Le « Purple Drank », une drogue légale… et létale ?

Au premier abord : un simple sirop contre la toux mélangé avec du soda, d’une jolie couleur violette, rose ou bleu… Inoffensif le « purple drank » ? Non, en réalité, consommée à forte dose, c’est une drogue très addictive, à base de codéine et de prométhazine, qui sont toute deux des molécules très souvent utilisées comme médicament contre la douleur, l’allergie et l’insomnie passagère.

Le « Purple drank »

Le « Purple drank » s’est démocratisé en France vers 2013, mais cette drogue est née aux Etats-Unis. Elle est très appréciée dans le milieu du rap américain, et fut popularisée dans les années 1990 par des rappeurs comme Lil Wayne, Ludacris, Juicy J, Future, Mac Miller, mais aussi par des artistes pop comme Justin Bieber.
Ses effets durent entre 2 et 3 heures et provoquent une euphorie, une impression de légèreté, comme si on volait, ainsi qu’un sentiment de bien-être grâce à la codéine. Certaines personnes détournent aussi la prométhazine, qui à haute dose peut donner lieu à des hallucinations. Mais cette drogue a aussi beaucoup d’effets secondaires bien moins « planants » : sécheresse buccale, maux de tête, nausées, vomissements, frissons, température élevée, état de somnolence, baisse de la fréquence respiratoire, effet anesthésiant. En cas de surdosage ou en combinaison avec d’autres antidépresseurs, elle peut provoquer des crampes d’estomac, de la constipation, et même conduire à une insuffisance respiratoire potentiellement mortelle. A long terme, l’accoutumance au produit développe des symptômes psychiques et physiques, comme la diminution du désir sexuel, la stérilité, les troubles du sommeil et l’anxiété.
Malgré ces effets nombreux et dangereux, cette drogue est totalement légale : le sirop pour la toux comme le soda s’achètent sans ordonnance ! Comparé au prix élevé des autres drogues, le « purple drank » est très peu cher. Les sirops pour la toux s’achètent aux alentours de trois euros et les boissons de type sodas ne coûtent pas plus de 1 ou 2 euros. Facile à se procurer et quasi gratuite, la tentation est forte pour les amateurs… Cependant, dans le monde, les opioïdes comme la codéine « sont responsables chaque année d’environ 70 000 décès par overdose », un nombre en constante augmentation selon des données de l’Organisation mondiale de la santé.
Comment lutter contre la tentation ? Une solution serait d’autoriser la vente des médicaments comme les sirops pour la toux uniquement sur ordonnance, afin de ne pas les vendre à n’importe qui mais à des fins purement médicinales. Une autre action possible serait de multiplier les centres régionaux d’addictovigilance, et bien entendu les interventions dans les lycées, car c’est là que la consommation de drogues commence très souvent.
Même si c’est très compliqué, on peut sortir de la drogue. Il ne faut pas hésiter à en parler à des proches de confiance, ou à votre médecin : ce n’est pas tabou ou du moins ça ne devrait pas l’être. Si de nombreux centres de désintoxication sont fermés actuellement, des suivis psychologiques, en personne ou par téléphone, sont toujours disponibles. Si vous êtes concerné.e, parlez-en, personne ne vous jugera !

Emma Debenedetti

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