Spéciale 1er tour de l’élection présidentielle
Macron, victoire sur les ruines d’une gauche perdue
Emmanuel Macron arrive donc en tête de l’élection avec 23,7%. Comme le prédisaient les sondages depuis des mois, le candidat d’« En marche » se positionne en tête du scrutin. Macron est le grand vainqueur de cet événement ; il est celui qui a dynamité les partis ; a fait s’écrouler les structures traditionnelles de la politique. Il est l’homme qui a su, avec intelligence, rassembler les électeurs du centre droit et du centre gauche. La France est au spectacle ! Macron est l’enfant terrible du libéralisme mondialisé. C’est le candidat de l’Europe qui arrive en tête. Mais pourrait-il battre Marine Le Pen ? « Le candidat du système, la représentation (diabolique, dirons certains) de ce système, contre la candidate de l’antisystème, de l’antimondialisation ». Alors, pourrons-nous avoir quelque surprise, seul l’avenir nous le dira…
Marine Le Pen, seconde mais … !
La candidate anti-européenne totalise 21,9% des voix, se hissant donc à la deuxième place, derrière Emmanuel Macron. La candidate de l’anti-mondialisation reste solide devant le candidat d’ « En marche ». Aux accents de rassemblement et de combat, son discours énoncé a été celui d’une envie de mobiliser les forces de la droite réactionnaire et souverainiste. Marine Le Pen y croit. Certes, ses chances sont minces mais existent néanmoins. Une chose est sûre, la candidate FN devra rassembler. Après une dure campagne, elle a su réunir un nombre important d’électeurs. Elle représente en effet deux électorats : l’un réactionnaire, proche de F Fillon, porté sur les questions de société ; l’autre étant un électorat populaire composé d’ouvriers et d’une classe défavorisée abandonnée par le système politique. Le débat oppose donc deux visions de la France, bien différentes il est vrai, mais qui révèlent la fracture présente dans notre société ; une division puissante, forte qui est au cœur de notre situation politique.
Alors, la candidate souverainiste arrivera-t-elle à gagner et à remporter cette élection ? La réponse est exactement dans deux semaines.
Fillon ou la terrible conséquence des affaires
Ecoutez, vous entendez ? Tous ces responsables, les uns après des autres dire : « C’est une défaite certes mais il y a les législatives ! ». Ils pensent que cette phrase sortie d’une étrange logique résout tous les problèmes posés ; que cet échec s’effacera comme par enchantement… mais il n’en est rien. La droite est blessée, tuée, décapitée, poignardée par ses deux ailes. La faute à qui ou à quoi ? Aux affaires bien sûr. Si Fillon ne totalise que 19,7% ce n’est qu’à cause des affaires, du « Pénélopegate ». Fillon est fini .
Mais il est à retenir que malgré les affaires et les mises en examen, l’électorat de la droite est resté puissant, fort, solide tout de même. Combien de gens croyaient que Fillon s’effondrerait? Beaucoup. Cela montre une chose : l’électorat réactionnaire constitue une force capitale sur l’échiquier politique, plus résistant que celui de gauche.
Fillon a perdu, normalement, logiquement. La droite française se relèvera-telle dans les prochains mois, dans les prochaines années ? Qui sera le nouveau maitre de la droite française?
Mélenchon fait battre le cœur de la gauche
Après une très bonne campagne, le candidat de la « France insoumise » est arrivé en quatrième position avec 19,5%. Sur des accents utopistes et des thèmes antilibéraux, Jean-Luc Mélenchon nous offre comme surprise de hisser la gauche radicale dans toute sa splendeur à un score jamais vu depuis au moins 30 ans pour cette gauche marxiste et proche du PCF.
C’est aussi une gauche au projet souverainiste, une gauche qui parle aux ouvriers, « aux prolétaires ! », qui parle les yeux dans les yeux, non pas à une classe bourgeoise « boboisée », mais à la France, insoumise peut-être. Mélenchon réussit le pari de rassembler un nombre d’électeurs conséquent, plus important que celui de 2012.
Mais si le candidat de la «France insoumise» réussit à atteindre ce score, c’est en grande partie grâce au virage souverainiste de sa campagne; en retirant l’aspect communiste, dans la forme, de ses discours il a su s’élever au-dessus d’un clivage partisan.
La question qui doit être posée est la suivante: le parti de Jean-Luc Mélenchon peut-il remporter une victoire aux élections législatives ?
Hamon ou le PS en état de décomposition
6,3%, c’est le terrible score du candidat socialiste, Benoît Hamon. Depuis 1969, jamais le PS n’a été aussi bas dans les résultats d’une élection nationale. C’est un échec colossale, un écroulement, non d’un seul homme mais de tout un parti, de toute une orientation politique. Souvenez-vous, le parti socialiste était le premier parti de France en 2012 ; souvenez-vous du score de François Hollande cette même année.
Mais Hamon n’est pas le responsable de cette défaite, il n’est que la pauvre victime qui subit les terribles conséquences des années de pouvoir du camp socialiste ; pas seulement des années Hollande mais également celles de Jospin et de Mitterrand. Il n’est qu’un petit candidat, placé au mauvais endroit et au mauvais moment.
Aujourd’hui le PS est fracturé, divisé, presque mort.
Voilà le seul scénario possible: le parti socialiste se divisera en deux, une partie ira vers Macron et l’autre rejoindra Mélenchon. Le score de Benoît Hamon signe la fin du PS.
Crédits photo pour Marine Le Pen : ALAIN JOCARD / AFP, pour François Fillon : Martin BUREAU/AFP ; pour Jean Luc Mélenchon : Patrick CAIDA ; pour Benoît Hamon : © AFP
Corentin Masson