Seul…
Seul au monde
Le meilleur des mondes
Il était une fois…
Imaginez que vous êtes un petit garçon, sans nom, sans visage. Vous vous réveillez, glissant du haut d’un rocher, au milieu d’une forêt lugubre. Vous êtes perdu, seul dans cet obscur décor, vous avez peur mais pas de demi-tour possible. Alors vous continuez, mais pourquoi ?
Armé de votre courage uniquement, vous devrez vous aventurer dans cet univers délabré. Lâché en pleine nature, ce sera à vous et seulement vous de comprendre les intrigues et trouver les réponses à vos questions. Aucune information ne vous sera donnée. Vous ne savez pas qui vous êtes, ni quel est votre but, ni pourquoi vous êtes là. Et plus vous avancerez, et plus vous vous enfoncerez dans les tréfonds de ce paysage, plus vous découvrirez de sombres et cruels secrets.
Au cours des premières minutes de jeu, vous apprendrez les principes de fonctionnements de base du jeu (déplacements latéraux, saut par-dessus les obstacles, interactions avec des objets divers pour arriver à vos fins…), très simples et limités, mais qui permettent tout de même des possibilités de situations très nombreuses et variées. Le gameplay (règles de base de la jouabilité du jeu, expérience) est essentiellement constitué d’énigmes, de parcours d’obstacles et d’explorations des différents décors, afin de trouver la clé des énigmes ou l’interrupteur qui vous permettra d’ouvrir les portes qui mènent à la suite.
Inside est la dernière création du studio indépendant Danois Playdead, fondé en 2006 par Arnt Jensen et Dino Patti. Avec seulement 20 employés, Playdead a tout de même réussi à se faire une renommée grâce à leurs deux jeux vidéo (Inside et Limbo). On reconnaît dans Inside certains aspects de leur jeu précédent, Limbo (sorti en 2010), dans lequel le personnage incarné était aussi un petit garçon ; les deux jeux partagent les mêmes teintes monochromes.
Vous ressentirez peut-être une sensation de malaise, de gêne ou de dégoût à la vue de certaines images ou de certaines séquences. Inside a une portée onirique, voir cauchemardesque, qui nous replonge dans nos peurs enfantines. En effet, le fait que les créateurs aient choisi un petit garçon comme personnage principal a son importance. Le manque d’information sur son histoire et son identité, nous permet une totale identification. Dans Inside, tous les personnages que vous croisez ne vous veulent pas forcément du bien, ce qui vous amènera à maintes reprises à vous faire attraper, échouer et mourir. Et, contrairement à d’autres jeux – comme les jeux de tir et d’action où vous pouvez mourir dans l’indifférence – lorsque l’enfant meurt par notre faute, on est touché par sa souffrance. Cette peur, cette ambiance cauchemardesque, cette impression d’être prisonnier sont alimentées par une ambiance sonore et visuelle tout à fait originale : vous n’aurez droit à aucune cinématique, aucun dialogue, mais plutôt à une bande sonore terrifiante et hypnotisante, sans parler des graphismes singuliers et du travail sur la profondeur de champs, qui donne lieu à des images et des décors sublimes.
Au bout de quelques heures de jeu (4 à 6 heures), vous voilà arrivé à la fin de votre aventure, une fin encore plus choquante et perturbante que tout le reste. Non seulement vous serez face à de nouvelles questions mais vous aurez droit à une fin alternative cachée, plus noire et troublante que la fin originale. Pour y arriver, vous devrez trouver et interagir avec des objets particuliers (14 collectibles) dissimulés un peu partout dans le décor tout au long du jeu. Pour ce faire, vous n’aurez pas de nombreuses options : si vous êtes curieux, vous arpenterez sûrement le moindre recoin de chaque séquence et vous tomberez dessus par hasard, sinon vous devrez vous efforcer de chercher par vous-même jusqu’à les trouver, ou alors, pour les moins patients, de nombreux sites vous proposeront la solution en indiquant leur emplacement. Personnellement, je l’avoue, j’ai choisi cette dernière solution. À chacun sa méthode et sa philosophie – même s’il est plus drôle de chercher par soi-même – le plus important est d’y jouer, et dans sa totalité. Mais si vous parvenez, à force de patience, à trouver tous les collectibles, vous aurez encore une chose à accomplir avant d’assister à cette fin atroce. Alors, vous obtiendrez un indice qui vous aidera à répondre à la plupart des réponses à vos questions. Mais soyez prévenus, vous risquez d’être sous le choc pendant quelques secondes après avoir terminé. Je ne vous en dirai pas plus.
Inside n’est pas un jeu comme les autres, mais reste tout de même très facile d’accès, y compris aux non initiés à ce type de jeu, catégorie à laquelle j’appartiens. En tant que joueur d’Overwatch, Assassin’s Creed et Call of Duty, je n’étais absolument pas habitué à ce genre d’univers et de gameplay, plutôt déconcertants au début.
Comment ai-je découvert ce jeu ? Grâce au YouTuber français Squeezie, que certains connaissent sûrement. Et même si, de cette manière, toute l’intrigue et la progression du jeu nous sont révélées, cela ne m’a pas empêché d’y jouer, au moins pour vivre et comprendre cette aventure, où il reste toujours à interpréter l’histoire. Mais vous en savez déjà trop. Maintenant, empressez-vous de vivre l’expérience qu’est Inside.
Adam Lecuyer