Le 28 août 2023, Emmanuel Macron affirme que l’ambassadeur français, Sylvain Itté, va désormais rester à Niamey malgré le fait que la junte militaire ait demandé qu’il quitte le pays. Cet événement fait suite au coup d’État au Niger et le renversement du président élu, Mohamed Bazoum, le 26 juillet. Celui-ci a tenté d’obtenir la libération et de réinstaurer l’ordre constitutionnel après le putsch. Il a aussi été accusé de haute trahison et d’atteinte à la sécurité nationale, et est actuellement détenu dans sa résidence avec sa famille. Les militaires putschistes essayent de l’empêcher de reprendre le pouvoir de l’Etat.
Ceci étant dit, la France est sujet à controverse : pourquoi le gouvernement français s’oppose-t-il au putsch au Niger ?

La situation sociale au Niger et le coup d’Etat…

Le Niger est considéré comme le pays le plus pauvre du monde, avec la situation sécuritaire délabrée, un système d’éducation faible qui rend au moins 80 % des Nigérians analphabètes, et un nombre considérable de personnes (63% des habitants) qui luttent contre le seuil de pauvreté.

Le 26 juillet, les membres de la garde présidentielle ainsi que la junte militaire ont renversé le président, Mohamed Bazoum. Le colonel major Amadou Abdramane a allégué : « Cela fait suite à la dégradation continue de la situation sécuritaire, la mauvaise gouvernance économique et sociale » seulement un jour après le coup d’Etat.

Pourquoi la France s’oppose-t-elle réellement au putsche au Niger ?

Malgré tous ces problèmes que les membres putschistes éclairent avec le coup d’État, le gouvernement français reste aux côtés de Mohamed Bazoum, car il souhaite lui aussi rétablir l’ordre constitutionnel. Mais la raison pour laquelle la France s’oppose au putsche est plus complexe que cela. La France a été un pays avec beaucoup d’influence partout dans le monde, et surtout en Afrique subsaharienne. Son gouvernement démocratique s’est étalé dans de nombreux pays africains, dont le Niger. Cependant, des coups d”Etat sont survenus au Mali, au Burkina Faso et en Guinée entre 2020 et 2022. Ces nouveaux gouvernements majoritairement militaires commencent à diminuer l’influence de la France dans le continent africain. Un nouveau gouvernement et l’absence de l’ordre constitutionnel au Niger peut avoir de grosses conséquences sur le pouvoir de la France et son hégémonie diplomatique et militaire en Afrique.

Les pays comme le Mali, la Guinée et bientôt le Niger commencent à se tourner vers un nouveau pays… la Russie.

Selma

Sources utilisées : Parismatch (Site) ; France24 (Site) ; Le Monde (Journal)

Coups d’État en Afrique : l’influence russe

Sur les images qui ont largement circulé sur les réseaux sociaux, pourquoi a-t-on vu des partisans de coups d’État en Afrique brandir des drapeaux russes ?
Ces dernières années, plusieurs pays ont subi des coups d’État, notamment le Mali (en 2020 et 2021), la Guinée et le Soudan (2021), le Burkina Faso (2022), le Niger et le Gabon en 2023. Ces pays sont certes différents mais ils ont plusieurs points communs. Il s’agit d’anciennes colonies où la corruption est très fréquente. On y trouve de constantes interférences étrangères (par exemple, des bases militaires françaises s’étaient installées au Mali et au Niger). De plus, les dirigeants de ces pays pouvaient sembler ne pas être assez à l’écoute de leurs populations et les gouvernements paraissaient incapables de protéger les citoyens. En outre, le réchauffement climatique produit de plus en plus de pénurie d’eau et d’aliments, ce qui provoque des tensions au sein des populations locales. Dans ce contexte, de hauts gradés des différentes armées nationales (dont beaucoup sont déjà impliqués dans des affaires de corruption) ont réussi des coups d’État. Officiellement, ceux-ci visent à assainir ces situations et à établir un pouvoir national fort. Toutefois, ces nouveaux dirigeants cherchent sans doute à s’enrichir avec l’aide de la Russie.

Pourquoi la Russie ?

De nombreuses raisons expliquent la présence active de la Russie dans ces pays frappés par des coups d’État. Les sentiments pro-russe et anticolonialiste des populations sont très présents. Dans certains de ces pays, les opérations militaires françaises ont en partie échoué dans leurs luttes contre les djihadistes (en particulier au Mali, depuis 2013, avec l’opération Serval, ensuite nommée Barkhane). De manière opportuniste, la Russie profite de cet état de fait pour exercer une influence majeure. Ainsi, elle fournit aux putschistes des conseils politiques, des services de sécurité et des armes. Elle offre aussi un service de désinformation puissant, basé sur un savoir-faire technique et idéologique (comme la création de fake news diffusés sut internet). En échange, à travers Wagner, la Russie reprend une grande influence sur une partie du continent africain dont elle entend exploiter les riches ressources naturelles.

Est-ce que l’on peut parler de la France-Afrique ?

Lucien Louet