Les “gilets jaunes” ou naissance d’un mouvement inédit qui vient de la France silencieuse….
Depuis novembre 2018, un mouvement de mécontentement a émergé en France initialement pour contester l’augmentation du prix du carburant. De fil en aiguille, le mouvement a pris pour but de protester contre les réformes du gouvernement d’Edouard Philippe. Leurs revendications sont multiples et des objectifs divers. Tout d’abord, ils ont voulu se montrer, puis se faire entendre et changer les choses.
Cette vague a surpris toute la France et, plus particulièrement, les politiques dans leur ensemble. Le 17 novembre 2018, 287 000 gilets jaunes étaient dans les rues pour dénoncer leur condition de vie, paralysant le pays tout entier. Il va sans dire qu’ils étaient organisés, prêts et déterminés à envoyer un message fort à la France et aux dirigeants du pays.
Les différentes protestations avaient déjà commencé dès le 21 octobre 2018, mais ce fut bien le samedi 17 novembre que, habillées de gilets de sécurité, ils ont pris possession des places, de la rue, des ronds-points et surtout de la scène politique; ils ont commencé à interpeller le pays.
Ils ont été entre 300 000 à 500 000 à protester publiquement et soutenus par 70% de la population française (le 23 novembre).
Comment expliquer un si grand nombre de mécontentement ?
Ce mouvement est né sur les réseaux sociaux; il traduit la colère d’une France rurale et périurbaine qui s’estime abandonnée par l’Etat; on parle ici de la petite classe moyenne qui tend de plus en plus à disparaître ou de travailleurs pauvres. Cette France que l’on ne voit plus, cette France de la périphérie, que l’on n’écoute plus, qui ne vote plus… Cette partie de la France devenue transparente… Cette France à 1200 euros par mois…
Une série de questions se pose à nous: qui sont-ils vraiment ? Quelle a été la réaction des politiques face à ce mouvement unique et brutal ? Comment les gilets jaunes sont-ils parvenus à se faire entendre ? Quelle est la place de réseaux sociaux ? Comment la presse étrangère relaye-t-elle ce mouvement ? Quelles en sont les conséquences économiques et politiques ?
Autant de questions que la classe médias tente de répondre dans ce dossier. Nous nous sommes appuyés non seulement sur les articles de presse, sur des analyses de journalistes de radio et de télévision, mais aussi sur des sociologues et des politiques.
Inès DUFOSSE, Garren Yang, César CLAUSS, Jessica ARULANANDAM, Raphael ASSOUN
La réaction des politiques face aux gilets jaunes
Alors que le conflit entre le gouvernement et les gilets jaunes se poursuit, tous les partis d’opposition saluent la légitimité de cette lutte, qui symbolise selon eux, l’injustice sociale de la politique menée par Emmanuel Macron. Quels sont les objectifs des partis politiques ? Honnêteté, opportunisme, nous sommes en droit de nous poser la question…
Qui sont-ils ?
Le mouvement dit des « Gilets jaunes » est né en France métropolitaine aux alentours du 17 octobre 2018. Son nom tient du gilet jaune revêtu par les manifestants lors des opérations de blocage, ce qui symbolise leur volonté d’agir, d’être vu et entendu. Il s’agit d’un mouvement populaire mené par les classes populaires et moyennes, visant à bloquer routes et ronds-points dans tout le pays. L’événement déclencheur de ce mouvement est la hausse de prix du carburant mais les revendications s’étendent vite à d’autres problèmes. Leurs revendications sont les problèmes liés aux transports, au pouvoir d’achat, aux impôts, aux retraites, aux aides sociales, au travail, à la démocratie, aux institutions, aux services publics et de proximité, à l’accès à la santé, au logement et à l’immigration.
Rapidement, le mouvement gagne de l’ampleur : de plus en plus de manifestations ont lieu en France, comme à Paris, Bordeaux, Nantes, Toulouse ou Marseille ; mais également dans les DOM. Chaque samedi, un nom est donné à la manifestation, la première s’appelle Acte I, et chaque samedi le chiffre augmente de 1, la sixième manifestation nommée l’acte V s’est déroulé samedi dernier, le 15 décembre. L’Acte I a eu lieu le 17 octobre, avec 287 710 manifestants. Le 24 octobre, les Champs-Elysées sont « pris d’assaut », des échauffourées ont lieu sur la place de l’Étoile. Des barrages filtrants ou bloquants sont mis en place partout sur le territoire, des casseurs se joignent au mouvement et les violences grandissantes : 10 000 bombes lacrymogènes sont utilisées ce qui provoque 133 blessés, le gouvernement réagit et mobilise 89 000 agents des forces de l’ordre sur le territoire français 14 véhicules blindés de la Gendarmerie à Paris, de peur de voir la France « au bord de l’insurrection et de la guerre civile ». Il a 1 723 interpellations et 1 220 gardes à vue. Il reste des tensions dans plusieurs grandes villes. Voyant l’importance que prenait le mouvement, les personnalités politiques ont donné leur opinion et se sont exprimées. Les avis diffèrent en fonction des partis.
