Le domaine humanitaire est souvent vu par son utilité et son importance au sein de la société, un lieu de respect des autres, de l’entraide et de l’assistance à personne faible.
Malheureusement cette belle carte postale a été déchiquetée suite à une affaire sortie en février dernier. En effet l’organisation humanitaire Oxfam a été accusée d’abus sexuels sur des zones d’intervention a révélé le quotidien britannique « The Times ». Ces actes ont eu lieu dans différents pays tels que le Tchad, Soudan du sud, Liberia ou encore à Haïti lors du séisme de 2010.
La principale affaire évoquée fut Haïti. Dans ce cas précis, certains humanitaires échangeaient des biens de première nécessité contre des pratiques sexuelles. Ces femmes étaient bien sur démunies suite au séisme très violent. Les humanitaires abusaient allègrement de ces jeunes femmes. Des orgies étaient organisées au sein même des locaux de l’organisation. Plus honteux encore des mineurs auraient participé à ces événements.
Le principal accusé dans cette affaire s’appelle Roland Van Hamerweiren. Il est l’ex directeur d’Oxfam Haïti. Il serait l’organisateur de ces méfaits. Une enquête est aujourd’hui ouverte par l’Angleterre (chef-lieu de l’organisation) et en Haïti. Oxfam affirme sa totale collaboration en dévoilant une enquête interne effectuée en 2011. Roland Van Hamerweiren était pourtant connu des services de police car il avait fait l’objet de deux plaintes en 2004 pour abus sexuel alors qu’il était en poste au Liberia pour l’ONG Merlin. Il a d’abord affirmé ne pas avoir organisé, ni participé à ces soirées sexuelles, mais le 29 février l’ex-directeur avoue. Il n’est certes pas le seul à avoir participé à ces soirées mais de par son niveau hiérarchique, ses multiples récidives et étant l’organisateur, il est le premier pointé du doigt. A noter aussi que l’organisation Oxfam n’a pas averti les autres organisations humanitaires au sujet de ses employés aux actions abusives. Cela a permis à Roland Van Hamerweiren de s’engager en 2014 dans une autre organisation qui est « Action contre la Faim » en tant que chef de mission au Bangladesh. Oxfam pour se défendre déclare : « Le comportement, découvert à Haïti en 2011, de certains membres du personnel d’Oxfam était totalement inacceptable, contraire à nos valeurs et aux exigences élevées que nous attendons de notre personnel ».
Cette affaire a eu de nombreux impacts sur l’organisation qui a vu son image internationale se dégrader. Le gouvernement britannique menace de couper toutes ses subventions pour Oxfam. Elle aurait aussi perdu de nombreux donateurs : 7000 personnes de moins. On observe aussi de nombreuses démissions au sein de l’organisation qui sont Penny Lawren, la directrice générale adjointe d’Oxfam mais encore ses ambassadeurs, Minnie Driver (nommée aux Oscars) et Desmond Tutu (prix Nobel de la paix).
Cette affaire a permis de révéler de nombreux cas existant dans d’autres organisations comme avec « Médecins Sans Frontières » qui a enregistré 25 plaintes pour harcèlement et violences sexuelles qui on permit le licenciement de 19 personnes. Encore plus étonnant l’ONU (Organisation des Nations Unies) aurait pratiqué des infractions à caractère sexuel en Syrie. L’UNHCR (Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés) s’est défendu par son porte-parole Andrej Mahecic : « Ces allégations, lorsqu’elles ont été portées à notre attention, étaient fragmentées, incomplètes et sans fondements. Il est important de bien comprendre qu’il existe des risques d’exploitation sexuelle dans ces moments de crises humanitaires. Suggérer que l’ONU peut d’une manière ou d’une autre éviter ces agissements est simpliste et déconnecté de toute forme de réalité ». Danielle Spencer a décidé de témoigner sur ces agissements au micro de la BBC en déclarant : « je me souviens d’une femme qui pleurait dans une chambre, elle était bouleversée par ce qu’elle venait de vivre. Le phénomène était devenu endémique, si bien que les femmes ne pouvaient plus se rendre à la distribution d’aides sans être stigmatisées car il était admis qu’en vous y rendant vous acceptiez de vous livrer à des actes sexuels ». Ce témoignage montre bien la violence de ces actes qui crée un malaise dans la population et fait le travail inverse des humanitaires. Cela met la population dans une ambiance de survivalisme bien au dessus de ce qui est subi déjà.
Cette affaire a choqué le monde entier et fait réagir le monde humanitaire. En effet de grandes organisations ont réagi comme le comité international de la croix rouge : « avoir recours au sexe tarifé est incompatible avec les valeurs et la mission de l’institution ».
Malgré cette réaction des organisations et gouvernements, ce phénomène n’est pas nouveau comme vous avez pu le voir dans l’article avec de nombreuses affaires qui remontent à plusieurs années. Il est donc évident que des personnes connaissaient les agissements de certains bénévoles et employés des organisations mais ont préféré se taire ou ont été forcés. Cela pose donc un problème de corruption qui ne devrait pas exister dans ce domaine. Cela met vraiment à mal les organisations humanitaires qui ont donc un réel pouvoir sur les populations en danger et ce pouvoir ne devrait pas être exercé de cette façon. Il est clair que dans ces affaires on remarque un abus de pouvoir intolérable. Certaines personnes expriment une « culture du viol » dans certaines organisations tel que Oxfam. Une enquête est donc ouverte pour le cas d’Oxfam et de nombreuses enquêtes internes dans certaines organisations sont en cours. Des sanctions gouvernementales devraient être prises et l’attention des dirigeants d’ONG devrait augmenter.
Le domaine humanitaire arrivera-t-il à effacer ces nombreuses affaires ?
Sources images : photos 1, 5,6 Reuters ; dessins : Frédéric du Bus et Antonio Rodriguez ; image vidéo : Le Soir
MICHEL Martin