Vous attendiez impatiemment des nouvelles de Montaigne : heureusement, le blog Médias est là ! Michel de Montaigne (1533-1592) est mort il y a plus de quatre siècles mais il n’en finit pas de faire parler de lui et se trouve depuis quelques mois au cœur d’une passionnante énigme.

Tout commence fin 2018, dans les sous-sols (comme à Poudlard) du musée d’Aquitaine, à Bordeaux. Totalement par hasard, on découvre presque la Chambre des secrets, en fait un mystérieux caveau mortuaire. Le musée d’Aquitaine est un bâtiment ancien, dont les origines remontent à la fin du XVIe siècle, et qui a d’abord abrité le couvent des Feuillants. Sous Napoléon, en 1802, le couvent devient un lycée impérial. Puis au cours du XIXe siècle, le lycée fait place à la Faculté des Sciences et des Lettres avant d’accueillir beaucoup plus récemment le musée d’Aquitaine. La direction du musée décide alors de tout fermer par précaution et de confier l’enquête à une équipe d’archéologues, qui doivent se plonger dans les archives.
On ne tarde pas à redécouvrir que le cercueil de Michel de Montaigne, auteur des Essais et maire de Bordeaux, décédé dans son château de Saint-Michel-de-Montaigne, a été installé un an après sa mort dans la chapelle du couvent des Feuillants. En 1603, sous Henri IV, il est déplacé, avec son cénotaphe (un tombeau ornemental qui ne contient pas de corps), dans l’église du couvent qui a été rénovée. Ensuite : il faut suivre, accrochez-vous. En 1803, l’ensemble est transféré dans la chapelle du lycée, qui brûle en 1871. Les restes de Montaigne auraient alors été provisoirement déposés au cimetière de la Chartreuse, toujours à Bordeaux, avant de retrouver, le 24 décembre 1880, leur lieu de conservation d’origine, devenu Faculté, dans un nouveau cercueil en bois. Mais s’agit-il bien des restes de Montaigne en 1880 ? Il n’y a aucune certitude là-dessus. Et depuis, on avait totalement oublié cette histoire.
Les archéologues établissent tout de suite le lien avec la découverte au musée d’Aquitaine. Ils introduisent une micro-caméra dans le caveau qui leur permet de voir un cercueil en chêne portant les inscriptions « M. de Montaigne » et « 24/12/80 ». Tout semble coller ! D’autant que le cercueil est de longueur plutôt modeste (1 m 60) et que Montaigne lui-même s’est décrit comme « d’une taille en dessous de la moyenne ». Les 18 et 19 novembre 2019, le caveau est enfin complètement ouvert, puis c’est au tour du cercueil en bois…
Et c’est là que l’affaire se corse. À l’intérieur du cercueil en bois se trouve un autre cercueil, plus petit, en plomb, assez abimé, un cylindre de verre contenant une lettre, et des ossements, un crâne et des dents. Par un interstice du cercueil en plomb, on devine d’autres ossements. À qui appartiennent tous ces restes ? On sait que Montaigne souffrait de calculs rénaux, ils ne se sont pas évaporés et les archéologues devraient pouvoir les retrouver. Il va surtout falloir réaliser des tests ADN pour déterminer s’il s’agit bien de lui. Mais il faut aussi pouvoir les comparer avec une descendante ou un descendant avéré du philosophe. Une généalogie ascendante de Montaigne existe déjà, mais il faut maintenant réaliser une généalogie descendante complète, un cabinet spécialisé y travaille déjà. Michel de Montaigne a épousé Françoise de La Chassaigne : ils ont eu une fille, Léonor, née en 1571. Montaigne avait aussi trois sœurs et deux frères : Jeanne, née en 1536 ; Thomas, né en 1537 ; Léonor (la marraine de sa fille), née en 1552 ; Marie, née en 1554 et Bertrand, né en 1560.
Alors, si vous voyez s’afficher un numéro inconnu sur votre téléphone, décrochez, on ne sait JA-MAIS !
Sources : www.bordeaux.fr et www.sciencesetavenir.fr
Jade Souleyreau