Petit rappel
Un ultra: personne extrémiste dans ses convictions sportives ainsi que dans sa manière de les afficher. Souvent désignés comme des supporters apportant de leur personne pour encourager leur équipe et ambiancer le public, les ultras sont souvent décrits comme étant à la juste limite entre les supporters et les hooligans.
Ce samedi 1er Octobre 2016, certains membres des ultras du Paris Saint Germain (PSG) appartenant au Collectif Ultra Paris (CUP) ont fait leur retour dans les tribunes du mythique stade parisien, le Parc des princes, lors de la 8ème journée de ligue 1 opposant le club francilien aux Girondins de Bordeaux ; score final : 2-0 en faveur des parisiens.
Mais de quel retour parle-t-on ? D’où viennent ces ultras ? Quelle est leur histoire ? Tels seront les questions auxquels cet article va répondre.
Les premières associations de supporters ont vu le jour en 1978 dans les tribunes K du virage Boulogne du Parc, donnant le nom de Kop of Boulogne (KOB) ou Kop K à l’association de supporters. A l’époque, déjà plus de 500 personnes se réunissaient dans ces tribunes pour voir leur équipe jouer. Le placement de ces admirateurs du PSG n’était pas un hasard : en effet, les joueurs avaient pour habitude de s’échauffer devant le virage boulogne, cette tradition étant née le 10 novembre 1973 à l’occasion du premier match des parisiens dans la nouvelle enceinte du Parc des Princes. Il faut attendre 1998 pour voir les footballeurs franciliens s’échauffer devant le virage Auteuil. Bien vite pourtant, le PSG reprend ses échauffements devant la tribune Boulogne tant courtisée.Le Kop K est également actif en déplacements. Mais de nombreux incidents voient le jour de ce fait et amènent à la création du premier groupe désigné comme« Ultra » en 1985-1986 : les Boulogne Boys.
Les Boulogne Boys débutent leurs activités dès septembre 1985. Plusieurs stades, dont ceux d’Auxerre et Nice sont en effet vandalisés. Ces actions qui entraînent l’annulation de déplacements des supporters parisiens sont sévèrement condamnées par des supporters du KOB et les Boulogne Boys profitent de ce fort sentiment de rejet pour se faire connaître. Très vite, pourtant, des problèmes éclatent chez les Boys, donnant le jour dès mars 1986 à d’autres groupes comme les Gavroches et les Firebirds.
Avec l’arrivée de Canal+ aux commandes du club en 1991, le problème des incidents des associations de supporters du virage Boulogne est clairement en tête de liste. Canal+ propose aux ultras de s’installer dans le Virage Auteuil, subventions à la clé. Supras (1er groupe du Virage Auteuil, dès le 26 octobre 1991), Lutèce Falco et autres groupes en profitent pour voir le jour. Les anciens groupes de Boulogne comme les Boys et les Gavroches restent dans le KOB. Cette scission réduit efficacement la violence dans le virage Boulogne, tandis qu’une rivalité s’instaure entre les deux tribunes.
Contrairement au Kop de Boulogne, le virage Auteuil n’est pas une tribune très active au niveau de ses supporters jusqu’au début des années 1990 et prend comme modèle l’Italie et ses ultras, avec des animations des tribunes à l’occasion de l’entrée des joueurs sur le terrain.Plus spectateurs que supporters, « Auteuil rouge » fut à plusieurs reprises, réservé aux supporters adverses.Après l’abandon du versement de subventions par le club en 1997, le Virage Auteuil découvre l’indépendance, avec un léger réchauffement des relations Boulogne-Auteuil. Un des signes du rapprochement est la mise en place de chants en écho entre les deux tribunes, impensable avant cette date (PSG-Toulouse en 2000).
Mais au printemps 2010,Yann Lorence, un supporteur du PSG décède suite à des violences dues aux ultras aux abords du Parc des Princes. Robin Leproux, alors président du club, décide de boycotter les ultras et de leur refuser l’accès au stade afin d’éradiquer les violences et mettre fin aux incidents.
Début 2016, les différents groupes de supporters du PSG encore actifs décident de s’associer derrière la même bâche : Le Collectif Ultras Paris. L’objectif avec la création de ce collectif était de montrer la solidarité inter-groupe afin de reconquérir le parc. Les supporters n’étaient pas seuls dans leur démarche : de nombreux joueurs ont affirmé via des conférences de presse ou les réseaux sociaux vouloir un retour des ultras dans l’enceinte du Parc.
C’est donc 6 ans après leur boycott que les ultras ont pu engager les discussions avec le club de la capitale. Le collectif ayant finalement obtenu un avis favorable de la préfecture de Paris ainsi que de Nasser El Khelaifi, président actuel du PSG, permettant le retour d’une centaine de membres du CUP lors du match contre Bordeaux. A la fin de celui-ci, les joueurs sont d’ailleurs allés remercier les quelques membres présents. Espérons que cette réhabilitation des ultras au Parc redonne cette image d’un PSG conquérant au club francilien pour de nombreuses années.
Niccolo Casilli
La Tribune de Montaigne 