Une semaine assez spéciale avec l’annonce des prix Nobel 2017.
Ainsi le premier prix Nobel décerné par les jurys suédois est la médecine le lundi. Suivront la physique mardi, la chimie mercredi, la littérature jeudi, la paix vendredi et le prix d’économie le 9 octobre. Cette année, chaque prix est de neuf millions de couronnes suédoises (environ 937 000 euros).
Médecine
Le lundi 3 octobre le Nobel de médecine et de physiologie a été décerné aux américains Jeffrey C. Hall, Michael Rosbash et Michael W. Young pour leurs travaux sur l’horloge biologique qui éclairent l’adaptation du corps au cycle du jour et de la nuit, mais aussi les troubles du sommeil ou ceux liés au décalage horaire. Les trois scientifiques ont été récompensé pour « leurs découvertes des mécanismes moléculaires qui règlent le rythme circadien », a indiqué l’Assemblée Nobel de l’Institut Karolinska à Stockholm. Le terme scientifique de « rythme circadien » désigne une des fonctions vitales importantes chez les êtres vivants multicellulaires : il régule le comportement des cellules selon les paramètres de la journée.
Observés chez de nombreuses espèces, les origines et le fonctionnement de ce cycle sont longtemps restés inconnus. Les travaux de ces trois chercheurs ont permis, en 1984, d’identifier le premier gène impliqué dans la gestion de cette horloge interne. En 1994, Michael Young a identifié un second gène de l’horloge biologique essentiel à la régulation du rythme circadien. La recherche moderne a mis en lumière le rôle fondamental de ces mécanismes dans l’espérance de vie et la santé, comme les conséquences néfastes du travail de nuit à long terme sur l’organisme des infirmières et des ouvriers postés. Aussi plusieurs études ont montré qu’un rythme perturbé aggravait les risques pour la santé, et notamment les risques de cancer.
Physique
Rainer Weiss, Barry C. Barish et Kip S. Thorne ont reçu, mardi 3 octobre, le Nobel de physique pour avoir validé une incroyable prédiction d’Einstein: l’existence d’ondes gravitationnelles créées par les trous noirs, une révolution qui propulse notre connaissance de l’univers jusqu’au coeur du Big Bang.
Ces trois chercheurs sont responsables du détecteur LIGO (Laser Interferometer Gravitational-Wave Observatory). Cet outil d’une sensibilité inouïe, construit entre 1994 et 1997 aux États-Unis, a permis en 2015 de détecter pour la première fois des ondes gravitationnelles.
Chimie
Le prix Nobel de chimie a récompensé, mercredi 4 octobre, trois biophysiciens pour la cryo-microscopie électronique (cryo-ME) qui permet d’observer des molécules sans les altérer et en 3D, une percée technologique qui a notamment fait ses preuves dans le décryptage du virus Zika et la maladie d’Alzheimer.
Le Suisse Jacques Dubochet, 75 ans, l’Américain Joachim Frank, 77 ans, et le Britannique Richard Henderson, 72 ans, ont été récompensés pour avoir mis au point cette méthode révolutionnaire qui a grandement amélioré les images obtenues par les microscopes électroniques, devenue depuis indispensable dans de nombreux laboratoires.
Littérature
Le Britannique Kazuo Ishiguro a reçu le prix Nobel de littérature, jeudi 5 octobre. Il « a révélé, dans des romans d’une grande force émotionnelle, l’abîme sous l’illusion que nous avons de notre relation au monde », a indiqué la secrétaire perpétuelle de l’Académie suédoise, Sara Danius, lors de l’annonce rituelle sous les ors de la salle de la Bourse à Stockholm.
Kazuo Ishiguro est né en 1954 à Nagasaki, ravagée neuf ans plus tôt par la bombe atomique pendant la deuxième guerre mondiale. Il partira en 1960 pour le Royaume-Uni. Après des études de lettres et de philosophie à l’université du Kent, Ishiguro publie son premier roman, Lumière pâle sur les collines, en 1982. Six autres suivront, chacun d’entre eux explorant des thèmes et des décors différents, mais avec un même fil conducteur cher à Ishiguro, celui de la mémoire.
Paix
C’est finalement à la Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires (ICAN) qu’est revenu le prix Nobel de la paix ce vendredi 9 octobre pour ses efforts continus depuis dix ans pour abolir l’arme nucléaire, mais aussi sa contribution majeure au traité d’interdiction des armes nucléaires adopté en juillet par cent vingt-deux pays membres des Nations unies.
Ce traité, élaboré en quelques mois seulement, prévoit l’interdiction totale du développement, du stockage et de la menace d’utilisation des armes nucléaires. Un succès sans précédent pour cette coalition fondée en 2007 et forte de plus de quatre cent cinquante ONG partenaires présentes dans une centaine de pays.
Le prix Nobel s’inscrit également dans un contexte chargé de tensions entre les États-Unis et, d’une part, la Corée du Nord, qui multiplie les essais nucléaires et, d’autre part, l’Iran, dont Donald Trump veut remettre en cause l’accord conclu en 2015.
« Nous vivons dans un monde où le risque que les armes nucléaires soient utilisées est plus élevé qu’il ne l’a été depuis longtemps. Certains pays modernisent leurs arsenaux nucléaires, et le danger que plus de pays se procurent des armes nucléaires est réel, comme le montre la Corée du Nord », a déclaré la présidente du comité Nobel norvégien, Berit Reiss-Andersen, qui a appelé les puissances nucléaires à entamer des « négociations sérieuses » en vue d’éliminer leur arsenal.
Sciences économiques
Lundi 9 octobre, le prix en sciences économiques décerné par la Banque de Suède a été attribué à l’économiste américain Richard Thaler, de l’université de Chicago, fondée par Milton Friedman, autre lauréat du prix d’économie (1976).
Richard Thaler est l’un des pionniers des théories comportementalistes en économie, qui étudient les biais cognitifs des acteurs économiques et plus particulièrement des consommateurs et des investisseurs. S’opposant au postulat que les acteurs d’une économie sont tous parfaitement rationnels, les théories comportementales ont montré comment les caractéristiques sociales ou psychologiques influent largement sur les prises de décision collectives ou individuelles, aboutissant régulièrement à des décisions non rationnelles.

Sources :http://www.lepoint.fr/sciences-nature/le-prix-nobel-de-medecine-a-trois-americains-pour-leurs-travaux-sur-l-horloge-biologique-02-10-2017-2161398_1924.php
http://www.nicematin.com/faits-de-societe/paix-chimie-litterature-a-qui-ont-ete-attribues-les-prix-nobel-2017-172364
http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2017/10/09/qui-sont-les-laureats-des-prix-nobel-2017-et-qu-ont-ils-fait_5198518_4355770.html
Sources photos : nouvelobs /ireberomag.com
Marie-Joe Farah