Que puis-je dire sur cet homme ? Qu’il est incroyable, superbe, gigantesque. Je n’ai que trop de compliments à faire. Charles Aznavour a bercé mon enfance ; parfois, il me suffit de l’écouter pour que tous mes maux disparaissent. Il y a de la force, de la puissance dans sa voix. Osons reprendre ses propres mots « que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître » ! Il fait partie des plus grands, il est l’égal de Gainsbourg, Bécaud, Piaf, Brel, Ferré, Brassens, Trenet, Rossi, Barbara… Aznavour est le Victor Hugo de notre très chère chanson. Il a forgé son nom dans la variété française ; il est son chef de file, son gardien, son mythe. Ses chansons respirent, expriment une chose. Il est en quelque sorte un poète du XXème siècle ; ses musiques relèvent d’une adoration sans limite : le rythme, le texte, la voix, tout suscite l’admiration.
De plus, ce très vieux chanteur continue à être sur scène Il est, à chaque concert, acclamé, désiré ; il affole tout autour de lui. Si son succès est si grand, il le doit, malheureusement, à la médiocrité musicale de l’époque ; il est, malgré son âge avancé, toujours debout. L’immortalité est devenu son second prénom ; il est l’incarnation d’un passé que l’on ne veut point oublier, comme une nostalgie puissante qui reste et s’impose.
Cet éloge n’a pour seul principe que de persuader les gens, nombreux soient-ils, d’écouter ses chansons, toutes plus magnifiques les unes que les autres. Les plus grandes chansons d’Aznavour sont nées dans les années 60. Pendant toute une décennie il constitue, construit son répertoire. Parmi toutes ces mélodies plusieurs sont devenus des classiques : « Les Comédiens » (qui ne connait pas cette chanson qui est peut être sa plus grande), « La Bohème » (la plus belle de toute, autant pour le texte que pour la mélodie : la poésie incarnée), « Que c’est triste Venise » ( un pur bonheur d’écouter cette mélodie, c’est un mélange de mélancolie et de force assumée), « For Me Formidable » (c’est une sorte d’imitation grandiose mélodique de Sinatra) et enfin « Emmenez-Moi » ( à travers ce morceau, le voyage est servi comme idée, comme principe, une merveille).
Poésie, ce nom est souvent, et c’est bien normal, répété. Car je pense qu’elle incarne avec majesté l’œuvre de notre chanteur. Ces chansons portent, à tout instant, un message ; et si ce n’est pas le cas la forme du morceau, en général, est magnifique à écouter. Toutes ces musiques se résument en un seul mot : plaisir. Découvrir Aznavour vous apportera un certain bonheur ; il pourra, avec talent, vous séduire. La poésie est à son état naturel : vive et puissante.
Si, par quelque motivation, votre envie se donne vers une chanson engagée : écoutez « Comme Ils Disent », traitant de l’homosexualité cette mélodie propose à celui qui a le plaisir de l’écouter un rythme grave, des paroles mesurées et percutantes.
Charles Aznavour est donc un chanteur, par sa voix, et par-delà il en est presque un poète, par le texte. Il est pour moi un homme de lettres ; dans cette position, je suis en effet de l’avis de Jean d’Ormesson (il est de ceux qui voudrait l’entrée du chanteur à l’Académie française).
Corentin Masson