Media : information ou communication ?

Des philosophes comme Charles Yves Zarka ou des hebdomadaires comme Télérama se sont penchés sur l’importance des médias dans nos sociétés et sur la façon d’informer les populations. A la lecture de ces articles, il apparaît que les médias soient confrontés à des problèmes de toutes sortes comme la difficulté d’informer, le souci d’objectivité, les sources, l’audimat et  le poids de l’opinion publique.

 

Comment certains médias influencent-ils (en mal) l’opinion publique ?

« Beaucoup de journalistes n’appréhendent le monde que sous l’angle narratif : ce sont des chasseurs d’histoires. » affirme Christian Salmon dans  l’article de Lucas Armati publié dans la revue Télérama. En effet, l’information doit être diffusée rapidement, attirer l’attention, et avant tout être accessible à un public le plus large possible. Résultat : sa qualité est bien souvent sacrifiée.

 L’information est vidée de son contenu pour être rendue attractive, sensationnelle : le scoop est plus vendeur que l’information profonde et nuancée… Mais il n’est pas le reflet de la réalité. Il tend vers la simplification, et est porteur d’idées reçues. Clichés et stéréotypes envahissent les médias. Retombées négatives de conflits sociaux, faits divers brûlants, faits politiques dévastateurs : autant de messages bruyants mais creux, abordés sous un angle pessimiste et simplifié. On va insister sur un fait divers touchant un secteur précis d’une banlieue parisienne (des voitures qui brûlent par exemple), mais il est rare de voir un reportage sur le bonheur de vivre et les innovations culturelles dans ces mêmes banlieues.

L’abord négatif de certaines informations et l’omission de faits plus positifs ont pour conséquence chez les lecteurs et téléspectateurs un profond désenchantement.

Certains journalistes, en favorisant une information plutôt qu’une autre n’influencent-ils donc pas indirectement les récepteurs et l’opinion publique ?

Anne Chapakovski, Léa Angelvy, Anissa El Mataam et Liza Le Ray

 

Existe-t-il une dictature de l’Audimat ?    

 Depuis des décennies, on commente plus l’audience des émissions de télévision que leur contenu. Tous les jours en effet, radios et journaux, analysent les chiffres de l’audimat, cet outil de mesure de l’audience de la télévision française. Plus élevé est le nombre de téléspectateurs à avoir regardé une émission, plus grand semble être son succès. Et pourtant l’audience ne rime pas toujours avec la qualité.

 Les chaînes privées (telles que TF1 ou M6) sont les premières à scruter chaque jour les chiffres de l’audimat. Elles vivent en effet de la publicité. Or, plus l’audience est grande, plus les spots publicitaires leur rapportent. Ces chaînes préfèrent les émissions à large public comme celles de la télé-réalité par exemple et n’hésitent pas à supprimer voire à reléguer en fin de soirée  celles plus ambitieuses mais qui ne marchent pas assez. La recherche d’émission de qualité cède devant celle du succès facile.   

L’audimat est devenu un véritable tyran comme le dit Charles-Yves Zarka dans son article du Monde daté de 2002 et ne se contente plus de mesurer l’audience des émissions, il dicte désormais aux chaînes de télévision le contenu de leur programme.

Louison Guyomar, Mona Laboulle, Armand Roberts

 

Le sport, un atout majeur des médias

Pas de sports sans médias, et pas de médias sans sports.

Le sport occupe une place majeure au sein des médias. Les événements sportifs sont les plus médiatisés car ils font les meilleures audiences (ex: Coupe du Monde, Jeux Olympiques, etc.).

On ne peut parler de sport sans parler de foot !

Le football est l’un des sports les plus suivis en France, et par conséquent le plus médiatisé.

Chaque année les médias rapportent 637 millions d’euros à la Ligue de Football Professionnelle, somme nettement supérieure au tennis et au rugby qui n’ont que 40 et 35 millions d’euros par an et qui sont pourtant les deux sports les plus médiatiques après le football. (source : wikipédia )

Les médias déboursent des sommes astronomiques pour avoir l’exclusivité sur la diffusion des programmes sportifs (ex : Canal+ dépense 600 millions d’euros par an pour diffuser la Ligue 1 ) car leurs revenus publicitaires et les tarifs dépendent essentiellement de l’audimat. Ce qui explique que le sport féminin ne soit pas représenté dans les médias.