Qu’en pensent les politiques ? Quelles sont les réactions des politiques face à ce mouvement ?
Pour répondre à ces deux questions, nous allons aborder quatre points: les avis de l’exécutif, des partis de droite et d’extrême-droite, des partis de gauche et d’extrême-gauche et des partis du centre.
Le Premier ministre Edouard Philippe, s’est dit « choqué par la mise en cause de symboles de la France, le fait que l’Arc de Triomphe ait été tagué, le fait qu’autour du tombeau du soldat inconnu, une manifestation violente puisse avoir lieu ». Dans son discours passé en direct à la télévision le 11 décembre 2018, le président de la république, Emmanuel Macron annonce plusieurs réformes censées plaire aux manifestants, notamment une augmentation de 100 euros du SMIC et l’annulation de la hausse de la CSG pour les personnes touchant moins de 2000 euros par mois. Il réprimande aussi, à juste titre, les violences lors des manifestations des trois derniers samedis. « Mon seul souci, c’est vous ; mon seul combat, c’est pour vous. Notre seule bataille, c’est pour la France. » conclura-t-il après 13 minutes d’un discours très attendu dans toute la France. Mais si Emmanuel Macron s’est vu dans l’obligation de s’exprimer, c’est parce que la situation était devenue critique. Mais intéressons-nous plus en détail des réactions de chaque parti.
L’exécutif est contre ce mouvement et contre les réformes que les “gilets jaunes” demandent, Emmanuel Macron n’a pas le choix à cause des violences et de l’ampleur du mouvement donc il décide de prendre des mesures pour calmer les “gilets jaunes”. Qu’en est il des avis des politiciens ?
Les partis d’extrême-droite et de droite font part de leur soutien aux gilets jaunes et dénoncent le silence du gouvernement actuel car, en effet, le président de la République s’est exprimé très tard, alors même que le sujet était traité par la presse étrangère. Marine Le Pen a dit « Je soutiens les ‘gilets jaunes’, c’est clair depuis le départ et il n’y aucune ambiguïté là-dessus » et Laurent Wauquiez demande un référendum pour la démission du président de la république, Emmanuel Macron. Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen prônent en cœur la dissolution de l’Assemblée nationale. Geoffroy Didier, le secrétaire général des “Républicains”, a dit « ce sont des Français qui ont besoin d’être protégés, mais, pas seulement, ils ont besoin aussi d’être considérés ». Nicolas Dupont-Aignan, le président de “Debout la France” a dit “…Combien de morts faudra-t-il avant qu’Emmanuel Macron n’entende la détresse des Français? »
Les partis de droite et d’extrême-droite disent ouvertement qu’ils soutiennent et certains élus comme Alexis Cornière, Adrien Quatennens et François Ruffin iront manifester. Qu’en pense les partis de gauche et d’extrême-gauche?
Les partis de gauche sont contre ce mouvement, la maire de Paris, Anne Hidalgo a fait part de son indignation et de sa grande tristesse face aux violences dans la capitale en marge de la mobilisation des “ gilets jaunes “. « Les violences sont inacceptables », a-t-elle déclaré sur Twitter. Le député marcheur Matthieu Orphelin a écrit sur Twitter que « les casseurs, place de l’Etoile, injurient notre démocratie.[…]. La grande majorité des gilets jaunes est pacifiste. Trouvons sortie de crise ». Clémentine Autain et Jean-Luc Mélenchon ont dit qu’ils n’iront pas manifester. Les partis de gauche et d’extrême-gauche sont contre ce mouvement. Que pensent les partis du centre de ce mouvement de manifestation ?
Les partis centristes ne sont pas contre le mouvement et les idéologies des “gilets jaunes”, mais ils sont contre la tournure que prend ce mouvement; ce mouvement devient violent et agressif. Ils dénoncent certains propos qui sont tenus par ces hommes et ces femmes. Le parti politique “La République en Marche” profitent de ce mouvement pour gagner des adhérents.
Les réactions des partis politiques sont diverses et variées, les partis de droite et d’extrême-droite soutiennent le mouvement alors que les partis de gauche et d’extrême-gauche sont plus nuancés. Les partis du centre ont des avis mitigés sur la question, ils sont unanimes pour dénoncer les violences.
sources: franceinfo.tv nouvelobs.com 20minutes.fr lemonde.fr wikipedia.com actudaily.com
Iyad FAKHOURI, Clément GEHAN, Timothé HALLARD, Yanis KEPEL, Joachim YALAP
Les gilets jaunes: les réseaux sociaux et les fake news.
