Les rencontres de Montaigne: Serge Moati

Comme chaque année, les élèves de la Classe Médias invitent une personnalité du monde des médias. Grâce à Yoann Gillet, nous avons pu rencontrer et questionner Serge Moati. Cet homme aux multiples facettes nous a captivé par ses propos pendant plus d’une heure en nous faisant partager ses passions, décrivant ses rencontres et ses entretiens. Il nous a donné son point de vue sur la situation politique et médiatique de notre pays.

Serge Moati, un homme aux multiples facettes.

Serge Moati est un acteur, écrivain ou encore producteur né en 1946 en Tunisie. Il est issu d’une famille tunisienne de 3 enfants et est toutefois reconnu pour ses talents d’interviewer à la télévision et pour son travail de réalisateur. Serge Moati est très présent dans la vie politique, il interview entre 1999 et 2009 un grand nombre de politiques dans son émission hebdomadaire “Ripostes” sur France 5. On voit passer dans son émission Nicolas Sarkozy, Marine Le Pen ou encore Jean-Marie Le Pen ; sa manière d’interviewer ces personnages politiques est reconnue depuis 1999 par les professionnels des médias. Il est lié à la sphère politique avec ses débats, mais aussi dans son implication dans la vie politique. En effet, Serge Moati était le conseiller concernant l’audiovisuel de François Mitterrand, Président de la République de 1981 à 1995, dans les années 70 lorsqu’il se trouvait à l’Elysée. Il se trouvait aux côtés du président, il le conseillait avant chaque apparition à la télévision. Il a donc joué un rôle important dans la campagne présidentielle et pendant ses deux septennats de François Mitterrand. Comme il nous l’a précisé dans notre rencontre, François Mitterrand se méfiait les médias. Ce dernier considérait la caméra comme un « œil noir ». Serge Moati l’a aidé à mieux la maîtriser en le conseillant.

Parlons désormais de son rôle en dehors de la politique : Serge Moati débute tout d’abord comme assistant réalisateur au Niger en 1965. Il gravit les échelons peu à peu et devient réalisateur à “l’office de radiodiffusion-télévision française” (ORTF) disparu en 1975. En deux ans Serge Moati passe de directeur des programmes de France 3 Régions à directeur général entre 1982 et 1985. Il anime depuis 2012 “PolitiqueS” sur LCP. Serge Moati est aussi acteur, en effet entre 1959 et 2011, il joue dans cinq films où il croise les réalisateurs Claude Lelouch et François Truffaut. Serge Moati réalise des documentaires passant à la télévision comme “Mitterrand à Vichy” dans lequel il montre l’ambition d’un jeune de droite proche des extrêmes. Pour finir, Serge Moati est un auteur depuis 1986; il écrit une dizaine de livres en rapport ou pas avec la politique, comme Villa Jasmin, une biographie dans laquelle il raconte sa vie à Tunis.

Serge Moati est  père de 3 enfants qui partagent avec lui sa passion pour le cinéma. Félix Moati, ancien élève au lycée Montaigne, est désormais acteur et réalisateur que l’on a pu apercevoir dans “LOL” ou encore “A trois on y va”.

Serge Moati est donc un réalisateur très connu du public français, ceux que d’autres savent moins c’est qu’il a travaillé auprès du président François Mitterrand et qu’il a été pendant 10 ans directeur de France 3.

La Classe Médias

Le reportage…

Nous avons également souhaité photographier cet instant. Trois élèves ont eu la lourde charge de le suivre et saisir les moments significatifs de cette rencontre. Merci à Alexandre, Martin et Paul-Emile.

https://drive.google.com/file/d/1RYdP3Ounbo_XBBaU270oQ54JBZhpIX4q/view?usp=sharing

La Rencontre…

Mardi 16 janvier 2018, la Classe Média a eu la chance de rencontrer et s’entretenir avec Serge Moati. Ce fut très enrichissant, en voici les grandes lignes :

Tout d’abord, les élèves de la classe médias du lycée Montaigne ont interrogé Serge Moati sur son parcours professionnel.

