Ce samedi 20 mars, des milliers de féministes turques sont descendues dans la rue pour défendre leur droit malgré la pandémie. Elles contestent la décision de leur président Erdogan, qui a décidé à 5 jours du sommet, de sortir de la Convention d’Istanbul.
Mais qu’est-ce-qu’est la convention d’Istanbul ?
La convention d’Istanbul est un traité européen qui a pour but de protéger les femmes contre les violences perpétrées à leur égard et éliminer les violences dites sexistes ainsi que domestiques, de concevoir un cadre global, des politiques et des mesures de protection et d’assistance pour toutes les victimes ainsi que de promouvoir la coopération internationale en vue de les éliminer. Elle établit légalement l’égalité entre les hommes et les femmes et interdit les discriminations à l’encontre des femmes. Elle a été adoptée par le Conseil de l’Europe en 2011 et, en 2012, la Turquie a été le premier pays à la ratifier avec la loi 6284 sur la protection de la famille et la prévention de la violence à l’égard des femmes.
Intervenue dans la nuit de vendredi à samedi sur décret présidentiel, Numan Kurtulmuş, vice-président du parti de la Justice et du Développement a estimé que la Turquie devait se retirer de la Convention en formant son argumentation sur le fait que cette convention serait contradictoire aux « valeurs traditionnelles » et en critiquant les notions de genre et d’orientation sexuelles qui pourraient nuire à « la famille ».
Ce décret est un coup dur avant tout pour les femmes turques, victimes de plus en plus de violence. En effet, trois cents femmes ont été assassinées par des hommes de leur entourage et plus d’une centaine ont perdu la vie dans des conditions mal éclaircies en 2020, selon l’organisation féministe turque Halte aux féminicides, qui a enregistré 77 assassinats de femmes pour les premiers jours de 2021.
C’est donc dans ce contexte que des milliers de femmes sont descendues dans la rue, scandant le slogan « Istanbul sözleşmesi yaşatır, 6284’ü uygula » : La Convention d’Istanbul sauve des vies, appliquez la loi 6284, non pas pour réclamer une égalité femme-homme mais avant tout pour avoir le droit de vivre face à ces féminicides toujours plus nombreux. Bien que les manifestantes se heurtent aux restrictions dues à la situation sanitaire et à la répression policière, elles se sont mobilisées en masse. A l’heure où de plus en plus de femmes meurent sous les coups de leurs conjoints, les femmes turques souhaitent que de véritables politiques soient mises en place pour assurer leur protection, et non pas que le principal texte législatif de la Turquie sur les violences sexistes (la loi 6284) soient remis en cause.
Cette mobilisation et avant tout ce retrait de la Turquie de la Convention d’Istanbul a fait beaucoup réagir sur les réseaux sociaux mais aussi dans les autres pays signataires de la convention comme les Etats-Unis dont le président, Joe Biden, à dénoncé « C’est un pas en arrière extrêmement décourageant pour le mouvement international contre les violences faites aux femmes », ainsi que la secrétaire générale du Conseil de l’Europe, Marija Pejcinovic Buric, a évoqué pour sa part une décision « dévastatrice »
Louise Martin Vandeweghe