Vendredi 13 décembre 2019, Abdelmadjid Tebboune a été « élu » président d’Algérie. Cette élection a fait beaucoup de bruit en raison d’un taux d’abstention record. En effet, seulement 4 Algériens sur 10 sont allés voter.
Pourquoi ? Simplement parce que les algériens en ont assez !
Cela faisait maintenant 20 ans que le même parti détenait le pouvoir, que le même président gouvernait, Abdelaziz Bouteflika. Âgé de 82 ans, il est gravement malade depuis 2012. Cependant, son parti, ses proches, l’État se sont toujours arrangés pour que l’état physique et mental du président soit passé sous silence. Celui-ci ne faisait plus aucune apparition publique, si bien que des rumeurs sur sa mort s’étaient propagées.
Cette situation ne pouvait plus durer, le peuple ne laisserait pas ce fantôme faire un autre mandat, il s’est donc révolté.
La révolte du peuple en quelques dates (2019) :
2 février : Les partis de la coalition au pouvoir annoncent leur souhait de voir le président Bouteflika concourir à l’élection.
10 février : M. Bouteflika annonce son intention de briguer un cinquième mandat.
22 février : premières manifestations. Des dizaines de milliers de personnes descendent dans la rue, principalement à Alger mais aussi à Oran, Constantine et Sidi Bel Abbès, pour protester contre la candidature du président.
Notons notamment que depuis 2001 il est interdit de manifester dans ce pays.
24 février : Bouteflika part en Suisse pour effectuer ses contrôles médicaux.
26 février : Alors que les étudiants et les universitaires rejoignent la contestation, Abdelmalek Sellal, ancien premier ministre et directeur de campagne du chef de l’Etat, affirme que « nul n’a le droit d’ôter à Bouteflika son droit constitutionnel de se porter candidat ».
1er mars : Pour le deuxième vendredi consécutif, des dizaines de milliers d’Algériens manifestent dans tout le pays. Le monde entier salue le caractère pacifique, drôle et multi générationnel de ces rassemblements inédits.
3 mars : Bouteflika officiellement candidat. Le dossier de candidature de M. Bouteflika, qui a fêté ses 82 ans la veille dans un hôpital de Genève, est déposé auprès du Conseil constitutionnel à la date limite.
8 mars : les manifestations continuent.
10 mars : Retour de A. Bouteflika en Algérie suite à deux semaines d’absence.
11 mars : pas de cinquième mandat. Dans une lettre adressée aux Algériens, Bouteflika annonce qu’il ne se représentera pas pour un cinquième mandat et que les élections sont reportées.
Après avoir dû manifester pour empêcher que ce mandat sans fin ne se prolonge, les Algériens avaient donc enfin obtenu le fait que Bouteflika retire sa candidature. Alors lorsqu’on leur a annoncé la liste des candidats, ils n’en revenaient pas. Parmi eux, 2 anciens premiers ministres et deux anciens ministres de Bouteflika (sur cinq candidats). Le peuple a donc décidé une nouvelle fois d’exprimer son désaccord par une abstention au vote. Ce taux fut le plus élevé depuis le début des élections pluralistes dans ce pays. Les Algériens, à travers cette abstention, déclarent « voter pour la liberté ». Ils sont d’ailleurs sortis dans les rues ce jeudi scandant « Makache l’ vote », appelant à un boycott de l’élection.
Abdelmadjid Tebboune, ancien premier ministre de Bouteflika, est donc élu président d’Algérie. On peut donc affirmer que ce vendredi 13 portait bien son nom en Algérie cette année !
Source photo : Abdelhamid Amine, artiste peintre et bédéiste.
Jasmine Mekki