Larguez les amarres.

La dernière édition du Vendée Globe a été lancée le dimanche 8/11/2020 ; cette course mythique à la voile consiste à effectuer le tour du monde, en solitaire, sans escale, et sans assistance. Elle se déroule tous les 4 ans, avec un départ et une arrivée aux Sables d’Olonne depuis 1989. Cette compétition regroupe des imocas, bateaux de 60 pieds – de 18,28m de long pour 5 à 6 m de large. Cette année, le Vendée Globe fête ses 30 ans et pour cette 9ème édition, 33 skippers ont été sélectionnés dont 19 foilers. Les foilers sont les bateaux de dernière génération comportant des foils, appendices qui leur permettent de voler au-dessus de l’eau.
A 14h20, après avoir attendu plusieurs heures la tombée de la brume, le départ du Vendée Globe est donné par Ives Auvinet avec ses mots : “A vous toutes, et tous, amis, skippers, au nom de la SAEM organisatrice du Vendée Globe, je vous souhaite, très sincèrement un beau et un bon tour du monde ; et au plaisir de vous retrouver. Bon vent !! ». La météo est parfaite, le temps ensoleillé et une grosse dépression est annoncée pour cette première nuit.
En raison de cette année spéciale, c’est la première fois que les navigateurs remontent sur leurs voiliers depuis le reconfinement. Pour cette année, nous comptons plusieurs nouveaux bateaux de dernière génération tous sortis entre 2018 et 2020 : Charal, Apivia, Arkea Paprec, DMG Mori, Hugo Boss, Corum l’Epargne, et Advens Linked Out.
Le jeu a été créé en 2006, pour permettre aux passionnés de toutes nationalités de se confronter aux aventuriers…depuis leur salon. Il a toujours connu un succès fulgurant, mais avec plus d’un million de joueurs actifs pour cette 9ème édition, c’est bien au-dessus des attentes des spécialistes qui en espéraient 50.000. Le jeu est gratuit et disponible sur Internet comme sur mobile. Chaque joueur élabore une stratégie et dirige son bateau afin de trouver la trajectoire idéale selon les vents pour réaliser le tour du monde le plus rapidement.

Cette course est extrêmement difficile et seulement 300 marins ont effectué le tour du monde. D’abord les skippers ont peu de répits : ils doivent naviguer, réparer les fréquentes avaries techniques …et dormir ! Depuis le départ, les navigateurs ont rencontré 4 dépressions, des grosses accélérations des vents, avec des rafales jusqu’à plus de 40 nœuds. La première est arrivée lors de la première nuit, la deuxième dans la nuit du 9 au 10. Les deux suivantes ont été plus violentes : Thêta, la troisième s’est approchée des premiers bateaux le 13, tandis que la plus récente, l’anticyclone de Sainte-Hélène a été contournée le 21. Ces vents violents causent de nombreux dégâts sur le pont. Les marins ont deux solutions qui s’offrent à eux : les affronter ce qui leur permet d’accélérer mais éprouve le bateau, ou bien les contourner pour préserver le bateau. Ainsi, Newrest Art & Forest et Charal ont été contraints de retourner vers les Sables d’Olonne, pour réparer des avaries importantes. Ils parviennent à repartir mais comble de malchance, c’est au tour de Corum de rentrer, il démâte, et malheureusement il abandonne la course.
Quelques jours plus tard, le 18 novembre, les marins s’approchent du fameux « pot au noir ». Aussi dénommée zone de convergence intercontinentale, c’est un lieu où le vent peut s’arrêter soudainement comme de gros orages apparaitre violemment. Les navigateurs redoutent cette zone assez périlleuse, mais pour les leaders, ce pot au noir a été assez calme, plus compliqué pour les derniers.
10 jours et 20 minutes après le début de cette course, Alex Thomson sur Hugo Boss franchit l’équateur en premier. Par la suite les autres marins traversent cette ligne imaginaire et quelques-uns rendent hommage à Neptune en lui versant un peu d’alcool afin d’être protégé par le dieu des océans. Nous sommes maintenant à 14 jours de traversée et les trois premiers de cette course, sont Advens Linked Out, suivi par Apivia puis Hugo Boss. Le premier, le jeune dunkerquois Thomas Ruyant sur Advens Linked Out, a parcouru 9 910 km, en ce 22 novembre, il lui reste donc 36 600 km. La route est encore longue et semées d’embûches, notamment à cause des OFNI : nul ne peut savoir qui sera de retour en premier aux Sables d’Olonne.
Valentin Brogi
Sources: