Actuellement, la Russie est visée par plus de 5300 sanctions internationales, ce qui en fait le pays le plus sanctionné au monde.
Quelles sont-elles et auront-elles vraiment un impact sur l’issue de la guerre ?
Que sont les sanctions internationales ?
Les sanctions sont des pénalités imposées par un pays à un autre, pour l’empêcher d’agir de manière agressive ou d’enfreindre le droit international. Elles sont conçues pour nuire à l’économie d’un pays ou aux finances de certains citoyens, tels que des personnalités politiques. Elles font partie des mesures les plus sévères que les nations puissent prendre, à l’exception de la guerre.
Que disent les pays à propos du pétrole et du gaz russes ?
Le président américain Joe Biden a interdit toute importation de pétrole et de gaz russes.
Il a avoué que cette décision aurait un coût important pour les Etats-Unis, mais qu’elle avait été prise après des discussions avec ses alliés. Le Royaume-Uni, quant à lui, éliminera progressivement les importations de pétrole russe d’ici à la fin de 2022.
L’Union européenne, qui importe actuellement un quart de son pétrole et 40 % de son gaz de Russie, n’a pas annoncé d’interdiction totale. Mais la Commission européenne a déclaré qu’elle se tournerait vers d’autres sources d’approvisionnement et développerait plus rapidement les énergies propres, dans l’espoir de rendre l’Europe indépendante de l’énergie russe « bien avant 2030 ». L’Allemagne a suspendu l’autorisation d’ouvrir le gazoduc Nord Stream 2 en provenance de Russie.
Quelles sanctions les pays occidentaux ont-ils déjà imposées ?
Mesures financières.
Les dirigeants occidentaux ont gelé les actifs de la banque centrale russe, limitant ainsi sa capacité à accéder à 630 milliards de dollars (470 milliards de livres sterling) de réserves en dollars. Les États-Unis, l’Union européenne et le Royaume-Uni ont également interdit aux particuliers et aux entreprises de traiter avec la banque centrale russe, son ministère des finances et son fonds de richesse.
Certaines banques russes seront également retirées du système international de messagerie financière Swift, qui permet le transfert fluide de fonds par-delà les frontières. Cette interdiction retardera les paiements que la Russie reçoit pour ses exportations de pétrole et de gaz.
D’autres sanctions britanniques sont prévues : les grandes banques russes seront exclues du système financier britannique, ce qui les empêchera d’accéder à la livre sterling et de compenser les paiements. Toutes les banques russes verront leurs avoirs gelés. L’État russe et les grandes entreprises ne pourront pas lever des fonds ou emprunter de l’argent sur les marchés britanniques. Une limite sera imposée aux dépôts que les Russes peuvent effectuer dans les banques britanniques.
L’UE a également indiqué qu’elle viserait 70 % du marché bancaire russe et les principales entreprises publiques, y compris les entreprises de défense.
Cibler les particuliers.
Les gouvernements occidentaux ont imposé des sanctions à certaines personnes, notamment une « liste noire » d’hommes et de femmes d’affaires puissants et fortunés proches du Kremlin, connus sous le nom d’oligarques.
Les avoirs appartenant au président russe Vladimir Poutine et à son ministre des affaires étrangères Sergueï Lavrov et détenus aux États-Unis, dans l’Union européenne, au Royaume-Uni et au Canada seront gelés. Les États-Unis leur ont également imposé une interdiction de voyager. En outre, les États-Unis ont ciblé les avoirs de huit autres oligarques et responsables, dont le magnat des affaires Alisher Usmanov.
L’UE, le Royaume-Uni, les États-Unis et le Canada ont mis en place un groupe de travail transatlantique chargé d’identifier et de geler les avoirs des personnes et des entreprises sanctionnées. Le Royaume-Uni limite la vente des « visas dorés », qui ont permis à de riches Russes d’obtenir le droit de résider au Royaume-Uni, et les députés doivent examiner le projet de loi sur la criminalité économique, qui vise à geler les avoirs des alliés de Poutine au Royaume-Uni.
Commerce avec la Russie et voyages.
Des restrictions sur les produits pouvant être envoyés en Russie ont été annoncées par le Royaume-Uni, l’Union européenne, les États-Unis et d’autres pays.
Il s’agit notamment de biens à double usage, c’est-à-dire des articles pouvant avoir un usage à la fois civil et militaire, comme les produits chimiques ou les lasers. L’UE veut empêcher la Russie de moderniser ses raffineries de pétrole. Elle interdit également la vente d’avions et d’équipements aux compagnies aériennes russes.
Les États-Unis ont rejoint le Royaume-Uni, l’Union européenne et le Canada en interdisant tout vol russe dans leur espace aérien. Le Royaume-Uni a également interdit les jets privés de pays tiers qui ont été affrétés par des Russes.
Le Belarus, qui a été accusé d’avoir aidé la Russie à envahir le pays, fait également l’objet de sanctions de la part de l’UE, des États-Unis et du Royaume-Uni.
Que font les entreprises ?
Nombreuses sont les entreprises qui se sont retirées de Russie, privant ainsi les Russes de certaines de leurs marques préferées
Comment la Russie a-t-elle réagi aux sanctions ?
La Russie a plus que doublé son taux d’intérêt directeur pour tenter d’enrayer le déclin du rouble, qui a chuté de 30 % par rapport au dollar américain après l’introduction des sanctions. Elle a bloqué également le paiement des intérêts aux investisseurs étrangers qui détiennent des obligations d’État et interdit aux entreprises russes de payer leurs actionnaires étrangers.
La Russie a empêché les investisseurs étrangers qui détiennent des dizaines de milliards de dollars d’actions et d’obligations russes de vendre ces actifs.
L’UE craint que de nombreux Russes fortunés ne convertissent leurs économies en roubles en crypto-monnaies, comme le bitcoin, pour contourner les sanctions. Bon nombre des plus grandes bourses de crypto-monnaies du monde refusent d’imposer une interdiction générale aux clients russes.
Le ministère russe des Affaires étrangères a menacé de prendre ses propres sanctions contre l’Occident. Il pourrait s’agir de réduire ou d’interrompre l’approvisionnement en gaz de l’Europe.
Les compagnies aériennes britanniques ne peuvent pas entrer dans l’espace aérien russe ni atterrir dans les aéroports russes.
Quelles conséquences sur la guerre ?
Ces sanctions auront évidemment une grande influence sur l’avenir de la Russie.
Mais empêcheront elles Poutine de le mener à son but son “opération militaire exceptionnelle pour la dénazification de l’Ukraine”(il refuse d’appeler cela une invasion).
Ou au contraire, avec une Russie affaiblie, Poutine, qui sera considéré comme le héros face aux occidentaux qui veulent détruire la Russie, terminera son projet de réunification des anciennes républiques soviétiques, pour en devenir le président(à vie).
Costa Benguigui