Les victimes de l’attentat
L’attentat à Charlie Hebdo du mercredi 7 janvier 2015 a fait douze victimes.
Les cinq grands dessinateurs Cabu, Charb, Wolinski, Tignous, et Honoré y ont perdu la vie comme le mentionnent la plupart des médias. Mais les journalistes insistent moins sur les disparitions de l’économiste Bernard Maris, de la psychanalyste Elsa Cayat, du brigadier Franck Brinsolaro, du policier Ahmed Merabet, de l’agent de maintenance Fréderic Boisseau, du journaliste Michel Renaud, et du correcteur Mustapha Ourrad.
Revenons sur leur parcours, sur leur vie qu’ils ont perdu pour défendre la liberté d’expression.
Cabu (Jean), dessinateur, 76 ans : Il a commencé sa carrière en soumettant ses dessins à Ici Paris et France Dimanche. Il intègre une équipe qui fonde Hara-Kiri où il rencontre Wolinski. A partir de 1962, il collabore avec le magazine Pilote où il invente son personnage du « Beauf », terme qui rentre grâce à lui dans le dictionnaire. En 1969, il reçoit le Crayon d’or du dessin de presse.
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Charb (Stéphane Charbonnier), dessinateur, 47 ans : Il commence à travailler pour le journal satirique La Grosse Bertha, avant de relancer le journal Charlie Hebdo en 1992, avec l’aide notamment de Cabu. En 2009, il devient le directeur de la publication. Recevant des menaces de mort pour ses dessins (sa principale cible étant la religion), il répond : « Ça fait sûrement un peu pompeux, mais je préfère mourir debout que vivre à genoux ».
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Wolinski (Georges), dessinateur, 80 ans : Il dessine pour Hara-Kiri, L’Enragé (pendant les événements de mai 68), Charlie Hebdo, L’Humanité… En 1998, il reçoit le Prix International d’Humour Gat-Perich, et la Légion d’Honneur en 2005. Il était également auteur de bande dessinées. L’un de ses principaux sujets était le couple moderne, la place de l’homme et de la femme dans la société.
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Tignous (Bernard Verlhac), dessinateur, 57 ans : Son surnom signifie « petite teigne » en occitan. Il a travaillé pour Charlie Hebdo, Le Canard Enchaîné, Fluide Glacial, et Marianne. Tignous cherchait à dénoncer le capitalisme, les inégalités sociales, les travers des politiciens, et la montée de l’islamisme.
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Honoré (Philippe), dessinateur, 73 ans : Il a collaboré à de nombreux journaux et magazines tels que Le Monde, Libération, Hara-Kiri, La Vie ouvrière, Les Inrockuptibles,… Il a réalisé des dessins pour illustrer des couvertures de livres notamment la collection des « Petits Classiques » de Larousse.
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Bernard Maris, économiste, 68 ans : directeur adjoint de la rédaction de Charlie Hebdo en 2008, il a écrit des articles pour de nombreux journaux tels que Le Monde, le Nouvel Observateur… Il tenait une chronique économique sur France Inter et sur la chaîne I-Télé. En 2011, il a été nommé membre du conseil général de la Banque de France.
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Elsa Cayat, psychanalyste, 55 ans : elle signe la chronique « Charlie Divan » de Charlie Hebdo. Elle a écrit de nombreux ouvrages dans lesquels elle s’intéressait philosophiquement à la question du plaisir et du désir, et sur le rapport homme-femme.
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Franck Brinsolaro, brigadier, 49 ans : Il était affecté depuis longtemps au service des hautes personnalités (SDLP) et était chargé de protéger le dessinateur Charb.
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Ahmed Merabet, policier, 42 ans : il était assigné depuis huit ans au commissariat du 11e arrondissement. Après l’attentat, il était chargé de se rendre sur les lieux quand il a rencontré les meurtriers et s’est fait abattre alors qu’il était blessé au sol.
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Frédéric Boisseau, agent de maintenance : Il travaillait pour Sodexho, agence qui dénonce l’oubli que les médias ont voué trop fréquemment à son nom.
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Michel Renaud, journaliste : ancien directeur de cabinet de la mairie de Clermont-Ferrand, il venait le jour de l’attentat remettre à Charb une planche de dessins que Cabu lui avait prêté. Michel Renaud était très impliqué dans la vie politique de Clermont-Ferrand et était aussi président-fondateur du festival du carnet de voyage de la ville. Il a été journaliste à Europe 1 et au Figaro.
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Mustapha Ourrad, correcteur, 60 ans : Il travaille pour la maison d’édition Hachette en tant que correcteur puis dans le journal Viva et Charlie Hebdo, depuis dix ans.

La classe média
Des journalistes meurent sous les balles de terroristes.

Vers 11h30, deux hommes cagoulés pénètrent dans la rédaction de Charlie Hebdo, le quotidien satirique situé dans le 11eme arrondissement de Paris. Les deux hommes sont armés de fusils automatiques de type kalachnikov. A l’intérieur du bâtiment, les hommes ouvrent le feu en demandant le nom de chaque personne avant de les tuer. Quelques minutes plus tard, les deux hommes sortent, en abattant un policier se rendant sur les lieux. Quelques secondes après leur sortie du bâtiment, l’un d’eux a prononcé : « Eh ! On a vengé le prophète Mahomet, on a tué Charlie Hebdo ! ». Ils prennent ensuite la fuite en direction de l’est parisien et abandonnent leur véhicule porte de Pantin pour en voler un autre. Ils sont actuellement en cavale, une véritable chasse à l’homme se met en place.
D’après les images, on constate que les hommes sont des professionnels entraînés à tuer. Suite à cette attaque, le niveau maximal du plan vigipirate est mis en place dans toute l’île de France; par conséquent, les lieux publics, écoles, gares, les grands magasins sont mis sous protection renforcée.
Cette attaque est la plus meurtrière en France depuis cinquante ans. Une heure plus tard, le président de la république se rend sur les lieux pour prononcer ses condoléances aux familles des victimes et a dit : « Nous sommes menacés car nous sommes un pays de liberté. […] Ils se sont attaqués à l’expression de la liberté». Selon un spécialiste du terrorisme, cet acte est le premier d’une longue série. Une réunion de crise présidée par François Hollande est ouverte au Palais de l’Élysée vers 14h.
Le bilan de cette attaque est de 12 morts et 4 blessés. Parmi les victimes, on peut compter les plus grands du dessin de presse français comme Wolinski, Cabu, Charb, Tignous et l’économiste Bernard Maris.

Le quotidien « Le Monde », en signe de solidarité à son confrère, a publié sur son site ce message « cette tuerie (…) ne fait que renforcer notre certitude qu’il est nécessaire de lutter contre l’ignorance, l’intolérance, l’obscurantisme et le fanatisme. Il est plus que jamais indispensable de rappeler que la liberté de la presse ne se négocie pas. »
La classe média