Une colonie française au XXIème siècle

Ce mercredi 13 mai, après plusieurs journées d’émeutes et la mort de 3 personnes, l’état d’urgence sur l’ensemble du territoire de la Nouvelle-Calédonie a été décrété. Bien que ce soit une collectivité française, beaucoup des Français de métropole ne connaissent pas ou très peu ce territoire bien moins attrayant pour les touristes que la Polynésie Française voisine. Aujourd’hui on peut se poser la question suivante : pourquoi un territoire français est-il aussi divisé ?Pour répondre à cette question, nous nous intéresserons à l’histoire complexe de la Nouvelle-Calédonie.

1 : Avant la colonisation 
La Nouvelle-Calédonie a été jusqu’à sa découverte par les Européens en 1774 une terre isolée du reste du monde et peuplée par une population autochtone appelée Kanaks. Mais à partir de sa découverte par James Cook, les Anglais commencent à s’installer dans l’archipel afin de réaliser du commerce et de convertir la population à la foi protestante. Mais cela ne plait pas à la France de Napoléon III, qui est catholique et ennemie de l’Angleterre. Ainsi, afin de créer une colonie pénitentiaire dans un lieu encore dépourvu de toute colonisation, les Français déclarent la Nouvelle-Calédonie comme étant colonie française, avant les Anglais, en 1853.

2 : Le passage de la Seconde Guerre mondiale 
Pendant la Seconde Guerre mondiale, la colonie est, dès 1940, rattachée à la France Libre et accueille même des soldats américains pendant la guerre du Pacifique. Après la Seconde Guerre mondiale, la Nouvelle-Calédonie devient officiellement un territoire français et les Kanaks des citoyens français obtenant ainsi le droit de vote. Celui-ci est au début réservé à l’élite Kanak puis progressivement donné à tous les anciens indigènes.

3 : Le boom du nickel 
Mais, dans les années 1960, de gigantesques mines de nickel sont découvertes sur l’archipel, ce qui provoquera une vague d’immigration venue d’Europe, de Wallis-et-Futuna et d’autres pays de la zone indopacifique. Cette immigration est encouragée par le pouvoir français car la Nouvelle-Calédonie est alors devenue une réserve d’argent immense grâce à l’or vert (le nickel). Mais elle est tellement importante que dès 1963, les Kanaks ne sont plus majoritaires sur l’île. Ceci va provoquer dans les années 1980 des affrontements entre des milices indépendantistes et des milices anti-indépendance soutenues par des partis politiques calédoniens. Ces milices anti-indépendance sont principalement composées de Caldoches, les descendants des colons. Ces affrontements finissent en insurrections incontrôlables pour le gouvernement métropolitain et conduisent à ce que l’ONU remette la Nouvelle-Calédonie sur la liste des territoires non autonomes et à décoloniser.Finalement la situation s’apaise avec les accords de Matignon, qui prévoient la mise en place d’un référendum d’autodétermination prévu pour l’année 1998.
Seulement, en 1998, les accords de Nouméa donnent une autonomie plus forte au territoire mais repoussent le référendum initialement prévu jusqu’en 2018. 4 : Les référendums
Ainsi, en novembre 2018, le référendum a enfin lieu. Celui-ci doit trancher la question de l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie, et c’est le non qui l’emporte avec 56,4 % des votes. Ceci peut s’expliquer par le fait que la Nouvelle-Calédonie reçoit une grande aide financière du gouvernement français, et que l’indépendance signifierait la perte de la grande partie des recettes de l’île. Mais, grâce à des clauses contenues dans l’accord de Nouméa, le référendum est organisé deux nouvelles fois : en 2020, où le non l’emporte à 53 % et en 2021, où les indépendantistes boycottent ce référendum qu’ils jugent effectué trop tôt et en pleine crise sociale avec le Covid-19.
Ainsi, la Nouvelle-Calédonie n’est pas devenue indépendante avec ces référendums mais cela a contribué à l’ouverture des négociations avec le gouvernement français, afin de donner encore plus d’autonomie à l’archipel.

