L’arénicole est un petit ver bien connu des pêcheurs. Mais il pourrait bien révolutionner le monde de la médecine.
Franck Zal est un chercheur français en océanologie biologique. En 1999, il a participé à une mission de six mois dans le Pacifique pour étudier l’hémoglobine de certains vertébrés. En plongeant à 3000 mètres de profondeur, il a découvert des vers de plus de trois mètres de long mais leur hémoglobine contenait trop de sucre, ce qui constitue un facteur de rejet chez l’homme. C’est en rentrant en Bretagne, dans le Finistère, qu’il décide d’étudier un ver marin qu’il trouve sur la plage près de chez lui. Pour cela, il vide des rats de leur sang et leur injecte l’hémoglobine purifié des vers. Résultat ? Les animaux survivent.
Le sang du ver pourrait non seulement être compatible avec le sang humain, mais en plus son typage sanguin est du O-, le typage des donneurs universels. Son hémoglobine est 40 fois plus efficace que l’hémoglobine humaine. De plus, elle permet d’augmenter la durée de conservation et de vie d’une organe destinée à une greffe, et aurait des capacités pour accélérer la cicatrisation.
Pour pouvoir poursuivre ses recherches, Franck Zal fonde la société Hemarina en 2007 qui est aidée financièrement par la Navy américaine ou par des laboratoires américains et a pour but de développer des transporteurs d’oxygène universels d’origine marine pour diverses applications thérapeutiques et industrielles.
La production de sang artificiel n’est pas encore pour aujourd’hui mais les perspectives permises par cette molécule sont très intéressantes dans l’avenir pour prolonger la vie des greffons et comme solution temporaire pour les accidentés de la route ou les soldats blessés en cas d’hémorragie massive.
Cependant, en France, l’exploitation de ce ver marin dérange. En effet, le sang est un monopole d’État géré par l’Établissement Français du Sang. L’équilibre financier de l’EFS repose sur le don des Français qui acceptent de donner leur sang gratuitement. Le sang est ensuite revendu aux hôpitaux, ce qui constitue une rentrée d’argent pour le Ministère de la Santé. C’est pour cela que Franck Zal doit se tourner vers les Etats Unis à chaque fois qu’il recherche des scientifiques ou des terrains d’expérimentation.
La pénurie de sang au niveau mondial étant estimé à 100 millions de litres, l’arénicole pourrait-il faire progresser la médecine et être une solution pour combler ce déficit ?
Franck Zal et « ses » arénicoles
Juliette Cagnac