Depuis le 7 avril 2023, l’Etat d’Israël est en guerre contre le Hamas, une organisation palestinienne considérée comme terroriste par la majorité des pays occidentaux.Le Hamas est soutenue indirectement par le gouvernement de la République Islamiste d’Iran qui mène une guerre de l’ombre contre Israël depuis des décennies. Mais, pour la première fois depuis l’histoire de la création de la RI d’Iran, une attaque directe contre le territoire Israélien a été réalisé par l’armée persane.
Après la réponse militaire israélienne passée sous silence par la majorité des médias, nous pouvons aujourd’hui nous poser la question suivante : pourquoi cette nouvelle escalade de la violence dans le Moyen-Orient a-t-elle eu lieu et quelles peuvent en être les conséquences ? Dans cet article, après avoir rappelé l’histoire des relations entre Israël et l’Iran, nous verrons quelles sont les conséquences internationales engendrées par la riposte israélienne.
Les relations entre l’Iran et Israël :
Tout d’abord, revenons sur les relations entre l’Iran et Israël de sa création en 1948 jusqu’à la révolution iranienne : Au tout début de l’existence d’Israël, l’Iran est un des premiers pays musulmans a s’être approche de l’Etat hébreu. L’Iran reconnait l’existence de l’Etat d’Israel, il est le principal partenaire énergétique d’Israël de 1950 a 1970. Sous le gouvernement du Chah, il est même envisagé la création de projets militaires commun. Toutefois, en raison de l’opinion publique iranienne majoritairement antisioniste et anti-américaine, la majorité des accords passés entre Israël et l’Iran avait lieu de manière officieuse. En 1979, la révolution islamiste chasse le Chah d’Iran et porte à la tête du gouvernement l’ayatollah Khomeyni. La politique d’accords officieux prend fin. La théocratie iranienne est profondément antisioniste. Bien que Khomeyni soit hostile à l’Etat d’Israël, il ne reconnaît pas l’OLP de Yasser Arafat (Organisation de libération de la Palestine) avec qui il entretient même des relations conflictuelles à partir du début de la guerre en Irak parce que l’Organisation soutient le régime de Bagdad. C’est pourquoi, l’Iran soutient financièrement des organisations islamistes anti-israélienne comme le Jihad islamiste, le Hamas ou encore le Hezbollah au Liban. Ces organisations sont toutes de confessions chiites et si elles sont financées par l’Iran, c’est parce qu’elles sont aussi en guerre contre l’OLP. La politique de l’Iran était non-interventionniste en Israël estimant que la cause palestinienne concernait d’abord la Palestine et les pays limitrophes. Pour l’Etat hébreu, le principal ennemi à l’époque était l’Irak de Saddam Hussein, ils préfèrent donc garder une paix froide avec l’Iran. « Les ennemis de mes ennemis sont mes amis. » Après la défaite Irakienne et le renversement du régime d’Hussein, la montée en puissance de l’Iran a commencé à inquiéter les observateurs occidentaux. L’antisionisme et l’antisémitisme notoire de certains dirigeants iraniens ont contribué encore plus à refroidir les relations entre l’Iran et la majorité du monde même arabe. En 1992, lorsque pour la première fois, le problème d’une possible menace nucléaire iranienne a été soulevé par les Etats-Unis, Israël s’est dit « prêt a entreprendre une action militaire unilatérale contre l’Iran si la communauté internationale ne faisait rien pour mettre fin au développement d’armes nucléaires dans les installations d’énergie atomique de ce pays ». Cette offensive militaire n’a finalement jamais eu lieu, mais pèse toujours comme une menace potentielle contre la République islamique, si jamais l’escalade de la violence ne s’arrête pas.
Ainsi, aujourd’hui, les relations sont au point mort avec une guerre de l’ombre menée par l’Iran qui continue de financer des groupes islamistes opérant contre Israël. Mais, après l’attaque israélienne contre l’ambassade Iranienne en Syrie qui provoqua les morts de hauts dignitaires et généraux du régime iranien, l’Iran réalise, en représailles, pour la première fois une opération directe sur le sol israélien.Nous allons maintenant voir quelle a été la réponse de l’armée de Tsahal.
La riposte israélienne :
Vendredi 19 avril 2024, sur la base aérienne d’Ispahan, principale base de défense aérienne des installations nucléaires iraniennes, des explosions ont été entendues. Malgré de nombreuses informations contradictoires et des non dits de la part du gouvernement iranien et israélien, on connaît déjà une partie de l’ampleur de cette riposte historique de l’Etat des Juifs.
