Le 8 mai, on fêtait une fin de guerre mondiale, pas celle contre le coronavirus, non, on fêtait le 8 mai 1945, le 75ème anniversaire de l’armistice qui a mis fin à la Seconde Guerre Mondiale. Évidemment, avec le confinement, tout le monde, ou presque, est resté chez soi et l’on a aussi appris ce jour-là, ironie de l’Histoire, la mort, à l’âge de 101 ans, d’une grande figure féminine de la Résistance, Cécile Rol-Tanguy. Moins connue que Lucie Aubrac (1912-2007) ou que Geneviève de Gaulle-Anthonioz (1920-2002), nièce du général de Gaulle, résistante déportée à Ravensbrück en 1944, entrée au Panthéon en 2015 avec une autre résistante, l’ethnologue Germaine Tillion (1907-2008), Cécile Rol-Tanguy le reconnaît elle-même lors d’une interview donnée en 2014 : « je représente les résistantes qui ont été oubliées ». Elle n’a aucune amertume et s’exprime simplement avec lucidité. Elle fait partie de ces femmes de l’ombre sans qui la guerre contre le nazisme n’aurait pas été gagnée, et qui ont été beaucoup plus que les femmes de leurs maris.

Cécile, de son nom de jeune fille Le Bihan, est née à Royan le 10 avril 1919, dans une famille communiste. À 20 ans, elle épouse un membre des Brigades internationales qui ont servi pendant la guerre d’Espagne (1936-1939), Henri Tanguy. Mais Henri est mobilisé quelques mois plus tard. Cécile reste à Paris et commence à rédiger des tracts pour le syndicat des Métallos. Son ennemi est le fascisme, et le reste toute sa vie. Henri est démobilisé en août 1940. Le couple qu’il forme avec Cécile décide d’entrer en résistance, tous les deux, ensemble.
Henri rejoint d’autres militants communistes dans la clandestinité, Cécile est leur agent de liaison. Pendant quatre ans, alors qu’elle a de jeunes enfants, elle transmet des messages. Le landau est la meilleure des inventions… pour la livraison d’armes en toute discrétion… En 1942, le père de Cécile, membre du parti communiste, est arrêté et déporté à Auschwitz, il ne survit pas.
Elle poursuit son combat avec courage, d’autant qu’Henri exerce des responsabilités de plus en plus importantes parmi les FTP (Francs-Tireurs Partisans). En mai 1944, le colonel Rol-Tanguy, du nom d’un compagnon d’armes tué lors de la guerre d’Espagne, devient le chef des Forces Françaises de l’Intérieur (FFI) pour la région parisienne. Son QG se trouve sous la place Denfert-Rochereau, « le 14ème arrondissement, le quartier d’Henri » selon les mots de Cécile. Les couloirs des catacombes sont contigus et le réseau d’égouts est accessible. Cécile est toujours près d’Henri et elle est aussi sa secrétaire. Elle tape de nombreux documents à la machine et continue à les transmettre. Tous les deux préparent la Libération de Paris.
Le 18 août 1944, Henri décrète la mobilisation générale et demande aux Parisiens de prendre les armes. Le 24 au soir, la 2ème division blindée du général Leclerc entre à Paris par la porte d’Orléans. C’est tout droit pour rejoindre Denfert-Rochereau ! Le général von Choltitz signe l’acte de reddition de l’armée allemande le 25. Le lendemain, Cécile assiste au défilé du général de Gaulle sur les Champs-Élysées.
Cécile Rol-Tanguy est plus que le témoin de l’Histoire, elle a fait l’Histoire. Si par la suite son rôle est moins marquant, elle a contribué toute sa vie à témoigner de ses combats et de ceux de la Résistance, notamment auprès des collégiens et des lycées.
Sources : www. france24.com/fr/10140815/liberation-paris-cecile-rol-tanguy-ffi-resistance-instruction-seconde-guerre-mondiale-femmes.
Image : https://www.humanite.fr/disparition-cecile-rol-tanguy-est-decedee-688867
Jade Souleyreau