« Je crois que ma pièce anglaise est en France comme une marque de gratitude et de respect. »
Edward Blond, 11 février 2016
Traduit par David Tuaillon
La mer gronde, la mer s’agite, la mer tue dans la salle Richelieu de la Comédie Française.
Voici l’œuvre d’Edward Bond, « La mer », mis en scène par Alain Françon. Deux heures de pure tragédie, dans des décors différents.
L’histoire se passe en 1907. Madame Rafi, une femme énergique, mène à la baguette une petite ville et ses habitants du Suffolk, au bord de la mer du Nord, en Angleterre. Une ville calme ? Certes, jusqu’à cette fameuse tempête qui emporta Colin, un jeune homme qui devait se fiancer à la nièce de Madame Rafi, nommée Rose. Un seul survivant : son ami Willy. A partir de là, tous se démènent pour convaincre que Willy est son assassin. De plus, l’univers bourgeois de Madame Rafi part en lambeaux.
La mise en scène est spectaculaire. En explorant les chemins qui s’offrent à l’humanité, le metteur en scène nous dévoile une pièce de lutte et de résistance.
La pièce entretient avec la scène française une relation intense. La mer est l’une des pièces d’Edward Bond les plus jouées en Grande-Bretagne. Pourtant, en France, elle est encore inconnue.
La découverte du théâtre d’Edward Bond n’a pas été directe, elle s’est faite en deux temps. Tout d’abord, vers les années 1960, Bond était l’auteur du moment et a dû surmonter à la fois le succès et le scandale. Il fit quand même jouer deux de ses pièces : Route étroite vers le Grand Nord et Demain la veille. Pourtant, les britanniques ne furent pas satisfaits de cette pièce jusqu’à la mise en scène de Sauvés. Puis, dans les années 1990, après quinze ans d’absence, Bond redécouvre ses créations à l’aide d’Alain Françon dans La Compagnie des hommes et Pièces de guerre. Aujourd’hui, Edward Bond est un auteur considéré, influent en France. Son public dépasse même celui des professionnels.
Vous avez du 5 mars au 15 juin 2016 pour découvrir et apprécier cette pièce. Elle mérite le détour ! Alors laissez-vous transporter par cette vague d’une force sensationnelle.
Anne Laure Warde