
Cette pièce de Mohamed El Khatib nommée « La Dispute », nous explique le divorce à travers les yeux des enfants. Cette pièce est actuellement jouée au Théâtre de la Ville.
Mais en quoi cette mise en scène cherche à inverser les rôles ?
La scénographie : un univers modulable
Le décor de la pièce est intégralement fait en Lego que ce soient les chaises, les tables ou le sol tout est fait à base de briques colorées. C’est donc un décor complètement modulable qui s’offre aux spectateurs, puisque durant la pièce, les acteurs feront en sorte de modifier ce qui est comme leur terrain de jeu sur scène. Ils n’hésiteront pas à rajouter, déplacer ou enlever des morceaux du décor. Durant la pièce, ils se serviront de ces briques pour créer un pupitre afin d’exprimer leur avis au sujet du divorce ou poser des questions au public et même pour mettre en lumière leur situations familiales. Ce décor représente avant tout l’enfance car rappelons-le, les acteurs n’ont qu’environ neuf ans. C’est donc dans un monde coloré représentant l’enfance que Mohamed EL-Khatib nous plonge
L’utilisation de la vidéo sur scène : des dizaines de divorces
Dés le commencement de « La dispute », le spectateur visionne la vidéo d’une jeune fille se brossant les cheveux. Elle s’excuse de ne pouvoir être présente sur scène car elle n’est pas « chez le bon parent ». La présence de vidéos sera très importante tout au long de la pièce puisqu’à plusieurs reprises des enfants interviewés par Mohamed El Khatib racontent leur expérience du divorce. Les extraits les montrent expliquant leur situation, que ce soit l’annonce de la séparation, leur réaction face à ce bouleversement ou même ce que cette double vie a changé dans leur quotidien avec les beaux-parents et les tensions familiales. Les explications des parents sont ainsi répétées : « Mon papa m’a dit que le couple c’est comme une équation à deux inconnues ». Certains ne comprennent pas vraiment ce qu’est le divorce mais ils « nous montrent comment ils le vivent.
Le jeu des comédiens : d’une grande maturité
Dans cette pièce les enfants parlent de leurs problèmes, leur vécu. Ils ont chacun des situations parentales particulières.
Par exemple, Elona construit, dans une des premières scènes, le visage de son père avec des Lego, elle se l’imagine, elle l’idéalise. De plus, on comprend qu’elle a sûrement décidé d’apprendre la musique pour plaire à ce père « invisible ».
Ninon parle de son expérience au quotidien avec les ponts. Elle explique que pour aller de chez son père à chez sa mère et inversement, elle doit emprunter un pont, toute seule. Lors de la traversée, elle ressent le manque du parent laissé, puis un vide au milieu du pont, et au bout du pont, elle est heureuse de retrouver son autre parent. Elle finit sa scène sur un « Je déteste les ponts » très poignant.
Au début de la pièce, les enfants se mettent à jouer de la flûte, et l’un des enfants joue faux. Par la suite on apprendra que cet enfant a menti sur ses conditions de vie puisque ses parents ne sont pas séparés. Cela explique peut-être pourquoi il n’était pas en harmonie avec les autres. (Il voulait être dans le spectacle, sur scène.)
Dans cette pièce, Mohamed El Khatib nous montre une face particulière de l’enfance, celle où les enfants vivent tout autant le divorce que les parents. Dans cette mise en scène, il a fait en sorte que ses innocents puissent s’exprimer sur cette rupture jusqu’à faire la leçon aux adultes. Les rôles sont donc échangés. Tout montre dans la pièce que les acteurs sont des enfants puisque le décor est fait de jouets et l’instrument dont la plupart des enfants jouent est une flûte à bec. De plus, lors de la scène du pont, des Playmobil géants ont été rajoutés au décor, figurant les parents. Ces jeunes font passer un message aux parents et adultes à travers ce spectacle en leur posant des questions et en racontant leurs expériences personnelles pour faire comprendre aux parents qu’ils ont aussi, et malgré eux, un rôle à jouer dans le divorce.
Charlotte Gourdin