Depuis novembre 2018, un mouvement social qui se fait appeler « gilets Jaunes » a pris forme pour lutter, au commencement, contre la hausse du prix du carburant. Progressivement, de nouveaux mots d’ordre, tous aussi variés les uns que les autres, se sont rattachés au mécontentement des gilets Jaunes. Des militants anti-Macron et contre le gouvernement ont rejoint le mouvement. Des manifestations et des blocages ont été organisés partout en France et ont conduit à une grande violence, notamment dans les rues de la capitale où des « casseurs », qui, profitant du mécontentement général, s’en sont pris aux CRS et des pilleurs aux magasins de luxe des Champs Élysées. Ces plusieurs jours de mobilisation ont poussé le gouvernement à supprimer les taxes sur le carburant mais les manifestants ne sont toujours pas satisfaits.
Certains gilets Jaunes utilisent la désinformation et les fake-news pour choquer, déstabiliser et provoquer la colère des citoyens ainsi que rallier un plus grand nombre de personnes à leur cause. Ils s’en prennent au gouvernement, à la République dans son ensemble et au pouvoir en général. Ils se servent des réseaux sociaux pour véhiculer ces fausses informations et ainsi ternir l’image du gouvernement.
Nous allons présenter quatre exemples de fake-news postés récemment sur internet par des Gilets Jaunes.
Le salut nazi d’un Gilet Jaune
La première fake-news débute sur le réseau social Twitter avec le tweet de @TeamMacronPR :
« Tranquille, un salut nazi sur les Champs-Elysées #SansMoiLe24 #24novembre #GiletsJaunes ».
Cette publication est accompagnée d’une vidéo, diffusée à l’origine sur BFMTV, où l’on aperçoit un militant gilet Jaune faire un signe s’apparentant au salut nazi.

Très rapidement, cette information est relayée par Naïma Moutchou : « Paris 1940 ? Non, non, Paris 2018 ! Honte à ceux qui piétinent ainsi la République. Qu’ils sachent que leurs manœuvres n’y changera rien : nous continuerons à transformer le pays et répondrons à la colère de ceux de nos concitoyens qui manifestent dans le respect de la loi. » Naïma Moutchou est une femme politique, députée de La République En Marche, qui est nommée en avril 2018 par la commission des lois rapporteur de la loi relative à la lutte contre les fausses informations, dite loi contre les fake-news.

Quelques heures plus tard le CheckNews de Libération révèle que l’homme présent sur la vidéo relayée par la députée ne faisait pas un salut nazi mais exerçait un ancien signe utilisé par les Romains en disait « Ave Macron ». Le gilet Jaune se moquait de Macron et revendiquait ses idées de manière ironique en exécutant un geste pour montrer l’autorité de Président de la République face à celle des empereurs Romains.
Prise à son propre jeu, Naïma Moutchou retire rapidement son tweet sans donner d’explications.
On voit dans cette fake-news qu’une députée élue comme rapporteuse de la loi relative à la lutte contre les fake-news est, elle aussi, tombée dans ce qu’elle est censée connaître mieux que quiconque. Elle critique les manœuvres des gilets jaunes, mais œuvre également, de manière involontaire, à la confusion des idéologies et de la réalité dans l’esprit des concitoyens français qui doivent déceler le vrai du faux sans pouvoir s’appuyer sur les représentants.
L’ancien conseiller de Trump à l’origine des Gilets Jaunes
Mercredi 5 décembre dernier, plusieurs députés et militants de La République En Marche ont relayé la thèse complotiste disant que les Américains seraient à l’origine du mouvement des gilets jaunes. En effet, d’après plusieurs sources, le nom de domaine « giletsjaunes.com » (aujourd’hui sans contenu) aurait été déposé aux Etats-Unis le lundi 15 mai 2017, soit le lendemain de l’élection d’Emmanuel Macron. D’après Le Parisien, ce serait Steve Bannon, ancien conseiller de Donald Trump, qui aurait créé ce site internet.

Afin de vérifier cela, nous avons fait quelques recherches sur l’historique du nom de domaine. Premièrement, d’après le site namebay.com (site permettant de connaitre l’historique d’un nom de domaine), « giletsjaunes.com » aurait été renouvelé le 15 mai 2017 (à 18h13) sur le site de vente de nom de domaine « dropcatch.com » appartenant à « namebright.com ». Après avoir fait des recherches sur ce fournisseur, il s’agit bien d’une entreprise américaine basée à Denver qui ne permet pas de commander un nom de domaine français.