5 : La situation actuelle 

Aujourd’hui, la Nouvelle-Calédonie s’embrase à cause d’un projet de loi visant à réviser la Constitution. Cette réforme permettrait à la population arrivée sur l’île après 1998 d’obtenir le droit de vote pour les élections provinciales s’ils ont résidé pendant au moins 10 ans sur l’ile. Mais ceci minimiserait encore l’influence des Kanaks lors des élections, car la majorité des personnes arrivées sur l’île depuis 1998 sont des Français attachés à la métropole et ne souhaitant pas être indépendants.Ainsi, cette manœuvre politique du gouvernement a provoqué une nouvelle escalade des tensions entre les indépendantistes et les loyalistes, et les affrontements qui ont lieu rappellent déjà les événements des années 1980.

La Nouvelle-Calédonie est importante pour la France, car elle lui permet d’avoir une présence dans une zone où l’influence des autres Etats comme la Chine ne fait qu’augmenter, mais aussi parce qu’il y a aujourd’hui une trop grande communauté française sur l’ile. C’est pour ces raisons que la Nouvelle-Calédonie ne sera certainement pas indépendante dans un futur proche. En revanche, il va certainement y avoir de nouveaux accords donnant une autonomie plus forte au territoire, au vu des violences actuelle.

Que se passe-t-il en Nouvelle Calédonie ?
 
La Nouvelle-Calédonie a connu une nouvelle nuit de troubles alors que les députés ont voté mardi soir à Paris une mesure qui a suscité la colère des indépendantistes, quatre personnes ont été tuées et l’état d’urgence a été déclaré dans le pays, le haut-commissaire de la république s’exprime alors sur la perspective d’une « guerre civile ». 
 
Que ce passe-t-il ? Pourquoi la situation est-elle si critique ? 
Comment en est-on arrivé là ? 

Alors que les violences continuent en Nouvelle-Calédonie, elles atteignent un niveau inédit qui inquiète énormément la population sur place. La raison de ces émeutes et de cette colère d’une partie des habitants : l’adoption par l’Assemblée nationale (à Paris) d’une réforme constitutionnelle qui vise à élargir le nombre de personnes pouvant voter lors des élections locales.

Timothée Hallais et Simon Peyrel

 
Pour bien comprendre la situation il faut revenir en arrière, la Nouvelle-Calédonie est un territoire français d’outre-mer qui n’est donc pas un département comme par exemple la Martinique ou la Réunion cela signifie qu’elle a davantage d’autonomie administrative avec des accords et des règles spécifiques concernant l’économie les taxes ou encore l’éducation en fonction de ses particularités locales.
 
Il est important de comprendre que le territoire est divisé en trois grandes provinces chacune gérée par une assemblée provinciale la source du problème se trouvent là : seules les personnes qui se sont inscrites sur les listes électoral avant 1998 ou bien leurs descendants ont le droit de voter pour ces assemblées provinciales et le but de cela est d’assurer une représentation majoritaire des kanaks (présents avant les français) lors des élections.
 
