Des regards personnels et critiques sur le traitement de l’information.

Bonjour à tous,

Des élèves jettent un regard personnel et critique sur le traitement de l’information. En répondant à nos consignes, ils analysent les mécanismes des médias en cette période de confinement et de pandémie.

Un regard lucide et intelligent.

A vous d’écouter.

https://drive.google.com/file/d/14DDr6QvLu-QwXlzpxjQMEOm4aQuRxd08/view?usp=sharing

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La Classe Médias

Les médias et la crise sanitaire

Depuis le début du confinement, nous avons demandé aux élèves de regarder et d’écouter les médias pour faire une analyse critique de l’information. Les consignes étaient les suivantes, ils devaient regarder les journaux télévisés des chaines généralistes comme TF1, France télévision, Arte 28 minutes et les chaînes tout info, c’est-à-dire BFMTV et France Info. Ils devaient également insister sur la mise en scène, le décor, le présentateur, le temps consacré au covid-19, la place des victimes et la présence des experts. Nous avons choisi de vous publier deux travaux écrits ceux d’Emma et Lise.

Bonne lecture et bonne écoute.

La Classe médias.

Premier texte: Les médias et la pandémie.

Depuis quelques semaines, le coronavirus est au coeur de l’info et d’autant plus depuis le confinement annoncé et l’ampleur prise par celui-ci. La majorité des chaînes télévisuelles se consacrent au sujet, celui-ci prend donc une place importante à la télévision, monopolisant le temps d’antenne autant chez les chaînes généralistes que chez les chaînes toutes infos, autant chez les chaînes privées que chez les chaînes publiques. Mais alors, comment les médias traitent cette pandémie ? C’est la question à laquelle nous allons tenter de répondre aujourd’hui…

Comme dit précédemment, le covid-19 est au coeur de l’actualité, impossible d’allumer sa télé sans tomber sur un reportage ou une actualité à son sujet. Cependant, celui-ci est traité différemment d’une chaîne à l’autre.
Nous pouvons tout d’abord noter une réelle différence entre les chaînes toutes infos et celles généralistes. Rappelons qu’une chaîne toutes infos telle que BFMTV ou encore LCI possède, elle, une programmation ciblant une thématique donnée ( ici les informations de l’actualité ) et une catégorie de téléspectateurs précise, contrairement à une chaîne généraliste telle que TF1 ou bien ARTE dont la programmation non thématique et destinée au public le plus large, comprend aussi bien des émissions d’informations ( telles que des journaux télévisés, magazines et reportages ) que des émissions de divertissements de toutes sortes ( telles que des séries télévisées, films ou encore jeux ).
Commençons par étudier de quelle manière l’information est traitée du côté des chaînes généralistes mais rappelons tout d’abord le point commun que ces deux types de chaînes possèdent : elles doivent toutes deux remplir leur grille de programmation et c’est ici que la pluralité de public et de sujets pouvant être évoqués sur une chaîne généraliste les avantagent. En effet, malgré l’omni-présence du coronavirus, celles-ci peuvent remplir leur grille avec de l’information autre ou du pur divertissement tel que des films. Or, cela impacte fortement la qualité de leur information : en effet, le sujet est moins traité que sur une chaîne toutes infos mais certainement mieux traité. Les « experts » sont moins nombreux à témoigner mais lorsqu’il le sont, ceux-ci ne se contredisent pas et avancent des infos sûres et fiables. Les sujets pour un même problème sont multiples, la pandémie est prise sous plusieurs angles : on s’intéresse aux ressentis des aides-soignants qu’ils soient médecins ou infirmiers ( souvent ceux-ci ne sont qu’une plus value au reportage ), on fait intervenir des citoyens de quelques domaines qu’ils soient, et on s’intéresse à la vie en confinement. Ils font, on pourrait dire, de l’information plus « saine », leurs titres sont moins accrocheurs, moins dramatiques et ils privilégient l’information au sensationnel.

Penchons nous désormais sur le cas des chaînes toutes infos. Vous l’aurez certainement compris, celles-ci n’ont pas l’avantage de pouvoir se diversifier et proposer un contenu autre que parler du coronavirus comme cela est le cas pour les chaînes généralistes. Le problème majeur que l’on pourrait soulever serait que ces chaînes sont donc obligés de continuellement créer du contenu, mettant donc en lumière des sujets futiles ou des faits totalement anecdotiques. Le covid-19 devient donc la star de leurs émissions, journaux télévisés et reportages : lui est consacré de longs programmes faisant intervenir de nombreux envoyés spéciaux et experts occupant souvent des places importantes à l’antenne car la chaîne y voit l’occasion d’en faire un sujet. On pourrait également notifier qu’il existe un réel écart de traitement de l’information entre les chaînes privées et celles publiques : les chaînes privées étant principalement gratuites et rémunérées par la publicité contrairement aux chaînes publiques rémunérées par la contribution à l’audiovisuel. Pour prendre le cas de BFMTV, leurs titres sont souvent accrocheurs et ils peuvent parfois tomber dans le dramatique. Le fait d’être une chaîne privée expliquerait donc leur goût de l’audience et donc leur manière de traiter le sujet.