Deuxièmement, nous avons été sur le site « web.archive.org » recensant les archives de presque tous les sites internet et nous y avons découvert que « giletsjaunes.com » a été enregistré en 2011 et utilisé pour la première fois le 7 juin 2015, d’après BFMTV, dans le but de manifester contre la réforme des rythmes scolaires : le gilet jaune était un moyen d’être reconnu contre la réforme lors du boycott national le mercredi 13 novembre 2013.

Suite à la propagation de cette fake news, plusieurs comptes Twitter et personnalités politiques y ont répondu, comme RT France, Team Macron et AFP Factuel, ou encore Emilie Chalas (député de l’Isère), Coralie Dubost (députée LREM) et Aurore Bergé (députée des Yvelines et porte-parole du groupe des députés LREM à l’Assemblée nationale). Les députés LREM ont finalement reconnu avoir cédé à un emballement.
Les Mercenaires de Macron : Une des fake-news les plus connues sur Facebook avec 3 millions de vues en une semaine est « Les Mercenaires de Macron ». Posté dans la semaine du 5 décembre par un compte anonyme, cette vidéo de 3 minutes 22, montre un homme masqué en tenue de militaire donnant des « informations » à propos de mercenaires envoyés par Emmanuel Macron dans le but de contrer la « menace » des Gilets Jaunes. Le problème de cette fausse information est que rien ne prouve la véracité des propos pour l’instant. On peut se poser la question du pourquoi ?

De mon point de vue, cette vidéo a pour but d’inciter les gens à la haine contre le président mais aussi de donner raison aux « casseurs » de se battre ; on le remarque avec cette phrase a 1 minute 4 « La DGSE est prête à intervenir en cas de nécessité» : il montre qu’il est soutenu.
Il envoie un message aux gilets Jaunes mais aussi aux fonctionnaires de police les menaçant que s’ils s’attaquent à l’intégrité physique des manifestants, lorsque que Macron sera destitué de gré ou de force, ce qui n’est bien sûr pas possible dans le cadre de la loi, il le regrettera.
La vidéo maintenant a été désignée comme fake-news par différents sites informatifs tel que Le Parisien ou encore par RTL.
L’attentat de Strasbourg : Le 11 décembre 2018, en début de soirée, un homme a ouvert le feu près du marché de Noël de Strasbourg. On compte cinq morts et une dizaine de blessés selon le bilan effectué par le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner. Un homme seul a ouvert le feu, ce qui est considéré comme un attentat. En effet, vers 20 h, l’individu est rentré dans le périmètre du marché de Noël par le pont du Corbeau en se dirigeant vers la rue des Orfèvres, puis il a ouvert le feu. Avant de s’enfuir, l’auteur des coups de feu a été blessé par une patrouille de soldats de l’opération Sentinelle qui sécurise le marché. Une enquête a, par la suite, été confiée au parquet de Paris qui a ouvert une enquête pour « assassinats, tentatives d’assassinats en relation avec une entreprise terroriste et association de malfaiteurs terroriste criminelle ».

Par la suite, Emmanuel Macron a présidé pendant plus d’une heure une réunion de crise au ministère de l’Intérieur. Un point de situation, en présence du Premier ministre Edouard Philippe, du secrétaire d’Etat à l’Intérieur Laurent Nunez, d’Agnès Buzyn (Santé) et de Florence Parly (Défense) ainsi su’une trentaine d’autres représentants du gouvernement et des différents services de sécurité. Le ministre de l’Intérieur s’est de son côté rendu à Strasbourg très rapidement.
Suite à cet événement, des théories du complot se déploient sur les réseaux sociaux et suscitent l’indignation. Elles présentent l’attaque perpétrée mardi soir à Strasbourg comme une machination contre le mouvement des gilets Jaunes.
Quelques heures après l’attentat du mardi 11 décembre, les comptes Twitter officiels du ministre de l’Intérieur et des services de l’État dans la région Grand-Est et dans le département du Bas-Rhin mettaient en garde contre la diffusion de fausses informations : « Ne relayez pas de fausses rumeurs ». Malheureusement, celle qui a eu le plus de résonance affirme que l’attaque a été orchestrée par le gouvernement pour détourner l’attention de l’opinion publique et éteindre le mouvement des Gilets Jaunes à la veille de leur acte. Ces thèses complotistes ont été beaucoup relayées, notamment sur les pages Facebook de groupes de Gilets Jaunes. « Bien joué Macron 1er, la carte de l’attentat à Strasbourg !! », commente ainsi un internaute. On peut aussi penser que ce sont simplement les gilets Jaunes ou des personnes qui les soutiennent, tels que les partis d’extrême droite, qui lancent ces rumeurs afin de continuer à faire parler du mouvement et qu’ils puissent continuer à exprimer leurs convictions.
