Émeute et fusillade pour le narcotrafic : une vingtaine de morts au Mexique
Lors de l’émeute qui s’est déroulé le 1 janvier 2023 dans une prison de Ciudad Juarez, à la frontière avec les Etat Unis, une quinzaine de personnes sont décédées

L’attaque s’est produite dans la prison de la ville frontalière de Ciudad Juarez, dans l’Etatmexicain de Chihuahua, dans le nord du pays le dimanche 1 er janvier. Des hommes armés sont arrivés dans six camionnettes blindées et ont ouvert le feu sur les gardiens. Au même moment, des commerces étaient pris pour cible dans la ville. Profitant de la diversion, vingt-cinq prisonniers ont fait usage d’armes qui avaient été introduites clandestinement dans la prison, pris en otage les gardiens avant de parvenir à s’enfuir, laissant derrière eux dix-neuf morts, dont dix surveillants. Parmi les évadés figure le chef d’un gang allié au cartel de Juarez dans sa guerre contre celui de Sinaloa, autrefois dirigé par Joaquin Guzman, « El Chapo », condamné à a prison à vie aux Etats-Unis.
Selon les médias locaux, certains détenus ont déclenché une émeute à l’intérieur de la prison, mettant le feu à divers objets et affrontant les gardiens. La fusillade a déclenché des scènes de panique parmi les habitants à l’extérieur de la prison, et le bureau du maire a demandé à la population de ne pas s’approcher de la zone.
Lorsque l’armée a repris le contrôle de la prison, cinq heures après le début de la mutinerie, elle a confisqué des armes et des dizaines de téléphones portables, et découvert dix « cellules VIP » (formule du général Luis Cresencio Sandoval, le ministre de la défense mexicain) qu’occupaient les détenus les plus influents. A la différence des autres cellules, elles étaient propres, spacieuses et équipées d’une télévision.
L’une d’elles contenait un coffre-fort rempli de drogue, 4 kilos de crystal meth (métamphétamine), 1,5 kilo d’héroïne, 40 grammes de cocaïne et 16,2 kilos de cannabis ainsi que l’équivalent de 85 000 euros en espèces. Elle était occupée par Ernesto Alfredo Piñon de la Cruz, surnommé « El Neto », le leader de la mutinerie. Ce dernier était le chef du gang Los Mexicles, l’une des deux cellules du cartel de Sinaloa autrefois dirigé par Joaquin « El Chapo » Guzman – qui opèrent à Ciudad Juarez, dont les vingt-cinq fugitifs sont membres. Jeudi à l’aube, « El Neto », 33 ans, a été tué dans un affrontement avec la police et l’armée, dans un quartier de l’ouest de la ville, lors d’une opération.
Les détenus exerçaient un contrôle total et pouvaient introduire ce qu’ils voulaient, observe Oscar Maynez, criminologue et professeur à l’université autonome de Ciudad Juarez. Les gardiens de prison, comme les policiers locaux, tombent sous la coupe des organisations criminelles, que ce soit à la suite de menaces, de pots-de-vin ou des deux. »
Le centre de réinsertion sociale de Ciudad Juarez, où s’entassent 3 901 prisonniers pour une capacité maximale de 2 800 détenus, a déjà été le théâtre de plusieurs soulèvements violents. Depuis une quinzaine d’années, les groupes criminels l’utilisent comme centre d’opérations dans la lutte pour le contrôle de la ville contre leur rival, le nouveau cartel de Juarez. Jumelle d’El Paso, au Texas (Etats-Unis), Ciudad Juarez occupe une place stratégique pour le trafic de drogue et de migrants en direction du voisin nord-américain. La prison de Ciudad Juarez, ville cruciale pour le trafic de drogue vers les Etats- Unis, héberge des membres des branches armées des cartels de Sinaloa et de Juárez, qui se disputent le contrôle de la région depuis plus de quinze ans. Cette prison d’État a été le théâtre de plusieurs rixes et émeutes, dont une qui avait fait 20 morts en mars 2009, l’une des plus sanglantes de l’histoire du pays. En août 2022, un affrontement entre bandes rivales avait fait trois
morts parmi les détenus.
Les centres de détention du Mexique, principalement ceux gérés par les Etats, souffrent de problèmes chroniques de surpopulation et de violences, qui se sont aggravés ces dernières années en raison des combats entre groupes criminels. Selon les chiffres officiels, le Mexique a enregistré plus de 340.000 homicides, attribués pour la plupart à des organisations criminelles, depuis le lancement d’une offensive militaire antidrogue controversée en décembre 2006.
Une autre fussillade
Cinque jours après l’émeute de la prison, Ovidio Guzman, fils d’El Chapo, se fait arrêter lors d’une opération à Culiacan, capitale du Sinaloa. Il est accusé de dirigé la faction « Los Menores » lié au cartel du Pacifique soit le cartel de Sinaloa. Lors de l’arrestation d’El chapo en 2016, le cartel de Sinaloa se sépare en deux partis : l’une dirigé par ses trois fils et l’autre dirigé par Ismael Zambada (El Mayo). D’après une certaine rumeur, il aurait donné la localisation d’Ovidio Guzman. Mais il se peut aussi que se soit un des rivaux du cartel de Sinaloa, le cartel Jalisco, qui soit responsable de son arrestation puisqu’au Mexique il y a deux manières de neutraliser un concurrent : l’assassiner ou le faire arrêter. Après cette arrestation, d’intenses coups de feu ont eu lieu entre des militaires et des hommes du cartel. Il y a eu 10 morts chez les militaires, 19 morts et 21 arrêtés chez les hommes de Sinaloa. Les tirs se sont produits à l’aéroport où un avion de ligne et un appareil militaire ont été touchés. Ovidio a été transféré à la prison El altiplano d’où son père s’est évadé en 2015. De plus, les Etats-Unis offraient 5 millions de dollars pour la capture des quatre fils d’El chapo, Joaquín Guzmán López, Ivan Archivaldo, Jesus Alfredo et Ovidio Guzman.
Selon la DEA (Drugs Enforcement Administration) le cartel est considéré comme le principal responsable du trafic de fentanyl, une drogue 50 fois plus puissante que l’héroïne. Aussi, Ovidio est suspecté d’avoir ordonné l’assassinat d’informateurs, d’un trafiquant de drogue et d’un célèbre chanteur qui avait refusé de venir chanter à son mariage.
Enfin, ce n’est pas la première fois qu’Ovidio se fait arrêter. En 2019, il est relâché sous ordre du président après de violents incidents dans la région de Culiacan.
Faradji Kenza
Ponchy Lucie