Nous pouvons donc conclure que la pandémie, plus qu’au centre de l’actualité, est traitée par de nombreuses chaînes mais de manières différentes. Certaines vont se tourner vers un journalisme purement d’information : apporter des réponses sur les éventuelles questions que se pose le téléspectateur, informer sur l’état du virus et communiquer les chiffres quant aux morts ou contaminés. D’autres, vont se tourner vers un journalisme de sensationnalisme accrochant le téléspectateur mais pouvant aussi créer la panique chez d’autres. Mais attention, même dans une période de crise sanitaire comme celle-ci, il faut veiller à ne pas laisser de côté son esprit critique et toujours prendre du recul sur les informations qui nous sont données, même si il est tentant de se fier aux médias en cette période.

Emma Bonnard

Seconde texte: la crise sanitaire et les médias.

La crise sanitaire du coronavirus qui touche le monde entier a mené à plusieurs milliers de morts et au confinement dans beaucoup de pays, dont la France. Le confinement est quelque chose de nouveau pour tout le monde et qui parfois fait peur quand on ne sait pas si on aura un salaire à la fin du mois. S’informer durant cette période est donc primordial car la situation change tout le temps et les précautions à prendre sont strictes. Les médias jouent donc un rôle absolument essentiel.
Comment les médias s’adaptent à la pandémie ? Voici la question à laquelle nous allons essayer d’apporter une réponse. Pour ce faire nous allons analyser le traitement de l’information par les chaînes généralistes (TF1, ARTE, France Télévision) et par les chaînes dites « tout info » (BFMTV, France Info, LCI).

En premier point, intéressons-nous à la forme que prennent ces journaux d’information. Nous prendrons en compte l’attitude de l’animateur-journaliste à l’antenne, le décor, les propos tenus, l’accroche, la dialectique. Le journal de TF1 diffusé à 20H, propose des éditions spéciales Coronavirus, où les sujets ne tournent qu’autour du Covid-19 par exemple la chloroquine, les marchés, les français à l’étranger, les EHPAD… Le décor est le même que dans le journal classique, à part le « EDITION SPECIALE CORONAVIRUS » et le « #Restez chez vous » que l’on peut apercevoir au coin de l’écran. Le journaliste est lui calme, posé, bien habillé mais pas très souriant avec un ton grave. Si nous prenons le journal d’ARTE, à 19h35 on peut voir une plus nette modification du décor : dans un petit studio, l’animatrice est juste devant un fond bleu et du matériel audiovisuel. Le manque de moyen et de bras, sûrement dû au coronavirus, nous montre que les médias sont aussi touchés par cette épidémie.
Quant à BFMTV où à France Info, les choses restent les mêmes, avec cependant un ton assez grave. Les infos circulent en continu, donc pas d’accroche et parfois se répètent lorsqu’il n’y a rien de nouveau, mais ce fonctionnement est régulier chez eux.
Au final, que ce soient les chaînes généralistes ou « tout info », chacune garde ses habitudes à part pour Arte, surement assez touchée par le coronavirus, qui doit improviser un nouveau studio. Cependant les présentateurs gardent un ton assez grave et montrent à travers le vocabulaire utilisé l’immense amplitude de la crise et l’importance du confinement.