Mais pouvons-nous affirmer que ces rumeurs s’arrêteront aux simples tweets ? Bien que ces « simples tweets » aient beaucoup fait parler d’eux…
Les gilets Jaunes ont donc beaucoup usé et abusé des réseaux sociaux pour diffuser de fausses informations. La plupart d’entre elles peuvent sembler totalement absurdes lorsqu’on y réfléchit, notamment le fait que l’attentat de Strasbourg, véritable tragédie, aurait été organisé de toute pièce par le gouvernement pour calmer les fureurs populaires et ainsi ramener le calme. Malheureusement, des personnes partagent ces fake-news, soit parce qu’ils y croient ou car ils ont comme volonté de nuire le plus possible à l’Etat et au Président de la République ; de plus en plus de gens tombent dans le piège. Le mouvement reçoit un soutien augmentant de jours en jours car les internautes sont « dégoûtés » par l’attitude du gouvernement, d’après les fake-news, et pèse de plus en plus lourd pour l’Etat.
Source information :
– msn.com
– francetvinfo.fr
– bfmtv.fr
– liberation.fr
– youtube.com
– francais.rt.com
Source photo 1 : BFMTV
Source photo 2 : Libération
Source photo 3 : RT France
Source photo 4 : Capture d’écran de « namebay.com »
Source photo 5 : BFMTV
Source photo 6 : L’OBS
Source photo 7 : Ronald Wittek / La croix
Noa Benharous, Adèle Barton, Lana Bagot, Anatole Brunet-Rapeaud et Yann Arnould
Les gilets jaunes et la presse étrangère
Nous connaissons désormais tous le mouvement des gilets jaunes, c’est un mouvement contestataire qui a débuté en octobre de cette année, il est apparu lors de l’annonce de la hausse des prix sur le carburant et il regroupe aujourd’hui un grand nombre de demandes de tout ordre.
Nous savons également comment la presse française traite le sujet mais qu’en est-il alors de la vision de la presse étrangère dans toute cette histoire ?
Depuis le début du mouvement, les journaux internationaux se sont manifestement penchés sur le sujet. Tous portent globalement un point de vue assez commun sur la question malgré des différences selon les pays.
Tout d’abord en lisant les articles et en regardant les Unes des journaux étrangers la France ou plus particulièrement Paris semble en révolution. Que ce soit le choix de leurs mots ou leurs choix de photographies.
En dehors de ces Unes alarmistes, les analyses diffèrent selon les points de vue des pays, même s’ ils se rejoignent également sur l’impression que ce mouvement « menace l’ordre démocratique », montre une « déconnexion du pouvoir en France » ainsi qu’un « manque de dialogue social ».
Des journalistes internationaux sont venus à Paris lors des manifestations des derniers samedis et ont fait part dans leurs articles de leur choc face à la présence policière, au niveau de sécurité et aux violences rencontrées durant ces manifestations. Ils ont effectivement retranscrit leurs sentiments dans leurs articles et leurs Unes de journaux.
Le journal anglais The Local a publié un article écrit par John Lichfield le 3 décembre, dans lequel ce journaliste justifie ces violences. Présent à la manifestation du samedi 1 décembre John Lichfield a été choqué par les violences et plus particulièrement par celles des casseurs. Il explique ces violences par l’existence d’une haine et d’un désespoir commun qui mènent, puisqu’ils n’ont rien à perdre, à un désir de révolution, peu importe les conséquences. Le journaliste a également souligné l’excès de violence dans la capitale plus que dans d’autres villes de France car Paris, du haut de son mépris pour la province, représente la fracture entre les français.
Un autre journaliste, Anthony Samrani du journal libanais « L’Orient-Le Jour » a interrogé des libanais vivant en France depuis peu et qui déclarent avoir eu « l’impression d’être à Beyrouth » en assistant aux scènes de violences parisiennes.
Les unes de nombreux journaux étrangers donnent de la France l’impression qu’elle est en guerre. En Espagne, le journal « La Vanguardia » a mis en avant l’image d’un homme seul, debout, les bras en croix, portant un gilet jaune et un masque au milieu de voitures brûlées et de pavés manquants. La photographie accompagnée du titre « Paris en flamme » donne l’impression d’une guerre civile. Cette même image a aussi été utilisée dans le journal anglais « The Sunday Times ».
En Allemagne, le journal « Die Tageszeitung » montre lui, un homme en gilet jaune en tête d’une foule d’autre gilets jaunes, un masque à gaz sur le visage, un drapeau français à la main et un bonnet phrygien sur la tête. Ces deux derniers éléments font écho à la révolution française et donnent alors une signification très puissante à cette photographie.
Toutes les Unes de journaux mettent au premier plan l’idée d’une guerre civile, d’une révolution, en exposant des flammes, de la fumée, des voitures brûlées ainsi que des carcasses d’automobiles. Ces images sont exagérées par l’angle de prise de vu qui peut parfois s’éloigner un petit peu de la réalité.
