Depuis quelques années, une nouvelle idée émerge en politique. Elle est actuellement proposée par Benoît Hamon, candidat à la présidentielle de 2017. Il s’agit bien évidemment du revenu universel d’existence. Aujourd’hui, cette nouvelle allocation divise les politiques. Entre Benoît Hamon, fervent partisan de cette mesure, François Fillon qui lui, propose une allocation unique et Manuel Valls qui serait en faveur d’un revenu décent qui ressemblerait à la proposition du candidat des Républicains.
Historique
Cette idée de revenu universel existe depuis des dizaines, voire des centaines d’années. Déjà évoquée par Thomas More en 1516 dans l’ouvrage « L’Utopie » puis par Thomas Paine en 1797 dans « La Justive Agraire » et enfin par les socialistes utopiques du XIXe siècle, comme le juriste belge Joseph Charlier qui s’en inspirent pour défendre l’idée d’un « dividende territorial ».
Les nouveaux partisans de l’idée
Dans la société française actuelle, l’idée d’un revenu universel pour chaque citoyen figurait déjà dans le programme des Verts en 2007. En 2011, Dominique de Villepin défendait le « revenu citoyen» qui aurait garanti à tous les français de plus de 18 ans de recevoir 850€ par mois, dégressif selon ses revenus et se substituant à l’ensemble des autres aides existantes. Puis en 2014 pour les élections européennes, un projet similaire est proposé par Christine Boutin qui l’appelle, le « revenu de base ».
Plus récemment, lors de la primaire de la Gauche, en plus de Benoît Hamon, Jean-Luc Bennahmias, président du Mouvement Démocrate défendait l’idée, voulant offrir à tous les français, 800€ mensuels. L’idée avait aussi séduite Nathalie Kosciusko-Morizet ainsi que Jean-Frédéric Poisson.
Cette allocation permettrait aux français de vivre sans réelles pressions financières. Ces derniers pourraient ainsi choisir, de rapporter plus d’argent en ayant un emploi rémunéré, de continuer ses études, de faire du bénévolat, de s’occuper de leur famille ou encore de créer sa propre entreprise.
Le financement
Benoît Hamon, candidat le plus avancé sur le sujet, proposerait un équivalent du RSA-socle qui se situe aux alentours des 535€ pour ensuite aboutir à 750€ mensuels. D’après la fondation Jean Jaurès, un revenu universel de 750€/mois coûterait aux alentours des 565 milliards d’euros annuels à l’Etat soit 26% du PIB français. Le candidat du PS commencerait par un versement aux 18-25 ans qui coûterait 45 milliards annuels.
Les modalités d’applications
Il est aujourd’hui assez difficile de définir les modalités d’applications du revenu universel. En effet, les partisans de cette idée ne sont pas tous d’accord.
En ce qui concerne le profil des bénéficiaires. Certains voudraient le distribuer sans aucune conditions d’âge ainsi tous les citoyens le recevraient pendant toute leur vie. D’autres proposent de le distribuer seulement aux adultes et si possible, de donner un montant plus faible aux jeunes.
Le montant est le point de désaccord le plus évoqué. Ici, deux groupes s’opposent, ceux qui souhaitent un montant pas très élevé aux alentours des 500 euros afin de ne pas encourager l’inactivité. Contrairement à d’autres qui voudraient un revenu plus proche des 1000€ afin de laisser le choix aux citoyens de travailler ou non.
Le mode de financement est aussi un des points de désaccord, si le revenu universel est mis en place, les dépenses de l’Etat augmenteront considérablement. Certains souhaitent ainsi supprimer une partie des aides existantes telles que le RSA, les aides au logement, les allocations chômage puis les retraites. D’autres souhaitent augmenter l’impôt sur le revenu et créer un impôt nommé « impôt sur les transactions financières ».
Une valeur transverse ?
Compte tenu de la diversité des personnalités politiques en faveur de l’idée, on ne peut pas réellement qualifier cette mesure de droite ou de gauche, son caractère social nous ferait pencher vers la gauche mais quelques libéraux seraient aussi en faveur de l’idée.
Les arguments des opposants
L’argument le plus utilisé contre ce revenu est son coût faramineux. En effet, dans un pays comme la France qui serait endettéE aux alentours de 93% de son PIB, il serait inimaginable, d’après certains économistes, de pouvoir mettre en place une telle mesure. D’autres arguments tels que l’encouragement à l’inactivité et à l’assistanat sont évoqués.
En conclusion…
La Finlande, pays ayant le 41 ème PIB nominal le plus élevé expérimente en ce moment le revenu universel sur 2000 personnes au chômage et qui sont en recherche d’emploi. Chaque personne perçoit 560 € par mois, le projet se terminera au début de l’année 2019. Ces 560€ remplaceront les allocations chômage.
En France, la Gironde sera le premier département de France à tester grandeur nature, le revenu universel de base. Une volonté affirmée par Jean Luc Gleyze, président PS du conseil départemental et défendu par la Fondation Jean-Jaurès, qui en étudie les modalités selon quatre scénarios :
- Dans le prolongement d’une étude du Cepremap (Centre pour la recherche économique et ses applications) : la fusion du RSA et des APL,
- Dans le prolongement du rapport Sirugue : fusion de 10 minimas sociaux pour assurer une couverture socle commune assortie de compléments pour les plus fragiles,
- Un revenu de base universel et inconditionnel à 750 €,
- Un revenu de base universel et inconditionnel à 1000 €.
Ainsi cette expérience locale nous permettra de mieux appréhender les conséquences qu’aura ce revenu sur la population, la précarité, le marché du travail ainsi que sur la consommation.
Sources photo : AFP/ Philippe Wojazer
Joachim Schauving