Dans un deuxième point, nous allons aborder les sujets choisis ainsi que le a durée, les images utilisées, les interviews, les lieux, le ton et la mise en image. Dans son édition spéciale du journal de 20H, TF1 ne propose que des sujets en rapport avec le coronavirus. On dénombre aux alentours de 12 titres, ce qui garde le téléspectateur 1 heure devant son écran. Pour chaque titre, un mini reportage de 2/3 minutes, dans des hôpitaux, à l’étranger, devant des bâtiments importants (ex : Matignon où vit et travaille le premier ministre), et même à suivre une personne dans son quotidien. A chaque titre pratiquement, au moins une interview : proches de victimes, personnes touchées par le virus (et qui sont en mesure de parler), personnes vulnérables, experts, médecins, personnels soignants, routiers ou simples passants. Des mini reportages avec des images pas forcément de bonne qualité, filmés par une personne extérieure, ou de loin pour des raisons de sécurité. Le ton de la voix-off, est souvent grave car les sujets sont peu réjouissants. Un journal, donc qui veut montrer la dangerosité du Covid-19 et qui n’expose que les mauvais points : aucun titre sur des personnes guéries. De plus, même en cas de crise sanitaire, TF1 reste en recherche du scoop et tous les soirs nous avons le droit à la chloroquine, médicament qui fait débat. Le journal d’Arte, quant à lui, ne dure que 30 minutes avec moins de titre (environ 4), mais plus développés avec une mise en image semblable à TF1. Des titres, ici aussi, uniquement en rapport avec le coronavirus et qui reviennent. Cependant, « 28 minutes », le quotidien qui suit le journal propose des sujets en rapport avec le Covid-19 moins courants tels que la pandémie en Afrique. Ces sujets sont traités par des intervenants extérieurs peu ou pas du tout connus qui connaissent très bien le sujets dont ils parlent car ils le vivent au quotidien ou bien qu’il s’agit de leur profession. « 28 minutes » abordent parfois des sujets fâcheux ou qui font peur (ex : le coronavirus en Afrique). Contrairement au journal, les sujets sont soit traités en interview par les intervenants qui répondent par Skype (donc l’image n’est pas de bonne qualité) ou bien par des « photomontages » comiques de la situation : donc pas de reportage, ce qui complète le journal qui le précède.
Les chaînes « tout info » n’ont pas de durée limitée car elles sont en continu ; Les sujets, uniquement sur le coronavirus, ne reviennent pas tous les jours mais toutes les heures ; autant dire que lorsque l’on écoute ça à longueur de temps, ce n’est pas en stress qu’on est mais en panique ! Que ce soit BFMTV ou bien France Info, la chloroquine est un sujet qui les passionne car c’est un débat qu’ils présentent comme un scandale car pour eux scandale résonne avec téléspectateurs supplémentaires ce qui sous-entend évidemment publicité, donc ARGENT. La mise en image est la même que dans un contexte plus classique : des images défilent en boucle, sans son mais avec la voix du présentateur. Donc pour eux, la crise sanitaire est plutôt un tremplin qu’une béquille.
Pour conclure ce deuxième point, on peut dire que chaque média garde sa vision de choisir, construire, présenter l’information mais qui sera cependant toujours reliée avec le sujet dont tout le monde parle en ce moment : le coronavirus.

Le dernier point que nous allons aborder dans cette analyse est le rôle et le nombre des experts interrogés. Dans le journal de TF1, on compte à peu près 5 experts par journal : climatologues (les répercussions que peut avoir le coronavirus sur le réchauffement climatique), scientifiques chargés d’étudier les épidémies (quand atteindra-t-on le pic ?, combien de victimes pourrait-on avoir en France ?…), chercheurs dans un laboratoire (comment avancent les recherches d’un traitement sur le Coronavirus ?) ou médecins dans des hôpitaux. Ces experts répètent à peu près tous la même chose, que pour eux, pour l’instant la meilleure façon de lutter contre le virus c’est le confinement, pas un seul expert ne dit le contraire : sauf que pour l’instant le nombre de morts en 24h n’a pas baissé. Le journal de France 2, propose le même principe de journal. Dans « 28 minutes », aucun expert n’est interrogé en ce qui concerne directement la maladie (pas de chercheurs ni de scientifiques), ou du moins pas dans toutes les éditions. Le journal de ARTE, quant à lui, interroge peu d’experts, mais se base plutôt sur des images concrètes de la situation. Pour eux, pour l’instant pas besoin de se préoccuper de l’avenir, mieux vaut se concentrer sur la situation actuelle critique. Ce fonctionnement a un avantage, ne pas prioriser un avis d’expert plutôt qu’un autre ; car on le sait bien, les experts ne sont pas toujours d’accord entre eux et dans cette situation chaque mot qui sort de leur bouche pèse très lourd.
BFMTV et France Info n’interrogent pas non plus d’experts mais rapportent seulement leurs propos. Pas d’intervenants extérieurs, interviewé en direct, de manière à maitriser le message passé aux téléspectateurs et auditeurs.
Dans ce troisième point aussi, les médias gardent leur grain de sel. Les chaînes généralistes, en principes interrogent des experts à l’inverse des chaînes « tout info ».

Ainsi, l’épidémie de Coronavirus touche tout le monde de près ou de loin et les médias ne font pas exception (ex : Arte). Ils sont obligés de s’adapter en créant par exemple des éditions spéciales où les seuls sujets abordés tournent autour du coronavirus. Cependant garder sa façon de faire est capital et dans chaque média, on peut reconnaître leur façon de fonctionner : BFMTV reste dans le dramatique et le scandale; quant à TF1, il fait bien attention à conforter les gens dans leur avis. De plus, on peut regretter le manque de réflexion, de recul et d’analyse qui sont des choses primordiales dans une situation pareille pour avoir une vue d’ensemble de la situation.

Lise Junique