La plupart des journaux affirment donc que la France connaît des violences singulières.
Mais en quoi leurs avis diffèrent-ils ?
De nombreux journalistes se sont interrogés sur le pourquoi de cette révolte.
Au Liban dans le journal « L’Orient-Le Jour », le journaliste Anthony Samrani parle d’une démocratie fragilisée alors que celle-ci aurait tout pour bien se porter : pas de dictature, pas d’Etat policier, manifestation autorisée, liberté d’expression, école gratuite et soins également, aides de l’Etat…. Il parle également d’une réaction logique à un président (« ne voyant pas le réel », « écarté de la réalité »), un président méprisant et ignorant la classe populaire, catégorie qui s’attaque donc à lui personnellement.
Le journal Die Zeit en Allemagne s’intéresse principalement au rôle d’Emmanuel Macron ou plutôt à sa responsabilité dans le mouvement des gilets jaunes. Effectivement, les journalistes Elisabeth Raether et Karin Finkenzeller appuient le fait qu’il ne se soit entouré que de personnes lui étant très semblables : le premier ministre Edouard Philippe, le chef de cabinet Benoît Ribadeau-Dumas et le secrétaire générale de l’Elysée Alexis Kohler, et que la France soit donc gouvernée exclusivement par ces quatre hommes. Cet article donne l’impression d’une monarchie présidentielle accompagnée de trois courtisans bien dressés. Ce journal reproche également la non prise en compte de ce mouvement et la passivité d’Emmanuel Macron face à ces Français.
Anne Applebaum a écrit dans le journal étasunien « The Washington Post » publié le 2 décembre un article alarmant prédisant, si aucun changement n’est apporté, la fin de la démocratie en France et peut-être bientôt dans d’autres pays occidentaux. Elle explique que les conditions de vies et la colère des gilets jaunes sont les carburants de ce mouvement et sont également les seules choses mettant ces individus en commun. Si leur désir de changement n’est pas écouté et pris en compte ne serait-ce qu’un petit peu par les gouvernement et les institutions, Anne Applebaum s’inquiète pour la résistance de la démocratie au 21ème siècle.
Pour finir, le journal russe Gazeta.ru a publié un article d’Andrei Desntiski dans lequel, il compare la situation actuelle de la France et celle de la Russie et en conclut que ce mouvement n’est pas si grave puisque la France reste un pays démocratique.
Les journalistes ont donc des avis plutôt différents sur le pourquoi de ce mouvement ainsi que sur les conséquences qu’il peut engendrer.
Ce mouvement s’est également répandu dans d’autre pays, mais tout de même pas dans les mêmes proportions. Comme par exemple en Belgique, qui a elle aussi été confrontée ce vendredi 30 novembre à des violences en plein cœur de sa capitale. Ou encore au Burkina Faso avec les « chemises rouges » qui ont manifesté le 29 novembre dans leurs rues. Les gilets jaunes belges et les « chemises rouges » burkinabés ont exactement les mêmes revendications et essayent, tout comme les gilets jaunes français, de faire entendre aux gouvernements leur « ras-le-bol ».
La vision de ce mouvement diffère selon les pays et selon la situation dans lequel ils sont individuellement, certains sont choqués d’autre apprécient et d’autres se rallient. Mais le point commun entre tous les journaux c’est qu’ils donnent l’impression que la France est en guerre, que ce soit sur leurs Unes ou dans leurs articles. Habitant à Paris, c’est une impression que nous ne ressentons pas forcement…
Qu’en adviendra-t-il alors de ce mouvement dans les mois à venir ?
Source : Le Courrier International
Anne-Sophie Gache
Marie-Océane Habyarimana Rugwiro
Caroline Chantalat
Lila Fontanel
Les conséquences économiques du mouvement des gilets jaunes
“Les conséquences sont catastrophiques pour l’économie”, affirme Bruno Lemaire, le ministère de l’économie. Présenté comme un mouvement pacifiste étant contre l’augmentation des taxes carbones, les manifestations organisées par les gilets jaunes ont viré au cauchemar à cause de la présence inattendue de casseurs venus dégrader les magasins et les lieux publics.
Suite à toutes ces agitations de nombreuses conséquences économiques sont intervenues pour les commerçants et pour l’Etat en partie à cause de la baisse du tourisme tandis que la période de Noël qui est importante pour l’économie du pays. Le 10 décembre, le ministère de l’Economie a associé le mouvement des gilets jaunes et la baisse de la croissance en France, ajoutant une diminution de 0,1 point de croissance de la richesse nationale au dernier trimestre.
