Écoles obligatoires pour tous ?

L’école, selon les définitions du dictionnaire, est un « établissement dans lequel on donne un enseignement collectif général ». Son but premier est de former et d’instruire des citoyens pour qu’ils soient capables de réfléchir et de prendre des décisions en toute conscience. Nelson Mandela le dit très bien, « l’éducation est votre arme la plus puissante pour changer le monde ».

Or pendant cette crise sanitaire, l’accès à l’école a très souvent été remis en jeu voir même grandement altéré durant le 1er confinement. De plus, le 16 novembre dernier, un nouveau protocole renforcé des lycées à été mis en place. Mais quel est le prix de ces mesures pour les citoyens de demain et sont elles réellement utiles et efficaces ?

Une vague de mécontentement grondait dans la communauté scolaire depuis la fin des vacances de la Toussaint. En effet, le « protocole sanitaire renforcé » promis par le gouvernement le 27 octobre contrastait avec la réalité des établissements scolaires à la rentrée. Les classes surchargées, les couloirs remplis et le brassage d’élèves à la cantine alarmaient grand nombre d’étudiants et de professeurs. Un hashtag #BalanceTonProtocole avait même vu le jour sur Twitter où des photos montrant des lycées bondés et dans l’incapacité de respecter ce protocole sanitaire étaient postées.

Jeudi 5 novembre, Jean-Michel Blanquer, ministre de l’éducation nationale, a donc annoncé une nouvelle organisation sanitaire s’appliquant à toutes les écoles, tous les collèges et lycées. Après une « concertation avec les organisations syndicales, chaque lycée met en place un plan de continuité pédagogique qui garantisse au moins 50% d’enseignement en présentiel pour chaque élève ».

Les modalités d’organisation ont été laissées aux chef-fe-s d’établissement et on peut observer une grande disparité d’application de ce protocole dans les lycées d’un même secteur. Ainsi ces différences vont de l’accueil des élèves à 100 % à des organisations en demi-groupes par demi-journées, par journées ou semaines alternées.

Cette adaptation a été plus ou moins bien reçue selon les lycéens. De nombreuses questions inquiètent encore cette « génération sacrifiée ». Comment les programmes scolaires seront-t-ils respectés avec un temps de travail en cours restreint de moitié ? La continuité pédagogique sera-t-elle organisée correctement et ne creusera-t-elle pas encore davantage les inégalités entre les élèves ? Comment les épreuves du baccalauréat de première et terminale seront-elles mises en place ?

Le syndicat lycéen FIDL (fédération indépendante et démocratique lycéenne) juge ces mesures pas en adéquation avec la réalité des lycées et déclare : « On sait très bien que l’enseignement à distance creuse les inégalités. Tout le monde n’a pas les mêmes capacités, les mêmes conditions de travail chez soi, pour apprendre à distance, tout le monde n’a pas un environnement favorable pour pouvoir apprendre correctement à la maison ». Un appel à la grève a donc été lancé le 10 novembre. Toutes ces questions viennent du passage à l’enseignement à seulement 50 % en présentiel pour de nombreux lycées, comme recommandé par le ministère. Mais sur quoi est basée cette recommandation ?

Le gouvernement a mis en place le protocole du 5 novembre « au regard de l’évolution du contexte épidémique ». Il « s’appuie sur l’avis du haut Conseil de Santé Publique du 7 juillet 2020 » soit quatre mois auparavant. Les arguments sont basés sur une étude réalisée dans l’Oise sur 1300 enfants, enseignants et parents fin avril 2020, où le protocole et les mesures sanitaires étaient très différents de ceux d’aujourd’hui, en particulier du fait de l’absence de masque. De plus, les chiffres trouvés sur le site du ministère de l’éducation nationale ne révèlent aucune urgence épidémique dans lesquels les lycées pourraient se trouver. Sur ce graphique, créé à partir de ces données couvrant les mois d’octobre et novembre, on voit que le pourcentage d’élèves contaminés par la Covid-19 dépasse rarement les 0,1 %. Rien n’est indiqué concernant le lieu de leur contamination, les élèves ayant pu être contaminés dans une salle de classe, ailleurs dans le lycée ou hors de ce dernier. Ainsi, depuis la mise en place de ce nouveau protocole, aucun impact sur le taux de contamination n’est observé.

Alors la mission première des écoles est-elle remplie en ces temps bouleversés par la crise sanitaire ? Des réponses viendront-elles satisfaire les questionnements et le flou dans lequel naviguent depuis quelques mois les lycéens et les professeurs ? Au vu de toute ces données, on peut légitimement s’interroger sur l’utilité et l’efficacité des cours en 50 % distanciel/50 % présentiel. A-t-on raison de priver les étudiants d’un accès aux salles de classe ?

Source : Le Parisien, Ministère des Solidarité et de la Santé, Ministère de l’Education nationale, Le Monde, LCI, Ouest France

Le rapport du Haut Conseil de Santé Public du 7 juillet 2020 : https://www.hcsp.fr/Explore.cgi/Telecharger?NomFichier=hcspa20200707_covrenscounietacccoldemin.pdf

Le rapport du Conseil Scientifique Covid-19 du 26 octobre 2020 : https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/note_conseil_scientifique_26_octobre_2020.pdf

Oriane Frison

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