Israël aurait attaqué le territoire iranien de plusieurs manières : tout d’abord, un ou plusieurs missiles auraient été tirés depuis un avion en dehors de l’espace aérien iranien. L’existence de ces missiles a été démentie par les hauts dignitaires iraniens, mais de nombreuses sources en Israël et en Iran s’accordent sur la réalité de cette attaque.Ce qui est sûr, c’est que de nombreux drones explosifs ont été envoyés à partir du territoire iranien sur même territoire, l’armée israélienne a donc réussi sur le territoire perse. On sait qu’Israël avait déjà réalisé ce genre d’opération en Syrie ou au Liban et ce n’est pas la première fois que les services secrets israéliens interviennent sur le territoire iranien pour éliminer des cibles importantes du régime. En revanche, c’est la première fois qu’Israël lance une attaque direct sur le territoire perse en utilisant des vecteurs (missiles et drones). Une attaque des intérêts iraniens en Syrie a aussi été réalisé ce soir là, prouvant la volonté de le Premier ministre Netanyahu de cibler tous les alliés régionaux de l’Iran. Cette attaque a été passée sous silence par la majorité des médias, occidentaux comme pro-iranien, qui n’en ont pas ou très peu parlé. En effet, pour les deux belligérants, il vaut mieux que cette affaire ne fasse pas trop de bruit. Pour l’Iran, il vaut mieux minimiser l’ampleur de cette attaque afin de montrer un message fort au reste du monde et aux habitants de la République islamiste. L’Iran ne peut pas être touchée et est invulnérable. Ainsi, les seuls médias iraniens qui ont parlé de la riposte en ont parlé pour montrer l’inefficacité supposée de l’armée israélienne et l’incapacité de celle ci à réaliser des frappes importantes.
Pour Israël, il ne faut surtout pas prendre la responsabilité de l’attaque afin d’éviter un retournement de l’opinion des pays occidentaux et surtout une fin de l’alliance avec les Etats-Unis. C’est pourquoi, la riposte n’a pas été revendiquée par l’armée de Tsahal et a été volontairement réduite afin de ne pas imposer à l’Iran une trop grosse perte matérielle qui conduirait inévitablement à une nouvelle réponse. Chacun a mesuré ses forces.
L’aide des Etats-Unis est absolument vitale pour Israël dont 90% des munitions proviennent d’outre-Atlantique. Depuis le début de l’intervention israélienne dans la bande de Gaza, Netanyahu n’écoute aucune des recommandations de l’administration Biden et refuse obstinément d’accorder un cessez-le-feu humanitaire à Gaza. Ainsi, la peur de perdre cet allié historique force Israël à se calmer et à ne pas répondre trop violemment. Toutefois, Israël a été obligée de riposter afin de montrer que l’Etat des Juifs ne se laisse pas faire et qu’on peut pas l’attaquer sans s’attendre à une réponse.
Si cette escalade constante de la violence continue entre les deux pays du Moyen-Orient, on peut se demander quelles en seront les conséquences géopolitiques et c’est ce que nous présenterons maintenant.
Les conséquences :
Tout d’abord, on peut craindre un grand nombre de conséquences économiques. L’Iran est un des plus grands exportateurs de pétrole et de gaz au monde et en cas d’une attaque israélienne sur des installations pétrolières, l’ensemble des marchés financiers pourraient s’emballer et on pourrait craindre une nouvelle augmentation du coût de l’énergie.
Cet emballement des marchés financiers a été enregistré juste après l’attaque iranienne mais les cours se sont finalement calmé lorsque l’on a appris que la riposte israélienne était plutôt modéré.
Malgré cette riposte faible, on peut tout de même craindre des conséquences géopolitiques majeures dans la région du Moyen-Orient, une région divisée par les religions et les alliances qui créent deux blocs s’affrontant majoritairement dans l’ombre: les Sunnites et les Chiites.
Si l’Iran et Israël continuent à s’affronter sans jamais chercher un terrain d’entente et si Israël continue de bombarder sans retenue la bande de Gaza, provoquant ainsi la colère d’une grande partie du monde arabe et même des populations occidentales, une guerre ouverte entre les alliées d’Israël et le reste du monde arabe pourrait de nouveau avoir lieu. Et cette possible guerre aurait alors des conséquences hors de l’inimaginable car Israël n’est plus seule : elle dispose bien évidemment encore du soutien des États-Unis et des pays occidentaux, mais elle a même maintenant normalisé ses relations avec certains pays arabes, et ces pays à majorité sunnites pourraient tout donner pour que l’Iran soit affaiblie afin qu’elle arrête de financer les mouvements chiites dans le monde.
Malgré tout, cette hypothèse reste pour l’instant plutôt invraisemblable et après avoir vu que les deux attaques étaient plutôt des démonstrations de forces dont les deux Etats sont ressortis gagnants ; on peut imaginer que l’on va plutôt retourner à une guerre de l’ombre classique avec un financement de mouvements frappant Israël par l’Iran et des interventions du Mossad contre l’Iran, et tout cela sans apaisement des relations entre les deux belligérants dont un rapprochement semble toujours inimaginable.
Timothee Hallais
Sources :https://fr.wikipedia.org/wiki/Relations_entre_l%27Iran_et_Israëlhttps://www.cairn.info/revue-outre-terre1-2011-2-page-483.htm
https://www.lemonde.fr/international/article/2024/04/19/israel-lance-une-riposte-l-iran-minimise
https://fr.timesofisrael.com/riposte-israelienne-sur-liran-des-degats-limites-mais-un-message-fort-experts/
https://www.france24.com/fr/moyen-orient/20240419-explosions-en-iran-israël-a-mené-une-riposte-de-désescalade
https://www.youtube.com/watch?v=33OK_V7wcU4
https://www.allnews.ch/content/points-de-vue/iran-israël-risques-géopolitiques-et-investissements-dans-un-monde-incertain
https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-enjeux-internationaux/quelles-consequences-du-conflit-entre-l-iran-et-israel-sur-le-cours-du-petrole-6060676