L’impact sur le tourisme
Paris est une ville emblématique de Noël qui rassemble durant cette période des touristes du monde entier. Le mouvement des Gilets jaunes à déjà causé une forte baisse de 15 à 20% des réservations de chambres dans les hôtels (qui a coûté environ 10 millions d’euros aux hôtels parisiens) et l’annulation de 35000 nuitées à Paris dans les hôtels du milieu haut de gamme (5 étoiles), alors que le mois de décembre est synonyme de gains conséquents pour les commerçants et les hôteliers. Les images violentes sur les Champs-Elysées, les images de l’Arc du Triomphe saccagé de l’extérieur (tags) et de l’intérieur (statut cassé, tagué,…), les images de certains magasins de luxe pillé,… posté sur les réseaux sociaux ou encore dans la presse étrangère a démoralisé les touristes à passer leurs fêtes de fin d’année à Paris. De plus, certaines compagnies d’assurances ont décrété qu’ils couvriraient certaines pertes mais pas la totalité d’entre elles ce qui préjudiciable pour les différents propriétaires.
Qui va payer les dégradations des Champs Élysées ?
Les nombreuses manifestations organisées par les gilets jaunes ont été marquées par la présence de casseurs profitant de la situation pour piller des magasins de luxe ainsi que des monuments historiques ou de simples rues.
Concernant les dégradations sur l’espace public (radars dégradés à travers le pays, tags sur les immeubles, dégradations du mobilier, chaussées,…) elles seront payées par le contribuable parisien selon Le Figaro tandis que les dommages sur les biens de l’Etat seront remboursés par l’Etat lui-même et par les contribuables nationaux.
L’impact sur la grande distribution
Dans une France plus rurale, les nombreux barrages installés depuis le début du mouvement ont eux aussi causé de grandes pertes notamment dans la grande distribution. En effet, on estime à 35 % la perte de chiffres d’affaires au cours du samedi 17 novembre et jusqu’à 400 millions d’euros de manque à gagner. Pour remédier à cela, une quinzaine de fédérations professionnelles se sont réunies à Bercy pour évaluer les conséquences économiques du mouvement des gilets jaunes sur l’ensemble du territoire. De plus, le conseil du commerce de France a demandé au ministère de l’Économie, des Finances et de l’Industrie d’autoriser l’ouverture exceptionnelle des commerces tous les dimanches de décembre et de janvier pour ceux qui le souhaitent. Également, environ 863 entreprises ont sollicité le gouvernement en vue de mettre en partie leurs employés au chômage partiel. Ces mesures du chômage partiel, d’environ 300 000 heures au total, concernant 5 000 emplois, ajoute le ministère du travail. L’Etat a déjà accepté d’allouer 2,5 millions d’euros par rapport au financement de ces mesures. Pour faciliter le finance du chômage partiel, l’Etat est prêt à débloquer 8 millions d’euros pour aider à ce financement car les salariés comptent approximativement 19 000 personnes. A quelques semaines des repas de fête, les blocus créé par le mouvement des gilets jaunes, surtout dans les transports et les centres commerciaux, font qu’il peut y avoir une perte d’environ 13 milliards d’euros dans l’agro-alimentaire. “Notre secteur est en péril, certaines entreprises ne sont plus en capacité de produire et de livrer. Les conséquences sur le chiffre d’affaire et l’emploi sont irréversibles.”, déclare Richard Girardot, président de l’association nationale des industries alimentaires.
L’impact sur le commerce à l’international et en France
Les images violentes de voitures en feu, de jets de pavés ou de dégradations de monument ont fait le tour du monde. Ces dernières donnent une image négative de la France qui serait sur le point de basculer dans l’anarchie, et cela pourrait décourager les investisseurs étrangers et donc fragiliser la modeste croissance nationale. C’était pourtant un des objectifs du gouvernement de faire de la France un pays dans lequel il faut investir. Ces conséquences pour le commerce ont d’ailleurs un impact sévère sur l’économie de la France. Selon la fédération du commerce, avec des magasins bloqués, ou fermés, la baisse de fréquentation par les clients qui ne peuvent plus circuler, des livraisons impossibles à cause du blocage des entrepôts, une rupture sur de nombreux produits et puis le sabotage des pompes à essence… À Paris, des magasins ont signalé une perte d’au moins 50% avec plusieurs dizaines de millions d’euros et l’on constate un fort impact psychologique chez les salariés.
Par ailleurs, le directeur général de l’alliance du commerce, Yohan Petiot, affirme que d’autres supports pourraient profiter de toutes ces dégradations de magasins comme Amazon ou d’autres qui ne payent ni la TVA, ni les impôts sur le chiffre d’affaires.
“Ce sont des milliards qui échappent à l’Etat et aux contribuables.”, ajoute Jacques Creyssel, délégué général de la fédération du commerce et de la distribution.
