuple même si la majorité n’a pas toujours raison. Je suis pour un régime à la fois bonapartiste (la figure du chef et la souveraineté populaire)  et à la fois parlementariste. Il faut demander au peuple ce qu’il pense. Cette expression du peuple se fait, soit par une dissolution de la chambre -ce que Hollande aurait dû faire- soit par un référendum.

Corentin Masson

Au cœur de la campagne

Match Juppé-Sarkozy : l’apaisé contre le chahuté

Les deux bêtes politiques sont lâchées…

sarkozy-juppe-voeux-aux-armees_pics_809Deux hommes s’opposent : l’un est un ancien Président, rejeté en 2012 ; il fait son grand retour alors qu’il est impliqué dans maintes affaires judiciaires. L’autre est un homme d’expérience : ministre des affaires étrangères sous François Mitterrand et premier ministre sous Jacques Chirac, il est aujourd’hui roi des sondages ; dans tous les cas il battrait son rival . Ces deux hommes sont Nicolas Sarkozy et Alain Juppé.

Nicolas Sarkozy est né en 1955. Avocat de profession, il débute sa carrière politique en tant que maire de Neuilly-sur-Seine puis devient ministre du budget et porte-parole du gouvernement d’Edouard Balladur (1993-1995). Sarkozy va également devenir la principale voix de la campagne de ce dernier. En effet, Balladur se présente à l’élection présidentielle de 1995 face à son ami de trente ans : Jacques Chirac. C’est l’une des plus grandes guerres électorales et politico-médiatiques de la Vème république. Balladur alors donné vainqueur par plusieurs sondages va finalement n’obtenir que 18,5% des voix et n’accédera pas au second tour de la présidentielle. Son rival va remporter cette élection avec 52% des suffrages.

Cette guerre politique est importante puisqu’elle marquera la vie politique de nos deux sujets. Sarkozy sera d’ailleurs sifflé et hué par les chiraquiens. Suite à cette trahison, comme le définit Jacques Chirac, Sarkozy va se retirer un moment des « affaires » ; il se repliera dans son fief de Neuilly. Son grand retour se fera en tant que ministre de l’Intérieur ;  il obtiendra une popularité importante. Malgré la réticence de Chirac, Sarkozy sera le candidat de la droite en 2007. Il gagnera cette élection avec 53% des voix. Cinq ans plus tard il sera battu par le candidat socialiste, François Hollande.

Alain Juppé, né en 1945, inspecteur des finances de profession, marche sur les traces de Jacques Chirac. En effet, Juppé a appris la politique avec Chirac. Il est resté, malgré les évènements, le premier fidèle chiraquien : Juppé c’est le bon soldat, celui qui supporte Chirac alors que celui-ci est donné, en 1995, perdant dans tous les cas de figure. Juppé est celui qui va se sacrifier en se dénonçant à la place de son tuteur lors d’une affaire judiciaire sur les emplois fictifs de la mairie de Paris. C’est celui qui s’exilera au Québec pendant un an. Il fait son retour sur la scène politique en devenant ministre des affaires étrangères de Sarkozy. Après la défaite de celui-ci en 2012, Bygmalion, l’affaire Fillon-Copé, Juppé fait son retour et est le roi des sondages. Il y était prédisposé en 2007 mais là ça y est, il veut le faire : être candidat à la présidence de la République.

Aujourd’hui la France toute entière est spectatrice d’un combat politique. Ce combat oppose deux hommes : Nicolas Sarkozy et Alain Juppé. Le premier a soif de revanche. Il rêve de revenir à l’Elysée. Se « droitisant » de plus en plus, Sarkozy représente la droite dure des Républicains. Il prend un malin plaisir à jouer le populiste. Son objectif qui était celui de 2012, est de séduire l’électorat du Front national. Mais Sarkozy est comme ça. Churchill faisait la différence entre un politicien et un homme d’Etat : « le politicien suit le peuple alors que l’homme d’Etat c’est le peuple qui le suit ». Sarkozy ferait partie de la première catégorie. En effet, il aime lancer, après un évènement, des mesures, des solutions sorties de  « je ne sais où » et non réfléchies. C’est une politique de communication ; on bourre de solutions et de réformes fortes et non-construites. De plus, plusieurs affaires judiciaires le poursuivent. D’autres fantômes du passé viennent le hanter : le livre de Patrick Buisson, « la cause du peuple » qui est une tribune anti-sarkozyste.