C’est une règle spécifique parce que ça ne fonctionne pas comme ça dans le reste du territoire ou en France métropolitaine. C’est donc une règle qui est aujourd’hui inscrite dans la Constitution autrement dit la loi suprême en France. Cependant, le texte qui a été voté dans la nuit en France métropolitaine prévoit d’ouvrir pour les prochaines élections provinciales le vote à tous les citoyens résidant en Nouvelle Calédonie depuis au moins 10 ans, concrètement, en changeant cette règle, et bien cela ajouterait environ 25000 électeurs supplémentaires et, pour faire très simple si une personne est arrivé il y a 10 ans en Nouvelle-Calédonie, elle peut voter au même titre que les personnes résident là depuis au moins 1998 ainsi que leur descendance. Mais ce qu’il faut bien comprendre est que il y a donc des divisions au sein de la population calédonienne : avec d’un côté les indépendantistes, ceux qui sont favorables à l’indépendance du territoire vis-à-vis de la France, c’est le cas notamment d’une part importante des kanaks. Et en face il y a les loyalistes (contraires des indépendantistes) qui sont eux favorable au maintien de la Nouvelle-Calédonie en France. Ces désaccord sur la question de l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie ont mené entre 1984 et 1988 à des affrontements et des années de quasi guerre civile qui se sont conclus par les accords de Nouméa (Capital de la Nouvelle-Calédonie) de 1998, des accords qui ont donné lieu à trois référendum pour l’indépendance du territoire en 2018, 2020 et 2021. L’objectif de ces référendums était de demander à la population de Nouvelle-Calédonie si oui ou non ils souhaitent que la Nouvelle-Calédonie reste une partie du territoire français. Lors de ces trois référendums c’est le non qui l’a remporté donc il n’y a pas eu d’indépendance de la Nouvelle-Calédonie, et, sur la question de ce corps électoral, donc de qui peut voter ou non, il y a eu des désaccords d’interprétation. Alors, certains indépendantistes s’opposent à cette réforme d’élargissement du vote puisque selon eux cette réforme risque de leur être défavorable et de minoriser encore plus le peuple kanaks, les kanaks qui sont aujourd’hui majoritairement au pouvoir en Nouvelle-Calédonie.
  
Mais que se passe-t-il sur place ? 

Sur place, la colère de certains indépendantistes s’est transformée en émeute. En l’espace de quelques jours, avec des affrontements violents dans la nuit de mardi à mercredi, quatre personnes sont mortes dont un homme tué par balle ainsi qu’un gendarme. Au total plus c’est plus d’une centaine de policiers et de gendarmes qui ont été blessés dans des affrontement face aux émeutier. Mais il n’y a pas que des gendarmes et des policiers ayant été touchés, des habitants ont également été blessés, face à cela selon des témoins interrogés par France Info, notamment des quartiers de Nouméa ont mis en place des milices avec des rondes et des personnes armé, certains habitants ont même mis en place leur propre protection leur groupe qui est appelé les « voisins vigilants ». Un couvre-feux a été instauré de 18h à 6h et 140 interpellations au total ont eu lieu. Au-delà de ces violences il y a aussi un climat de panique avec de longues fil d’attente dans les magasins et des pénuries alimentaires, alors, face à tout cela, le président de la République Emmanuel Macron a présidé ce mercredi matin un conseil de défense et de sécurité consacrée à la situation il a déclaré dans la foulée l’état d’urgence, c’est une mesure d’urgence qui permet aux autorités d’étendre temporairement leur pouvoir pour restaurer l’ordre. De son côté Louis Lefranc, le haut commissaire de la République en Nouvelle-Calédonie, qui est un représentant de l’État français a évoqué ce mercredi une situation « insurrectionnelle » qui peut prendre  « une forme de guerre civile ». il y a eu également de nombreux appels au calme, et, Emmanuel Macron a demandé aux indépendantistes et aux non indépendantistes de trouver un accord. S’il y a un accord, et bien cette réforme constitutionnelle sera abandonnée, mais si aucun accord n’est trouvé le président français a prévenu que le Congrès, l’Assemblée nationale et le Sénat se réunirait avant fin juin à Versailles et acterait officiellement cette réforme constitutionnelle qui élargit le corps électoral.

On peut donc se demander comment va se dérouler la suite des événements ?

