Merci Patron ! est un documentaire français, sorti le 24 février 2016, réalisé par François Ruffin, journaliste, fondateur et rédacteur en chef du journal subversif Fakir « Fâché avec tout le monde. Ou presque. » , indépendant et engagé.
Ce sont les aventures de Jocelyn et Serge Klur, salariés licenciés après la délocalisation de l’entreprise Kenzo où ils travaillaient (appartenant au groupe LVMH présidé par Bernard Arnaud) près de Valenciennes, dans le Nord de la France. Le couple désormais au chômage, croule sous les dettes, et risque de perdre leur maison. Vient l’arrivée inattendue de François Ruffin qui propose son aide et celle de son journal ; ainsi commence un réquisitoire contre la politique d’entreprise du patron. Drôle et sensible, cette joyeuse troupe arrivera t-elle à faire pencher la balance ? Le cas Klur sera t-il victorieux ? Franchement on l’espère.
Lorsque commence le film, on est surpris, ce n’est vraiment pas ce à quoi on s’attendait, une caméra qui filme à l’improviste la star de ce long métrage, François Ruffin. La qualité n’est pas bonne, en contre plongée, oui elle surprend vraiment. On le voit mettre un T-shirt où les mots « I love Bernard » sont inscrits, il se rase dans sa petite salle de bain, la musique des Charlots en fond qui résonnera dans vos oreilles et vous fera sourire durant tout le film. C’est encore la consternation lorsque l’on voit les deux autres stars du plateau, Jocelyn et Serge, si ch’tis et si simples. On en rigole c’est vrai, et pourtant… Étrangement on en pleure aussi. Car vient une véritable épopée qui, derrière ses moqueries, se cache un véritable conflit de classe. On peut bien rire de l’accent de Serge, mais lorsque il nous dit qu’ils n’ont pas assez pour manger, on rit moins. Le silence tombe, quelques minutes s’écoulent et puis revient la gaieté, même si personne n’est dupe. Le journal Fakir se tue à la tâche afin de porter le cas Klur à l’assemblée LVMH, on commence à les prendre au sérieux et on leur envoie un inspecteur des impôts afin de trouver un « arrangement » selon les dires de celui-ci. Peut-être cette scène est la plus ironique du film, car une véritable comédie humaine défile sous nos yeux, montrant une réelle mascarade.
Mettre sous silence le couple, ne pas ébruiter leurs revendications, notamment aux médias ou au Journal Fakir, voilà le but d’LVMH. Et le pire c’est qu’ils se font complètement bernés.
Bref, on a adoré.
Héloïse Chéronnet