Sara Daniel, grand reporter à L’Obs.
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Cette année, le thème retenu est « comment s’informer en temps de guerre ? ». Grâce à Cécile Prieur, rédactrice en chef du L’Obs, nous avons pu rencontré et questionné Sara Daniel, qui est grand reporter dans le même journal. Nous avons profité de sa présence pour lui poser des questions sur son parcours, sur sa façon d’exercer son métier dans un contexte de guerre et les difficultés qu’elle rencontrent.
Comment êtes-vous devenue journaliste ?
Tout d’abord, Sara Daniel nous explique qu’elle est partie aux Etats-Unis comme pigiste, il s’agit d’un journaliste qui est rémunéré à l’article, au reportage ou à la photo. Elle a commencé à travailler pour des télévisions, des radios et des journaux. Elle est restée trois ans là-bas et c’est comme ça qu’à son retour en France, elle est rentrée au service Sociétés du Nouvel Obs.
Comment peut-on exercer son métier en Ukraine sans être influencé par l’un des deux camps ?
Pour commencer, Sara Daniel nous explique que les journalistes ne voient qu’un seul côté de la guerre, donc ils sont forcément d‘une certaine manière influencés. Elle explique également que les journalistes demandent beaucoup d’autorisation à l’armée (pour filmer, passer des interviews…), ce qui est normal en temps de guerre, mais qui montre aussi une vraie prise en charge sur le terrain. De même, elle explique que parfois les journalistes essayent de mettre cette prise en charge de côté, par exemple lorsque Sara Daniel revenait d‘Ukraine, elle est allée dans le Dombass, sur la ligne de front près d’une ville qui s’appelle Bakhmout, où à ce moment-là se déroulait une bataille incroyable. Elle a réussi à se retirer un peu du front là où se trouvait une base de soldats. Alors, un soldat lui a fait signe et lui a demandé de venir, car il voulait lui parler; ils sont entrés dans une école primaire (car c’est là qu’ils dormaient). Les autres soldats ont commencé à lui expliquer qu’ils étaient en mutineries, ils ne voulaient plus se battre et que leur officier supérieur ne rentrait pas dans l’école car ils avaient des armes et qu’ils retourneraient les armes contre les officiers. Ensuite, les soldats ont commencé à raconter à Sarah Daniel leurs conditions de vie : très peu de nourriture qui arrive congelée, les tranchées qui n’étaient pas creusées suffisamment profonds; ils n’avaient que des Kalachnikov contre les avions russes. Sara Daniel explique, qu’avec cet échange, elle a pu entrevoir autre chose que la propagande ukrainienne, qui était très bien faite. Elle dit ensuite que tout cela ne remet pas du tout en cause le fait qu’elle soutenait beaucoup les Ukrainiens dans cette guerre, mais que cela permettait de voir quelques choses que les ukrainiens n’ont pas envie de montrer.
Quel est le discours des militaires ukrainiens ?
Sara Daniel nous fait remarquer que les Ukrainiens ne parlent jamais du nombre de leurs morts, ni de leurs conditions de vie et qu’ils répètent sans cesse « on est armés, on en veut, on est combatifs » alors que la vérité est tout autre : au bout d’un an de guerre, les populations civiles sont épuisées, il y a des gens sur les fronts, des gens comme vous et nous, qu’ils ne savent pas forcément se battre, ils sont épuisés et ils n’en peuvent plus. Sara Daniel nous dit qu’elle a trouvé cela intéressant de restituer cette richesse et cette réalité la.
Pour conclure…
Pour conclure, exercer son métier dans un pays en guerre sans se faire influencer par la propagande des deux camps est difficile, il faut beaucoup de volonté et d’efforts, mais c’est possible.
Alba Rouvrais
Manuela Waintrop