A l’inverse, Juppé est l’homme de la réflexion. Détaillant son programme en trois livres, le normalien explique et détaille son projet pour un seul et unique quinquennat. Abordant plusieurs thèmes : la sécurité (« Pour un Etat fort »), l’éducation, qu’il qualifie de mère des réformes (« Mes chemins pour l’école »), l’emploi qui est l’un de ces axes les plus importants, l’identité, l’immigration, l’Europe, puis l’Islam qui suscite beaucoup de réactions en France. Force est de constater que Juppé et Sarkozy s’opposent sur de nombreux sujets.

Chaque sujet est une aubaine pour se différencier. Prenons l’exemple de l’Islam, un sujet mis en évidence par beaucoup de nos politiques. En effet, ce sujet présente une divergence entre Juppé et Sarkozy. Deux états d’esprit s’opposent. Alain Juppé prône la discussion avec les représentants du culte musulman. Il se rêve en Napoléon. En effet, comme Bonaparte l’avait fait avec le judaïsme, il veut organiser un accord entre la République et les musulmans ; créer un Islam intégré à notre République française : un Islam de France, un Islam républicain. Voici une réforme réfléchie et construite qui a été suggérée par le philosophe Michel Onfray ou encore par de nombreux musulmans modérés.

En revanche, l’approche de Sarkozy sur cette question est tout à fait différente ; elle est plus directe, plus agressive. C’est à grands coups de paroles démesurées et de déclarations fortes que Sarkozy veut régler le « problème Islam » ; c’est par plusieurs paroles qu’il s’illustre comme un parfait populiste. Quand il dit : « la religion des barbus n’est pas drôle », il stigmatise cette religion ; il met de l’huile sur le feu. Sarkozy n’est pas un homme de la réflexion. Quand on lui proposait une loi ou une idée, François Mitterrand répondait : « Je vais réfléchir ». Sarkozy répondrait oui à toute  vitesse. Il réagit comme un populiste. Ces caractéristiques sont démontrées par des exemples très précis, ses propositions : il propose l’interdiction du voile, la suppression des repas de substitution, etc…

L’identité, est un sujet d’opposition entre les deux personnages ; ils s’attaquent et ripostent : Juppé prône « l’identité heureuse », l’intégration positive et l’application pleine de la laïcité. Il a un discours pacificateur et réfléchi, un côté québécois. Il exprime une tolérance des religions tout en voulant une affirmation des origines chrétiennes de la France. Il veut une compréhension de l’Histoire de France et de sa culture par les étrangers.

En revanche, Nicolas Sarkozy veut affirmer l’identité nationale, l’identité française. C’est par des phrases telles que « nos ancêtres les gaulois » que Nicolas Sarkozy résume le problème identitaire.

La campagne continue et les différences aussi : Sarkozy se proclame, sur un ton solennel, l’homme du peuple alors que, pour lui, Alain Juppé est le candidat de l’élite. Ce dernier continue sa campagne et ses propositions pendant que son rival attaque, attaque et attaque encore.

Qui va remporter ce duel ? Qui tombera le premier ? Tout ce que nous savons  c’est que ce duel risque d’être sanglant.

Corentin Masson

Au coeur de la campagne…..

Marine Le Pen : image d’une extrême droite française

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Elle fait peur. Les Républicains, les socialistes et les libéraux la redoutent. Les sondages la donnent dans tous les cas de figure au second tour de la présidentielle. Elle s’est imposée dans le jeu politique français et ce, malgré des incidents dans sa famille politique : la rupture avec son père, Jean-Marie Le Pen, et avec d’autres cadres du parti. Aujourd’hui Marine Le Pen se pose comme l’une des candidates favorites. Mais pourra-t-elle y arriver ?

Né en 1968, Marion Anne Perrine Le Pen, dite Marine Le Pen, est une avocate de profession. Elle naît, marche et prononce ses premiers mots dans une famille baignée par la politique où l’attention des membres de la famille se concentre sur un homme : Jean-Marie Le Pen, le père de Marine. Ce dernier ouvre les portes de la politique à sa fille. Homme charismatique, qui marque et qui cogne c’est un boxeur, un Marcel Cerdan de la politique. L’agressivité de Marine Le Pen peut se chercher dans la jeunesse du père, lui qui était député poujadiste, avait l’art de l’attaque directe et forte à l’Assemblée nationale. Elle est la « princesse » qui hérite de l’entreprise familiale ; son père s’est inscrit dans l’extrême droite française et atteint le second tour de la présidentielle en 2002. Par la suite, sa fille marque les esprits en remportant victoire sur victoire.

En effet, ces derniers temps, Marine Le Pen multiplie les victoires sur ses adversaires : les municipales, les départementales et les régionales… Elle est également la « reine » des sondages. Après avoir fait un score non négligeable aux présidentielles de 2012 (environ 17,5%), elle se positionne en futur présidente ; elle est aux portes du pouvoir.