Serge Moati se considère comme producteur, réalisateur, documentaliste, patron de société, écrivain et animateur d’émissions politiques, mais pas journaliste. Il n’a pas de carte de presse, il trouve cela réducteur. Aucune de ces activités ne le passionne plus qu’une autre « il n’y a pas de genre supérieur aux autres ».
Il a du mal à consacrer beaucoup de temps à toutes ses activités. Depuis tout petit, il a peur de l’ennui, il cherche à créer, il a « une passion pour tout faire ».
Au cours d’un casting pour le film Les 400 coups, François Truffaut voit en Moati le réalisateur et non l’acteur. Quelques années plus tard, ils se sont aidés mutuellement dans leurs projets.

Au Niger, pour un petit boulot, Serge Moati rencontre le grand cinéaste Jean Rouche qui l’embauche comme assistant pour porter sa caméra. A ses cotés, il découvre les secrets du métier : « il m’a appris à regarder avec un œil qui filme et un autre qui regarde » et, grâce à lui, il apprit à faire des documentaires.

Dans un deuxième temps, nous l’avons interrogé à propos de ses interviews. Au cours de sa vie, il a réalisé de nombreux documentaires et à travers eux des interviews, notamment celles de personnalités politiques comme Jean-Marie Le Pen.

Il a été également le conseiller audiovisuel de François Mitterrand ce qui lui a permis de bien le connaître et d’entretenir des liens très forts. Dans sa manière de faire, il met en place une relation très naturelle entre ses invités qu’il choisit toujours lui-même, mais ne souhaite pas interviewer des personnes qu’il connaît trop.

Serge Moati a la particularité d’écouter, de mettre en confiance, d’être en empathie et de rassurer son interlocuteur : comme il l’a fait avec Mitterrand très retissant au monde de la télévision et de la caméra qui pour lui était un « œil noir » qu’il détestait.

Pour lui, il est important de ne pas trop se préparer, ne pas se référer automatiquement au texte qu’on a écrit, ne pas interférer dans la discussion, se laisser guider par le récit ; il s’intéresse toujours à la vérité des gens, n’adhère pas aux idées des personnes avec qui il discute et fait en sorte qu’elles puissent « se raconter des choses ». Dans cette situation, différente des autres journalistes, Serge Moati a laissé parler Le Pen sans l’interrompre même quand ses propos étaient déplacés. En tant que patron de chaîne pendant 10 ans, il n’a pas apprécié la manière dont on traitait Le Pen, même s’il ne partageait pas particulièrement ses idées. A tel point qu’il en a écrit un livre. Certaines interviews ont fait polémique comme celle avec Jean-Marie Le Pen, connu pour être provocateur et cynique. Paradoxalement une relation s’était établie entre lui et Le Pen qui le faisait rire bien qu’opposé à ses idées.

Il nous a fait la confidence qu’aujourd’hui la personne qu’il aurait interviewé aurait été Donald Trump parce qu’il pense que son comportement excessif n’est pas anodin. Un autre personnage qui l’a frappé est Emmanuel Macron, Président de la République, qui est un personnage d’après lui « très étrange » et qui fascine tout le monde. Dans son interview face à Marie Le Pen, il paraissait très calme et elle par opposition très antipathique et violente. Au cours de sa prestation au Louvre, Emmanuel Macron lui a fait penser à François Mitterrand par son allure et dans la mise en scène (Moati ayant été le réalisateur de la mise en scène de Mitterrand à la cérémonie du Panthéon).

Dans un troisième temps, nous souhaitions entendre l’avis de notre invité sur l’interview du 17 décembre 2018 entre Emmanuel Macron et Laurent Delahousse. Son regard de téléspectateur et d’expert a reconnu la belle mise en scène de cet entretien sans rien y apprendre de nouveau. D’après Serge Moati, l’interview présidentielle n’est ni «formidable », ni « très intéressante ». On se serait cru à une visite guidée de l’Elysée et cela ne relève pas du journalisme.