La tendance semble vouloir s’inverser par les sportives elles-mêmes : la course féminine autorisée à la fin du Tour de France 2014 en est une bonne illustration.

Alexis Delalande et Henri-Emmanuel Jung

 

Wikileaks, une menace pour les médias plus classiques ?

Jackbs/Flickr

 25 juillet 2010, Wikileaks en collaboration avec The Guardian, The New York Times et Der Spiegel, rend public 91 000 documents américains secrets sur la guerre en Afghanistan : c’est le début de la célébrité mondiale de ce site. Créé par Julien Assange et Daniel Berg, Wikileaks ( « wiki », « rapide » en hawaïen comme wikipédia, et « leaks », « fuite » en anglais) est un site d’information et de publication de documents confidentiels, une version non-censurable de wikipédia. 

 Le but est de divulguer et d’analyser des documents dont la source ne serait pas identifiable, et de les diffuser sur une grande échelle. Leur objectif premier ? Cibler les régimes d’oppression en Asie, l’ancien bloc soviétique, l’Afrique sub-saharienne et le Moyen-Orient mais aussi aider ceux, qui en Occident, veulent dévoiler au grand jour tous les comportements non-éthiques de leur gouvernement ou de leur entreprise. Julien Assange a pour cela créé un système de circulation des informations compromettantes tout en protégeant ses sources, notamment grâce au réseau TOR (The Onion Router), pouvant ainsi rendre anonymes tous les échanges internet fondés sur le protocole de communication (langage entre deux machines différentes) TPC.

 Un projet n’a pas encore été mené avant Wikileaks. De fait, d’après The Guardian, en trois ans Wikileaks a dévoilé plus de scoops que le Washington Post en trente ans. Mais c’est parce que Wikileaks a révolutionné le monde du journalisme, qu’on peut dire que c’est un média peu classique. En effet, au lieu d’aller chercher le scoop, le scoop venait à Wikileaks.  Le principe du site était simple si l’on se réfère à la phrase d’Oscar Wilde « Lorsqu’il parle à visage découvert, un homme est moins sincère. Donnez-lui un masque et il vous dira toute la vérité, rien que la vérité. » Wikileaks est devenu ce masque qui fait jaillir au grand jour une réalité ignorée en donnant la possibilité à des milliers de gens qui détiennent documents confidentiels de les partager avec le monde entier.

 Mais si c’est grâce à ce masque garant de l’anonymat que seulement alors la vérité nous est révélée, peut-on encore faire confiance aux médias plus classiques qui parlent en leur nom ?

Wikitoon-Obama’s Borthersome Wkidrips, par Carlos Lattuf, 11 Décembre 2010

« Ce bruit commence à me taper sur les nerfs. »

 

Jean Baptiste Walbeck, Guillaume Kaczmarek, Juliette Cagnac, Emmanuel Guichard, Cléo Sakislian

 

Informer ou pas, quelles informations diffusées ?

 Le scoop connait un tel succès qu’il est la clé de voûte de certains médias ; il agit comme une drogue, plus elle est consommée, plus il faut en reprendre la fois suivante, et la fois d’après. Cela, les journaux papiers, médias télévisés et autres magazines people l’ont parfaitement compris. 

Effectivement, n’importe quel sujet, tourné en histoire peut prendre place dans toutes sortes d’éditions spéciales : propos de porte-paroles d’hommes politiques justifiant et expliquant la pensée de son leader, la réaction irréfléchie d’une star ou le geste inconsidéré d’un sportif dans un vestiaire… La liste est longue. Passer du statut scoop inutile au statut d’info hyper important à suivre absolument est devenu de plus en plus problématique. Les journalistes ne cherchent-ils pas de façon pragmatique à traiter l’information ?

Mais où est véritablement l’info ? Les médias accomplissent-ils toujours leur tâche d’informer objectivement ? « The show must go on » diront les directeurs de chaîne et de rédactions pour plaire à leurs fervents admirateurs. L’info ne peut pas être continue, affirment certains. Les autres disent « Ils trichent » afin d’occuper le temps, les spectateurs et les lecteurs ».

