La photo de la semaine


Photo : Schneyder Mendoza/AFP

En quelques jours, plus de 4000 Vénézuéliens sont rentrés dans leurs pays natal, quittant la Colombie où près de 5 millions de Vénézuéliens se sont installés en 2015 suite à la crise économique. Pour s’assurer qu’ils ne sont pas contaminés, ils sont placés en quarantaine pendant 14 jours dans des écoles transformées en centre d’accueil.  Centres qui ont suscité beaucoup de critiques à cause du manque d’hygiène et de lits. 

Sur la photo, on observe une mère et sa fille qui se font désinfecter par des policiers.

Céleste Batteur

#ClémentineMécanique : numéro 2 : Miyasaki

Un monde, des personnages, une réalité.

Le château ambulant, Ponyo sur la falaise, Princesse Mononoke, Le voyage de Chihiro, Nausicaä de la Vallée du Vent, Pompoko, Porto Rosso, Le château dans le ciel, Kiki la petite sorcière, Totoro, Le vent se lève ; à qui ça ne parle pas ? Pour comprendre d’où vient cette nostalgie enfantine, ces décors de guerre et cette passion pour l’animation qui est maintenant devenu un culte mondial, biographie et filmo du grand Hayao Miyasaki :

Hayao est né à Tokyo en 1941. Sa jeunesse est marquée par la guerre et par l’image d’une mère atteinte de tuberculose. Son père et son oncle dirigent une société qui fabrique des gouvernails d’avions de chasse, d’où il tire très vite une vraie passion pour l’aviation, puis pour le dessin.En 1963, muni d’un diplôme d’économiste, il entre à Toei Animation.Il y passe vingt années, durant lesquelles il apprend tous les métiers de la profession. En 1968 il réalise son premier animé Horus, Prince du Soleil. En 1971, il quitte la Toei. Son rêve: faire un long-métrage. Il y arrive au bout de huit ans, avec Le Château de Cagliostro (1979).
Il signe par la suite une série BD de sept épisodes, Nausicaä de la Vallée du Vent. C’est sa première création originale dans laquelle on trouve ce qui deviendra une part de sa marque de fabrique : le pacifisme et l’obsession écologiste. A la demande de son éditeur Tokuma Yasuyoshi, Miyazaki adapte cette BD en dessin animé en 1984. C’est le grand tournant de sa carrière. Le succès du film est tel qu’il permet à Takahata (collègue) et Miyazaki de fonder leurs propres studios. Ainsi Ghibli est né. Entièrement dévolus à l’animation de qualité, conjuguant exigence et succès public. En 1984 il signe le long-métrage Le Château dans le ciel ; en 1988 Mon voisin Totoro; en 1989 Kiki la petite sorcière ; en 1992 Porco Rosso; en 1997 Princesse Mononoke; et en 2001 Le Voyage de Chihiro, ce film lui vaut une véritable reconnaissance internationale, il remporte l’Oscar du meilleur film d’animation et l’Ours d’Or au Festival de Berlin en 2002. Miyazaki enchaîne avec deux courts métrages destinés au Musée Ghibli. En 2004 il sort Le Château Ambulant. En 2008 on retrouvera le réalisateur dans Ponyo sur la falaise. En septembre 2013, le maître annonce officiellement sa retraite en tant que réalisateur de films d’animation (72 ans). Le Vent se lève, un film plus réaliste mais comportant quelques séquences de rêve, est le dernier long-métrage qu’il signe en tant que réalisateur.

La vie de Miyazaki et en particulier son enfance ont énormément marqué, par la suite, ses réalisations. En effet sa fascination pour l’aviation se retrouve dans presque tous ses films (Nausicaä de la Vallée du Vent, Porco Rosso, Le Château dans le Ciel, Le Château Ambulant…). Pour la guerre et l’histoire du Japon aussi (Princesse Mononoke, Le Château Ambulant, Nausicaä, Mon voisin Totoro…). Et puis plus subjectivement, ce qui marque les productions de Hayao Miyazaki : cette lecture à deux voix, cette morale, ce message et la nostalgie qu’il transmet à travers un film. C’est pour ça que tout le monde aime ses films, les plus grands y trouveront la beauté du message sous-entendu, et les plus petits rêveront des histoires merveilleuses qu’il racontera.