Source: Le Monde, BFMTV, Franceinfo, RFI
Le figaro.fr, lesechos.fr
Source Photo: Flickr.com
Auteurs:
Samira ELDAHMA, Antoine BESSON, Malak ABDEL RAHMAN, Tiago DONT, Hadrien DESCLOUDS, Baptiste RONET.
« Gilets jaunes » : une possible convergence des luttes ?
« La convergence des luttes consiste à réunir les différentes protestations sociales dans un même mouvement avec pour objectif : la grève générale. »
Mai 1968 est l’exemple le plus connu de convergence des luttes, lorsque les ouvriers et les étudiants se rejoignent, ils créent un mouvement encore jamais vu à ce moment-là avec 7 à 10 millions de grévistes.
Le mouvement des « gilets jaunes » est un mouvement de protestation qui a pris forme en octobre 2018 en France. La principale motivation de ce mouvement était initialement la hausse des taxes sur le prix du carburant. Au cours de ces dernières semaines, de nombreux mouvements ont essayé de se joindre à celui des « gilets jaunes ».
Tout d’abord, les lycéens qui ont voulu en profiter en perturbant des centaines d’établissements à travers toute la France et en manifestant mardi 11 décembre, leurs revendications étant les réformes du bac ainsi que Parcoursup. Ils ont été aidés par les étudiants qui manifestent contre la hausse des frais de scolarité pour les étrangers. Au cours de la manifestation, de nombreux slogans ont été scandés comme par exemple « qui ne saute pas est macroniste ! », ou encore « contre Parcoursup, allez allez, contre le nouveau bac allez allez, contre le SNU allez allez ». Pendant ces périodes, de nombreux affrontements avec les forces de l’ordre qui ont conduit à des interpellations comme celle des lycéens de Mantes-la-Jolie qui a fait le tour des réseaux sociaux car on les voit alignés à genoux sur le sol surveillés par des policiers casqués et matraqués.
Les syndicats se sont aussi mêlés au mouvement, plus particulièrement la CGT qui a appelé « tous les citoyens, actifs et retraités » à manifester le 1er décembre en vue d’exiger des « réponses immédiates et précises » du gouvernement sur le pouvoir d’achat. Philippe Martinez, le numéro un de la CGT a appelé à une grande journée d’action le 14 décembre en déclarant : « les mobilisations ne s’opposent pas. C’est bien qu’il y ait des actions collectives, des gilets jaunes et gilets rouges ». Selon la CGT, ils étaient 15000 à manifester vendredi dernier. Le nom symbolique de « gilets rouges » leur a été donné en référence aux « gilets jaunes ».
Un petit groupe d’agriculteurs distinct des gilets jaunes a aussi profité du mouvement pour « dire stop au matraquage fiscal ». Les jeunes agriculteurs d’Eure-et-Loir ont entre autres déversé 40 tonnes de pierres devant la préfecture et brandi le slogan « qui sème des taxes récolte des pierres ».
On a pu voir aussi pendant la marche pour le climat, des personnes apportant leur soutien aux « gilets jaunes » appelant à « lutter dans un même élan contre l’urgence climatique et l’urgence social » en scandant notamment le slogan : « fin du mois fin du monde, même combat ».
En définitive, on peut dire que certains mouvements ont profité des « gilets jaunes » pour exprimer leurs propres revendications, ils ne l’auraient sûrement pas fait sans le climat de tension qui règne en France actuellement. Ces mouvements auraient pu être l’occasion d’une convergence des luttes mais ils se sont très vite essoufflés, sans doute en raison d’une détermination insuffisante. Mieux vaut donc parler d’une « juxtaposition » , de courte durée, que d’une convergence.
César CLAUSS, Garren YANG, Raphael ASSOUN, Ousmane AIDARA, Alexandre CHABAUDIE
Source : Le Monde (site et journal), L’express (site), le Figaro (site), Wikipédia, Huffingtonpost (site), France info (site), Novethic (site), Brut (site)
Source photos : REUTEURS/Charles PLATIAU, Michel MONTAGNE, REUTERS/Benoît TESSIER
Au terme de ce dossier, il apparaît que ce mouvement de contestation reste extraordinaire par sa soudaineté, sa détermination et parfois sa brutalité. Personne ne l’a vu venir. Cette France, souvent décrite, comme constituée de braves gens que l’on moque par sentiment de supériorité, que l’on ne voit plus car nos autoroutes ne nous permettent plus de nous y arrêter, que l’on ne comprend pas car nos préoccupations ne sont pas les leurs. Cette France s’est rappelée à nous la France des métropoles et des centres villes. Les a-t-on compris ? A-t-on répondu à leurs attentes ? Nous le verrons dans les mois à venir, mais un point mérite notre attention: les propos tenus par certains. Nous ne pouvons pas les tolérer. Tout combat est juste à mener, mais la République et la démocratie sont des valeurs que nous devons respecter et défendre.
La Classe Médias