Marine Le Pen, comme Jean-Luc Mélenchon, se définit comme une candidate antisystème. De plus, elle se revendique, à l’instar des autres candidats (ce sont ses paroles), comme « une candidate du peuple et non pas comme la candidate du système », c’est-à-dire la candidate des bobos : la candidate des élites. Cette élection sera celle des défenseurs du système face aux anti systèmes. » De nombreux politologues la qualifient de populiste.

Cependant, pourquoi Marine Le Pen n’a pas encore été élue présidente de la République ? Pour une seule raison : le poids trop lourd de son parti, le Front national (FN). Il est vrai que l’histoire de son parti est beaucoup trop pesante pour prétendre à la plus haute place de l’Etat. Car qu’est-ce que le Front National ?

Il est à l’origine un petit parti d’extrême droite nommé Ordre Nouveau, à revendications néofascistes. Il est minoritaire dans la société française. En effet, aux élections présidentielles de 1974, le Front National ne remportera qu’un faible score s’élevant à 0,74%. Celui-ci est donc un parti aux origines pétainiste et ultra réactionnaire. Ce qui propulse le FN sur la scène politico-médiatique, c’est, d’abord, le passage de Jean-Marie Le Pen à « L’heure de vérité », émission télévisée à grande audience. Ensuite, la fin des Trente Glorieuses laisse place aux problèmes économiques, c’est-à-dire le chômage, les problèmes sociétaux tels que l’immigration, l’insécurité… C’est dans ces moments de crises,  que certains électeurs se réfugient dans les partis extrémistes. L’héritage du Front National, c’est l’héritage de l’extrême droite. Comme le dit fort bien Michel Winock (dir.) dans son livre, Histoire de l’extrême droite en France publié aux éditions du Seuil en septembre 2015.

Petit rappel historique :

L’extrême droite s’est manifestée sous la Troisième République, notamment avec le général Boulanger (1837-1897), à l’origine du boulangisme, idéologie mêlant bonapartisme et antiparlementarisme. Il marque l’Histoire de France en s’inscrivant comme le « père de l’extrême droite ». Elle se manifeste également par une haine viscérale envers les juifs. En effet, l’antisémitisme est le noyau, le centre de l’extrême droite française, cette haine s’accompagne également de l’anti-parlementarisme et de l’anti-républicanisme (Charles Maurras et l’Action Française) .

C’est ce lourd héritage que Marine Le Pen doit porter. Elle évite de mélanger, comme le faisait son père, un électorat constitué d’un côté des mécontents et de l’autre de militants acharnés,  pour se concentrer sur la défense du peuple. Elle change la ligne édictée par son père, elle dédiabolise le parti !

En effet, elle change le Front National. En acceptant des homosexuels ou encore les francs-maçons, elle se différencie alors de son père. Sur la ligne économique, elle transforme le parti, prônant une économie « socialiste » (augmentation du SMIC, baisse du nombre d’heures par semaine…). Elle se détache d’un programme paternel à tendance libérale. Ce changement de programme ne plait pas du tout au noyau dur du parti. Ce dernier se fera entendre par un événement : l’exclusion de Jean-Marie Le Pen, regroupant les Le Penistes de la première heure et les nostalgiques de l’ancien Front National  . Aujourd’hui l’extrême droite est divisée en deux partis : le FN et les groupuscules nationalistes : l’action française, les jeunesses nationalistes, et autres…

C’est ce noyau dur qui est un handicap pour Marine Le Pen, qui l’empêche d’aller jusqu’au bout : gagner la présidentielle. Malgré tout elle totalise, d’après les sondages, au moins 30% des voix dès le premier tour….

Par conséquent, elle y est presque. Elle a choisi son adversaire, ce sera Alain Juppé. Il lui reste à calmer sa droite et son électorat. Mais y arrivera-t-elle ?

La Classe Media

 

Au cœur de la campagne…

Cette année, le blog de la Classe Média du lycée Montaigne s’ouvre à une nouvelle rubrique, année électorale oblige, Au cœur de la campagne. En effet, des élèves relateront les faits marquants de la campagne électorale et porteront un regard personnel sur nos hommes et femmes politiques. Bien sûr, ils seront animés par un souci d’objectivité et soucieux des principes républicains et démocratiques de notre société. Donc, régulièrement, nous vous proposerons des articles, des portraits ou des dossiers.

Nous avons décidé d’ouvrir la rubrique par un candidat atypique qui revient au devant de la scène après un retrait volontaire de quelques mois.

