22%
Il s’agit du taux de pauvreté chez les jeunes, le double de celui de la population générale. Cette sombre réalité avait déjà été révélée en novembre 2019 lorsqu’un étudiant s’était immolé par le feu devant le CROUS de Lyon pour dénoncer ses difficultés financières et la précarité dans laquelle vit un nombre croissant de jeunes durant leurs études. Selon le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche, 37% des étudiants bénéficient d’une bourse sur critères sociaux. Une étude de l’Observatoire de la Vie Etudiante (OVE) montre également que près d’un tiers des étudiants renoncent à des soins pour des raisons financières.
En 2015, l’inspection générale des affaires sociales (IGAS) a publié un rapport sur le plan de lutte contre la pauvreté et pour l’inclusion sociale , c’est-à-dire avec moins de 60 % du revenu médian, soit 987 euros par mois à cette date.
Cette proportion évolue donc défavorablement dans un contexte où, selon un rapport de l’Union Nationale des Etudiants de France (UNEF), le coût des études ne cesse d’augmenter depuis 10 ans. Les étudiants qui ont besoin de travailler pour financer leurs études sont les plus concernés par la pauvreté. et dans 19 % des cas, l’activité rémunérée est considérée comme concurrente aux études. Lorsqu’on est obligé de travailler plus de 20h par semaine, cela pénalise durablement la réussite des études. Pour une partie de cette jeunesse, celle qui ne peut pas bénéficier de la solidarité familiale, c’est l’apprentissage de la précarité qui peut avoir un impact durable. Parmi ces étudiants travailleurs, 54 % d’entre eux estiment que leur emploi est indispensable pour vivre. Et plus le fait de travailler devient une nécessité, plus les étudiants sacrifient leurs chances de réussite. Le rapport de la Fédération des Associations Générales Etudiantes (FAGE) publié le 18 août démontre que le coût de la rentrée 2019 est en hausse de 1,96% par rapport à la rentrée 2018 pour s’établir à 2 285,26 euros par étudiant.
Cette situation alarmante précède la crise de la Covid mais le confinement a eu un effet grossissant sur cette réalité méconnue ou ignorée. Pour de nombreux analystes, nous n’avons jamais vécu une situation aussi dégradée depuis la seconde guerre mondiale.
Avec la crise sanitaire, la France semble ouvrir les yeux sur cette réalité: des familles, des personnes seules, des jeunes ont besoin de l’aide alimentaire pour ne pas avoir faim. En 2020, 8 millions de personnes ont à subir cette humiliation, soit 12% de la population.
Aujourd’hui en France, 1 jeune sur 4 ne dispose ni d’aide ni de soutien familial et vit sous le seuil de pauvreté. La jeunesse est-elle sacrifiée ?
Sources:
Rapport IGAS 2015
Le monde, les décodeurs, article publié le 19 juin 2020
France Inter, émission « le téléphone sonne » le jeudi 19 novembre 2020
Mathilde HEMERY