Côté animation il n’y a  rien à dire, le mec il s’impose. Ces paysages sublimes, et ces personnages aux expressions aussi marquées. C’est une autre marque de fabrique chez Miyazaki. Le jeu des couleurs, des ombres et lumières, il laisse le spectateur regarder et admirer les tableaux du film (mine de rien on a tendance à oublier le côté réal dans les films d’animation, Miyazaki maîtrise la réalisation ; c’est une ressource en tableaux, et effets visuels en animation). Les expressions, les visages, les créatures c’est très important : une sorcière moche aux yeux globuleux, le nez tordu qui te regarde de près ; une mamie, jeune fille la veille et son châle rouge bordeaux qui pleure ; un koala-ours-sumo qui baille ; des monstres mi larve mi araignée, avec plein d’yeux mais qui nous attendrissent…

Bien entendu ses films auraient un tout autre effet sans musique, ainsi dans les plus connus on trouvera la bande son de Totoro (Les musiques ont été essentiellement composées par Joe Hisaishi, Les paroles de plusieurs chansons ont été écrites par Rieko Nakagawa), celle du Voyage de Chihiro et celle du château ambulant.

Bref, si vous voulez passer un bon moment et pleurer et vous sentir moins bête regardez: Le Château Ambulant adaptation du classique anglais de la littérature enfantine : Le Château de Hurle, (de Diana Wynnes Jones), Le Château dans le Ciel (d’après Les Voyages de Gulliver), Le voyage de Chihiro, Le vent se lève (plus tranquille). Si vous vous sentez d’humeur à pleurer tout en regardant des paysages magnifiques mais un peu plus ‘’gore’’ : Princesse Mononoke (lui c’est une pépite ) tip : le réalisateur reconnait l’influence d’Akira Kurosawa (La référence en cinéma japonais, il faudrait en parler) dans La Forteresse cachée -1958- et de Kenji Mizoguchi : Les Contes de la lune vague après la pluie -1953-), Nausicaä de la Vallée du Vent et Porco Rosso (pépite moins connue : Porco Rosso : où l’on suivra les aventures d’un pilote à l’apparence assez particulière) qui traitent de thèmes plus adultes. Dans les Miyazaki, on trouve aussi des films plus ‘’soft’’ comme Totoro (Miyazaki évoque ses souvenirs et décrit le Japon de l’après-guerre), Ponyo sur la falaise ou Kiki la petite sorcière… et Pompoko, qui est moins connu mais il vaut vraiment la peine, comme tous.

Pour d’autres films, d’autres réalisateurs voici quelques recommandations :

Le tombeau des Lucioles (Isao Takahata – 1988), ce chef d’œuvre plutôt connu est juste à fondre en larmes : un jeune garçon et sa petite sœur au milieu de la guerre, historiquement intéressant ; Souvenirs de Marnie (Hiromasa Yonebayashi – 2014), qui parle d’une jeune orpheline solitaire qui part pour la campagne et qui y fait une rencontre unique, les paysages sont magnifiques dans ce film qui est de base une nouvelle écrite par Joan G. Robinson ; et Le conte de la Princesse Kaguya, tiré d’un conte très commun au Japon, pour les amateurs de la culture japonaise, ce film est réalisé par Isao Takahata en 2013, le même réalisateur du Tombeau des Lucioles.

Animation : les conseils films uniquement (sans les Astérix, Disney, Pixar…): Avril et le monde truqué (à voir au cinéma, avec la voix de Marion Cotillard), Jacques et la mécanique du cœur, Les contes de Terremer (Goro Miyasaki), La fameuse invasion des Ours en Sicile, Ma vie de courgette, Les enfants loups Ame et Yuki, Fantastic Mr. Fox (tous les Wes Anderson), Coraline, Mia et le Migou, Persépolis, L’étrange Noel de Mister Jack (tous les Tim Burton), les triplettes de Belleville.

Le mot : en animation japonaise les DVD sont chers donc streaming (enfin ça dépendant comme échelle : Totoro je l’ai eu pour 5E et souvenirs de Marnie pour 10 E – 0_o ça pique- et maintenant les deux sont sur Netflix), justement Netflix s’est amusé y a quelques temps à ressortir la quasi intégralité des Miyasaki et d’autres films d’animation mentionnés donc trouvez-vous un compte à partager.

Mag8/04/2020