12) TURKMENISTAN
Il est vrai que le pays que je vais aborder aujourd’hui est loin d’être le plus libre. Comme beaucoup le savent, le Turkménistan est une dictature qui voue un culte de la personnalité plus que perturbant aux chefs d’états. Depuis l’indépendance de 1991 jusqu’en 2006, Saparmyrat Nyýazow était à la tête du jeune pays. Des portraits de lui ainsi que d’immenses statues à son effigie étaient installées dans toutes les villes. La fête nationale correspond à sa date d’anniversaire, malgré l’arrivée d’un nouveau président ayant ordonné la suppression de ces édifices afin de les remplacer par des constructions en son honneur. Le Turkménistan fait partie de ces pays qui ont très mal su gérer leur indépendance. Mais ici, pas de guerre civile ni de migration de masse, mais bel et bien une restriction des droits de l’homme au plus haut point. Pour citer quelques exemples : interdiction des partis politiques hormis celui du président actuel, peu d’accès à internet et aucun à la presse internationale, programme scolaire marqué par une forte propagande, morts suspectes de détenus en prison, interdiction des langues minoritaires (seules le russe et le Turkmène peuvent être parlées), limitation de l’accès à l’art, liberté de la presse nulle et quadrillage permanent des forces de l’ordres dans l’ensemble du pays, notamment dans la capitale, Achgabat. Ce qui est dommage compte tenu de la beauté de certains paysages au sein du territoire. Le Turkménistan est, comme la Birmanie, comparable à la Corée du nord en terme de respect de sa population. Mais compte tenu de sa faible puissance et de son approche trop importante face à la religion, il n’inquiète pas les grandes nations. Sinon, sur le plan géographique, le pays possède des frontières communes avec l’Afghanistan, l’Ouzbekistan, le Kazakhstan et l’Iran ainsi qu’un accès sur la mer Caspienne et un climat très sec.
Mais le Turkménistan se rattrape avec son drapeau, que je trouve assez beau. Très complexe, il mérite qu’on s’y attarde un peu.
Le vert et le croissant sont représentatifs de l’Islam, mais les étoiles en haut à gauche n’ont rien à voir avec la religion. Elles sont la métaphore du chiffre 5, porte bonheur dans certaines régions du pays. Chacune d’elle représente un des cinq sens et chaque branche, un des états de la matière : les 4 originels (liquide, solide, gazeux, plasmatique) auxquelles a été ajouté le cristal afin que cela coïncide avec le fameux chiffre sacré. Enfin, le plus original dans le drapeau est sans aucun doute la fresque sur laquelle sont tissés 5 motifs symétriques, nommées Guls, assez traditionnels, représentant cette fois-ci le pays, que cela soit avec les 5 « régions » qui le constituent ou les 5 tribus qui faisaient autrefois la diversité ethnique du pays (les Teke, les Yomut, les Showdurs, les Sarik et les Arsary). Le Turkménistan étant spécialisé dans la fabrication de tapisserie, cette partie du drapeau reste fidèle à la productivité du pays.
Les symboles qui sont associés à ce drapeau ne sont pourtant pas représentatifs d’un régime autoritaire. Que cela soit la religion ou les régions du pays, rien ne fait penser que le Turkménistan soit une dictature.
Pour mieux comprendre la situation au Turkménistan, voici un reportage de France 24 lors des jeux asiatiques en salle 2017 : https://www.youtube.com/watch?v=BpqRzG7Tb34
Iyad Fakhoury