Salutations, voici le premier article sur les rappeurs de l’ombre, les canailles sans visibilité, les kickeurs inconnus, les MCs obscurs, bref vous avez compris. Pour le premier épisode, je vous présente avec plaisir Grems ou Michaël Eveno. Pour vous replacer dans le contexte, il existe une différence entre rap et hip-hop. Le rap (Rythm And Poetry) est un type de musique, tandis que le hip-hop est en quelque sorte un mouvement culturel aux frontières souvent floues qui comprend le rap, le graffiti, la danse, et la mode.
Quarantenaire depuis quelques mois, Grems est plus un « hip-hopper » qu’un rappeur, car en réalité il rappe depuis plus de 20 ans, mais c’est aussi un designer et un graffeur, fan de hip-hop et de culture urbaine en général depuis son plus jeune âge. Il a participé aux groupes Hustla, Olympe Mountain, Rouge à lèvres, PMPDJ, et Klub Sandwich. Son premier album Algèbre paraît en 2004, et c’est à ce moment là que Grems invente le deepkho, un mélange de rap et de house (un des genre de musique éléctronique les plus développés, souvent joué en club). En 2006, sort son album Airmax (en référence à la paire de chaussures Air Max 1 dont Grems fait la collection) qui l’a fortement aidé à se faire un nom dans la scène du « rap alternatif underground » français (même si je déteste cette expression et lui aussi d’ailleurs). Après quatres années riches en collaborations, il sort un cd-album nommé Broka Billy en 2010, et en 2011 il dévoile la suite directe de son premier album, l’excellent Algèbre 2.0, entièrement produit par le beatmaker Noza. Depuis 2013 et la sortie de son album Vampire, il n’a de cesse d’annoncer son retrait de la scène musicale. En six ans, Grems s’est exilé à Bruxelles pour fuir Paris, il sort six projets solos et un autre avec son groupe Hustla, réalise plusieurs pochettes d’albums pour des amis à lui; il s’est engagé dans un procès pour la garde de sa fille, continue à régulièrement graffer, et s’est vu dédier plusieurs expositions (je vous invite à aller voir ses oeuvres sur instagram, cf. @insta_grems et @grosgrems). Son avis souvent très tranché sur le rap français a souvent fait parler de lui, il est devenu professionnel dans la provocation et les sorties virulentes sur des sujets qui divisent, et il s’auto-baptiste avec ironie « le vilain petit chiffonier du rap game » dans son interview pour La Sauce (disponible sur YouTube). C’est un artiste qui me tient particulièrement à c?ur, à l’aise dans tous les styles, qui parle d’une multitude de sujets différents si on se penche sur ses paroles, avec une réelle identité artistique et qui n’a jamais eu peur de prendre des risques musicaux osés mais toujours réussis. Je l’ai découvert en 2017 avec Fantomas, le premier extrait de son album Sans Titre #7, et j’ai tout de suite accroché à son univers nonchalant et énervé à la fois, c’est selon moi un des rappeurs francophones les plus originaux en ce moment et il mérite bien plus de soutien.