Nous l’avons ensuite interrogé sur les médias en général. Tout d’abord, la presse, notamment la presse papier ne va pas bien. On le constate à la baisse nette du lectorat dû aux smartphones et aux réseaux sociaux. En plus des nombreux supports, les médias ne prennent pas suffisamment de risques car les grands groupes limitent les presses d’opinion. Serge Moati a également réagi au discours prononcé par Emmanuel Macron qualifiant le service public de la « honte de la République » ; il considère ces propos d’une violence extrême. Serge Moati déplore également le manque d’ambition culturelle de l’Etat et se dit triste et en colère.

Au terme de l’entretien, il nous a confié que, prochainement, il envisageait de partir en Israël pour filmer des personnes de tout horizon et peu connues pour y trouver de nouvelles personnalités dans le cadre des 70 ans de la création de cet Etat. De plus, nous avons aussi eu la chance d’avoir en exclusivité le titre de son prochain livre « L’ardoise magique ».

L’interview s’est conclue en beauté, Serge Moati nous a fait l’honneur d’accepter de devenir le parrain de la classe médias 2017-2018 du lycée Montaigne et d’être présent à la soirée médias organisée par le lycée fin mai.

Encore un grand merci d’avoir accepté notre invitation.

La Classe Médias.

L’enregistrement…

Pour restituer fidèlement cet instant passé avec Serge Moati, la Classe Médias a décidé de diffuser l’intégralité de l’entretien. Nous avons ajouté également un deuxième enregistrement pendant lequel il nous fait partager ses sentiments à l’égard de François Mitterrand pendant lequel il nous parle des relations qu’il a entretenues avec le maréchal Pétain. Il évoque aussi d’autres rencontres.

Nous sommes désolés pour la qualité de l’enregistrement qui est un peu difficile, mais le contenu plus intéressant.

A vous d’écouter.

https://drive.google.com/file/d/1F1c1FC3kJnP5P1Qwzompphcnnz35w0PW/view?usp=sharing 

https://drive.google.com/file/d/1VHVgUWlkB7bn92nGGE7S3al1QzMmGA_P/view?usp=sharing

La Classe Médias

 

Le bilan olympique de la France

JO 2018 : Le bilan des médailles françaises

Alors que les jeux Olympiques de Pyeongchang se terminent après deux semaines de compétition acharnée, voici un petit récapitulatif des médailles françaises.

Au début de ces jeux, le président du Comité National Olympique et Sportif Français(CNOSF), Denis Masseglia, avait fixé l’objectif de médailles français à 20 « breloques ». La France a finalement fini ces jeux avec 15 médailles et a égalé le record de Sotchi (Russie).
La plupart de ces médailles est venue du biathlon où la France a excellé que ce soit chez les hommes ou chez les femmes en individuel comme en équipe. Avec 3 médailles d’or associées à Martin Fourcade dont un relais mixte et 2 médailles de bronze comprenant le relais femmes ; il est important de noter que les femmes sont impliquées sur 3 des 5 médailles en biathlon comparé aux JO de Sotchi où les 4 médailles étaient masculines.

A l’inverse, le ski cross qui était très attendu après le podium entièrement français à Sotchi n’a pas brillé cette fois-ci et aucun français n’est parvenu à accéder à la finale. En ski alpin, Alexis Pinturault a répondu présent avec une médaille de bronze sur le slalom géant et une belle médaille d’argent en combiné.

 

La France finit donc 9ème du classement des médailles soit une marche plus haute par rapport aux jeux de Sotchi tandis que la Norvège termine en tête à égalité de médailles d’or avec l’Allemagne et aura cumulé un total de 39 médailles.

Un bel événement s’est également produit durant ces jeux car le grand champion Martin Fourcade est entré dans l’histoire en devenant l’athlète français le plus titré des jeux olympiques. Il y a également eu de jeunes talents qui nous ont fait rêver avec Perrine Laffont, sacrée championne olympique de ski de bosse à seulement 19 ans, et Julia Pereira de Sousa de l’âge de 16 ans qui a décroché la médaille d’argent du snowboard cross. Une chose est sure, les cadors et la relève français seront au rendez-vous à Pékin dans quatre ans pour battre ce record de médailles qui ne demande plus que ça.
Noam Brand

Sources : http://www.europe1.fr ; http://www.lequipe.fr