Montebourg, l’éternel candidat

Il est de retour…

Former French minister Arnaud Montebourg (C) waves next to French Socialist Party deputy Christian Paul (R) after an annual Pentecost climb of Mont Beuvray alongside activists on May 16, 2016 in Saint-Leger-Sous-Beuvray, northeastern France. The former Socialist Party Minister of Economy Arnaud Montebourg on May 16 launched a "call" to the French "to propose in the coming months the construction of a grand alternative project for France." / AFP PHOTO / PHILIPPE DESMAZES
AFP PHOTO / PHILIPPE DESMAZES

De l’annonce de sa candidature en passant par les sondages lui étant favorable jusqu’à son apparition à la fête de l’humanité, Arnaud Montebourg multiplie les appels médiatiques. Il faut y aller Arnaud !!!! Le timing est parfait ; entre Hollande qui est au plus bas dans les sondages, Macron qui est devenu une bête médiatique et la guerre déclarée à droite, Montebourg peut se poser en tant qu’alternance. Car n’oublions point ce qu’il est.
Né en 1962, Arnaud Montebourg est un avocat de profession. Il adhère au parti socialiste en 1985 alors que Mitterrand est au pouvoir. Douze ans après il entre à l’Assemblée Nationale en tant que député et y restera jusqu’en 2012. Il sera également, à partir de 2008, secrétaire national du parti socialiste. Arrivé en troisième position (18%) à la primaire socialiste de 2011, il marque et apporte du sang neuf à la politique française. Suite à la victoire du candidat socialiste à l’élection présidentielle, Montebourg devient ministre de l’économie. Mais il démissionne en 2014 pour avoir critiqué la politique du gouvernement. Il se retire donc de la vie politico-médiatique pour revenir plus fort. Il le fera en annonçant sa candidature à l’élection présidentielle deux ans après sa démission.
Montebourg est un homme qui a marqué la gauche française. Pourquoi ? Il s’inscrit dans un électorat se basant sur une idéologie prônant la fin du système actuel, c’est-à-dire la fin de la Vème République mais également de la mondialisation. Ainsi, il nous présente une véritable alternance puisqu’il ne s’aligne ni dans la gauche française traditionnelle, c’est-à-dire la gauche mitterrandienne et jospinienne, ni dans la gauche radicale, communiste, celle de Georges Marchais. Il propose une nouvelle vision de la gauche. Celle-ci sera d’ailleurs représentée par Jean-Pierre Chevènement, le souverainiste de 2002 ou encore par Jean-Luc Mélenchon. Nous pouvons dire qu’il est un enfant du chevènementisme puisqu’il développe des pensées souverainistes, et la démondialisation en fait partie.
Alors, il est une question qui nous taraude : aura-t’il un rôle important lors de ces présidentielles ?
Aujourd’hui il revient avec des nouvelles idées, un nouveau programme et une nouvelle vision qu’il appelle « un projet pour la France ». Composé en quatre parties, il s’attaque aux différents questionnements de la société française : l’Europe, le terrorisme, la République et l’emploi.
En effet, les conditions ne sont pas avantageuses pour le candidat : premièrement, le climat politique est tendu, du fait de la montée du FN. Et puis les querelles à droite combinées à l’écroulement à gauche ne lui facilitent pas la tâche. De plus les sondages ne lui sont pas favorables. Même si les pronostics lui donnent 53% lors des primaires face à Hollande, il demeure tout de même très bas dans les sondages concernant les présidentielles. C’est justement pour ces raisons qu’il peut se poser en challenger. Aujourd’hui notre schéma politique se dessine de façon binaire : d’un côté les défenseurs du système avec Valls, Hollande, Sarkozy, Juppé et Macron, de l’autre les antisystèmes tels que Marine Le Pen, Mélenchon et Montebourg.
Notre pays a une spécificité : la volatilité des électeurs. Les instituts de sondage ont beau multiplier les études et autres enquêtes d’opinion, l’électeur français est un original, il change d’avis comme de chemise. Le triste souvenir de l’élimination de Lionel Jospin devrait nous inciter donc à la prudence et encourager Arnaud Montebourg à croire en ses chances. Pour l’instant sa campagne débute par un mauvais résultat car on lui donne à peine 10% des voix au premier tour des présidentielles, alors que J-L Mélenchon est crédité de 14 % ! Ce dernier sera, je le suppose, l’adversaire principal du candidat Montebourg car tous deux s’adressent aux mêmes électeurs. Il est certain qu’Arnaud Montebourg ne rivalisera pas avec Marine Le Pen qui, pour l’instant, a une position très favorable dans les sondages qui la donnent pour le second tour. Elle ne vise et ne prépare sa campagne que contre un homme : Alain Juppé. Reste à savoir qui sera le deuxième antisystème derrière la première antisystème. Aux armes candidats, la guerre est déclarée.
Montebourg a-t-il ses chances ?
Peut-il créer la surprise ?

Corentin Masson