Mais dans cette logique implacable, dans quelques temps, continuera-t-on d’informer, ou donnera-t-on une vision fausse du monde ? Pouvons-nous parler de dérive de l’information ? Les chaînes « tout info » sont-elles responsables de cette situation ?

Antoine Bourderie et Emmanuel Guichard.

 

La reprise en main des médias par les citoyens

est-elle possible et réaliste ?

Actuellement les médias sont majoritairement contrôlés par des acteurs économiques cherchant à maitriser les  informations et le contenu des médias. Dès lors, les citoyens s’en méfient de plus en plus et les regardent avec une grande méfiance. Ces derniers à leur tour tentent d’influer sur la ligne éditoriale de certains médias. Ceci peut paraître étonnant quand on sait que, dans les années 1980, le refus de tout contrôle était une idée révolutionnaire et le leitmotiv de nombreux citoyens.

Dernièrement l’ancien président de la République, Nicolas Sarkozy, fit passer une loi qui lui permis de désigner le président de France Télévision, qui comprend 5 chaines publiques. En effet, il souhaitait que le président de France Télévision soit à l’avenir « nommé par l’exécutif après avis conforme du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), et sous réserve qu’une majorité qualifiée de parlementaires n’y fasse pas obstacles ». Par ce choix politique, on peut s’interroger sur l’impartialité du candidat proposé par la présidence et les conséquences sur la vie médiatique et politique du pays. Dans nos sociétés démocratiques, cette décision montre que le lien entre le politique et les médias est ténu.

Comme le souligne Charles-Yves Zarka dans son article du Monde daté de 2002 et celui de Lucas Armati  dans Télérama daté de juin 2014, les médias ont un poids considérable sur l’opinion publique à travers les sujets choisis, la façon de les traiter et le rythme de diffusion. Par conséquent, on comprend mieux la réaction de certains lecteurs-citoyens qui cherchent à encadrer les médias.

Mais le problème reste entier ; ce qui, de nos jours, est une tâche complexe et ambitieuse. La question, qui se pose donc, est : comment reprendre en main les médias et par quels moyens tout en sachant que le quatrième pouvoir ne se laissera pas facilement réformer ?

Chloée Thuaud, Eva Vuarnesson.

 

Que serait la société sans les médias?

ImpossibleQuitterleWeb

Un dessin de Sdralovitch, Belgique

Chaque jour, de nombreuses informations sont partagées dans le monde. Nous sommes curieux de savoir ce qui se passe, mais il faut être prudent. S’informer, apprendre, comprendre, découvrir et aussi pourquoi pas, se cultiver, sont autant de démarches logiques pour un citoyen dans une société démocratique.

A la télévision, des journalistes mènent des enquêtes, des rédactions laissent le temps à leurs journalistes d’approfondir les sujets. Il existe des investigations de la part de certains médias comme la Revue XXI, mais ils sont de plus en plus rares. Dès le matin, sur les ondes, dans les journaux, les hommes politiques se pressent et passent de rédaction en rédaction pour diffuser leurs messages ou un bon mot.

Imaginons un monde sans média. Si nous ne recevions aucune information, que ferions-nous? Nous évoluerions sans doute à petit pas. Nous serions muets, incapables de savoir et connaître ; nos interrogations se multiplieraient et nos questions resteraient sans réponses.  Le monde bougerait sans que personne ne le sache. Nous vivrions en autarcie, seul et à la merci d’un tyran. Par conséquent, il est important que chacun s’informe, lise les journaux et communique ; cela est salutaire pour nos sociétés et pour le bien de nos démocraties. Même Charles-Yves Zarka, qui critique les médias, pense qu’ils sont essentiels pour la compréhension de nos sociétés. Les médias informent. Ce sont eux qui nous renseignent sur ce qui se passe autour de nous. Sans eux, la société serait repliée sur elle-même et donc moins libre. Si les médias n’existaient pas, il nous serait impossible de savoir ce qui se passe ailleurs. Ils nous permettent ainsi d’être au courant de faits éloignés de nous.

