Des fantômes rodent dans le jardin du Luxembourg ! Ils abordent les Parisiens installés nonchalamment sur un banc, engagent la conversation, se font séduisants, enjôleurs.
Si l’on en croit le Grand Livre des Fantômes de Dominique Lormier, au début du XXème siècle, plusieurs jeunes gens firent état d’étranges rencontres avec des personnages semblant tout droit sortis d’un autre âge et particulièrement avec le plus célèbre des fantômes hantant les lieux, « l’homme à la redingote ».
En 1925, Jean Romier, étudiant en médecine, révise ses cours sur un banc lorsqu’un vieillard, vêtu à la mode du siècle précédent, s’installe à ses côtés et engage la conversation.
« L’homme à la redingote », qui se présente sous le nom de monsieur Berruyer, invite le jeune homme à participer à une soirée musicale dans son appartement, situé au début de la rue Vaugirard, non loin du Sénat. Jean Romier se rend à l’invitation et passe une fort bonne soirée. L’ambiance est un peu étrange, le décor un peu vieillot mais les invités sont de délicieux musiciens amateurs.
Le jeune étudiant y fait, en particulier, la connaissance d’un sympathique et volubile séminariste.
En quittant les lieux, Jean Romier s’aperçoit qu’il a oublié son briquet en or dans le petit salon de musique.
Mais lorsqu’il revient, stupeur : le concierge lui annonce qu’il a dû rêver, car l’appartement est inoccupé depuis des décennies. L’agitation du jeune homme attire l’attention de la police ; son père, puis monsieur Manger, descendant du propriétaire de l’appartement, viennent se mêler à l’affaire.
La porte de l’appartement est forcée ; tout y est couvert de poussière. Visiblement personne n’y est entré depuis des années.
Pourtant, l’étudiant n’en démord pas et affirme reconnaître les lieux où il a passé la soirée et même sur des portraits accrochés aux murs, monsieur Berruyer et le jeune séminariste. « Vous êtes fou, affirme monsieur Manger, il s’agit bien de monsieur Alphonse Berruyer et de son neveu, mais ils sont morts l’un et l’autre depuis près de vingt ans… ».
C’est alors que Jean Romier découvre son briquet, marqué à ses initiales, sur la cheminée, sous une couche de poussière.
Aria Morita