Manon LE MERRER
Charlotte DROUIN
 
Avec la participation de :
 
Rinad ABOUGHANEM 
  
Sources:
https://www.lexpress.fr/societe/violences-en-nouvelle-caledonie-un-mort-et-des-centaines-de-blesses-les-dernieres-infos-DJEECJRADBAQNNEMHU23Z6U4X4
https://www.bfmtv.com/politique/tout-comprendre-nouvelle-caledonie-pourquoi-le-projet-de-revision-constitutionnelle-attise-la-colere_AD-202405140428.html
https://voixducaillou.nc/2024/05/11/glissant-ou-gele-lambiguite-caledonienne
https://www.francetvinfo.fr/france/nouvelle-caledonie-iles-loyaute/nouvelle-caledonie-face-aux-violences-des-habitants-de-noumea-organisent-des-rondes-armees-dans-certains-quartiers_6545357.html

Nouvelle opération en Nouvelle Calédonie

Le gouvernement français a récemment annoncé le déploiement de troupes militaires en Nouvelle-Calédonie pour « assurer la protection des bâtiments publics » .

Contexte historique

Ancienne colonie française, la Nouvelle Calédonie s’interroge depuis 1980 sur son indépendance. Les tensions entre les opposants et partisans de l’indépendance éclatent à de multiples reprises
Récemment, après trois référendums qui ont tous rejeté l’indépendance, des négociations s’ouvrent sur l’établissement d’un nouveau statut pour la Nouvelle-Calédonie au sein de la République française.
Mais en mai 2024, des émeutes ont lieu faisant plusieurs morts dont des gendarmes et aboutissant à la proclamation de l’état d’urgence.

Le Conseil du 20 mai

Le Conseil de défense organisé à l’Élysée ce lundi 20 mai est le troisième depuis le début des émeutes en Nouvelle-Calédonie. Emmanuel Macron a constaté « de nets progrès dans le rétablissement de l’ordre » et il a été décidé de mobiliser pour un temps des personnels militaires pour « protéger les bâtiments publics » et soulager ainsi les forces de sécurité intérieure. Après une semaine d’émeutes ayant fait six morts dont deux gendarmes, le premier ministre Gabriel Attal a annoncé qu’il reste encore du chemin avant le retour à la normale sur l’île.

Les loyalistes ont pour la plupart accueilli la nouvelle avec soulagement, espérant que la présence militaire dissuadera les actions violentes et rétablira un climat de sécurité. Cependant, les indépendantistes voient cette décision comme une démonstration de force. Des politiques kanak ont exprimé leur désapprobation, appelant au dialogue plutôt qu’à l’intervention militaire.

À court terme, la présence des forces armées devrait contribuer à stabiliser la situation et à protéger les infrastructures essentielles. Toutefois, cette intervention risque de radicaliser davantage les factions indépendantistes et de rendre le dialogue plus difficile. Le futur statut de la Nouvelle-Calédonie reste incertain. Bien que les multiples référendums aient rejeté l’indépendance, le sentiment d’injustice parmi les Kanaks demeure.

La décision de l’Élysée de déployer des militaires en Nouvelle-Calédonie est une réponse à des années de tensions, même si cette mesure peut apporter une stabilité temporaire, elle souligne la nécessité de trouver un chemin d’entente entre les différentes communautés de l’archipel.

https://www.bfmtv.com/politique/nouvelle-caledonie-l-elysee-annonce-le-deploiement-de-militaires-pour-proteger-les-batiments-publics_AP-202405200807.html

https://www.francetvinfo.fr/france/nouvelle-caledonie/direct-crise-en-nouvelle-caledonie-les-depouilles-de-deux-gendarmes-rapatriees-dans-l-hexagone-lors-d-une-ceremonie-d-hommage_6555323.html

https://www.lefigaro.fr/actualite-france/nouvelle-caledonie-emmanuel-macron-constate-de-nets-progres-dans-le-retablissement-de-l-ordre-20240520

https://www.bfmtv.com/politique/direct-nouvelle-caledonie-nouveau-conseil-de-defense-ce-lundi-au-moins-6-morts-depuis-le-debut-des-emeutes_LN-202405200026.html

https://www.ouest-france.fr/monde/nouvelle-caledonie/

https://fr.wikipedia.org/wiki/Nouvelle-Calédonie

Mattéo

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