Nos sociétés démocratiques nous offrent la possibilité de s’informer. En effet, il nous suffit d’ouvrir un journal, d’allumer la radio ou la télé pour connaître les dernières informations partout dans le monde. Pourtant, leur présence n’est pas sans conséquence. Ce qu’ils disent est entendu et cru. S’ils n’existaient pas, la société serait à priori ignorante ou alors plus curieuse. Ne pouvant connaître le déroulement d’actions lointaines, nous aurions alors peut-être envie de chercher par nous-mêmes sur les réseaux sociaux. Ainsi, nous pourrions constituer notre propre avis sur les événements qui font l’actualité.

 Julie Kang, Mathilde Muniglia-Raynal et Abinaya Kantharoobann 

 

Vivre sans télé ! Et alors ?

Suite à l’étude du texte Démocratie et pouvoir médiatique rédigé en 2002  par Charles Yves Zarka, directeur du Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS)  dénonçant le pouvoir médiatique et l’influence que la télévision a sur notre société, nous pouvons analyser le comportement de ceux qui vivent sans la télévision.

En France seulement 2% des foyers ne possèdent pas la télévision. Cette minorité que certaines personnes considèrent comme des « bobos hyper-intellos » (propos tenus par le sociologue Bertrand Bergier) sont en réalité communs à la société. Lors d’interviews de ces personnes, nombreuses sont celles qui continuent à apprécier l’art du cinéma, sans pour autant qu’il soit présent dans leur vie quotidienne. En effet, la télévision est parfois considérée comme  un virus pour l’éducation des enfants qui entraine déjà une certaine forme d‘addiction chez les plus jeunes. Cependant ces propos sont nuancés par Corinne Eidukevicius qui affirme que c’est un outil : «très présent et qui peut être extrêmement utile mais qui est utilisé à des fins qui ne sont celles qui me conviennent », avant d’ajouter « je ne dis pas que la télévision est mauvaise pour l’éducation des enfants, j’ai simplement fait le choix de ne pas l’initier dans  ma vie ».

PpEkw_P7OtROu_T8r8C6z2JHJiQ

extrait « red noize propaganda »

 

D’un point de vue socio-politique, certains  voient la télévision comme un instrument de propagande.  Si certains pensent que c’est un moyen d’information utile, d’autres, tel que notre témoin Sophie, la considèrent comme « un outil de désinformation qui a un rôle d’endoctrinement et joue beaucoup sur l’image pour interpeler le téléspectateur». Mme Eidukevicius affirme qu’ : « aujourd’hui  nous assistons à l’orientation d’une société de consommation, de plus en plus uniformisée et très basée sur la  compétitivité ». Sophie elle, pense que : « nous vivons dans une société qui va trop vite, dans laquelle on n’a pas le temps de penser  et de se forger une opinion relative à ses propres valeurs ». Elle achève sur cette note positive :  » Nous n’avons pas la télévision mais nous avons à notre disposition une multitude d’autres médias, la radio est d’ailleurs notre principale source d’information ».

A l’heure où  l’internet est devenu incontournable, la télévision n’est plus un outil indispensable. Aujourd’hui s’il est possible de vivre sans la télévision, peut-on en dire autant du fait de vivre sans les médias ?

 Fanta Bah, Mahé Droz-Bartholet, Elischama Honrod-Druid

 SOURCES : Le Parisien, woozgo, yabiladi, forums.france5.fr , francebleu, Yves Charles Zarka « Démocratie et pouvoir médiatique ». Avec les témoignages de Sophie (metteur en scène) et Mme Corinne Eidukevicius (professeur).

 

Conclusion 

De nos jours,  les médias privilégient les thèmes susceptibles d’attirer le plus grand nombre de lecteurs et de téléspectateurs en choisissant des sujets plus divertissants qu’instructifs comme le sport. Si des médias tels que Wikileaks ne se privent pas de révéler des informations confidentielles, la majorité des médias sont parfois contraints de s’autocensurer pour ne pas s’attirer la foudre de leurs actions prioritaires.

Cependant les médias restent indispensables à la vie démocratique de notre société. Sans leur présence, on basculerait dans une tyrannie. Les hommes qui composent la société seraient ignorants et vivraient repliés sur eux-mêmes.

Les médias sont comme notre société traversés par de multiples problèmes. Il est cependant primordial qu’ils existent en dehors de toutes formes de contraintes et qu’ils puissent continuer à vivre librement. Il en va de la survie de la démocratie en France.