Vie privée, vie publique ?

Le 10 janvier 2014, le magazine « Closer » révèle une possible liaison entre le président de la République, François Hollande, et Julie Gayet. En effet, sur une photographie faisant la Une du journal, on aperçoit François Hollande sortant d’un appartement occupé par l’actrice. Cette simple couverture provoque tapages médiatiques et gros titres. Les journalistes n’hésitent pas à associer par une habile mise en page Valérie Trierweiler, Julie Gayet et François Hollande.

Quelques heures plus tard, l’hospitalisation de Valérie Trierweiler pour « gros coup de blues » fait le tour des rédactions. Simple coïncidence ? Ou la première dame fait réellement face à un chagrin d’amour ? Pas d’autres nouvelles.

Quand à Julie Gayet, elle enchaîne, elle aussi, les couvertures ; certains la découvrent dans le magazine « Elle », qui en profite pour mettre sa photographie sur la première page… Abonnés au second rôle, cette actrice de 41 ans, mère de deux enfants était déjà connue pour son engagement politique notamment lors de la campagne présidentielle de….Hollande. Oui, c’est ça. Mais également pour une participation active au sein du parti socialiste.

Selon la rédactrice en chef de Closer, la relation amicale entre Julie Gayet et François Hollande durait déjà depuis 2 ans et était connue des gens des milieux artistiques et politiques. Lors de la très attendue conférence de presse, quelques jours après le scandale, les journalistes n’obtiennent que très difficilement quelques mots du président : « indignation », « vie privée », « sécurité ». En effet, il faut savoir que le Président de la République se doit d’être escorté partout où il se déplace, mais les photos désormais célèbres mettent en cause la protection du président de la République.  Le débat va plus loin encore. Il pose le problème de la vie privée des hommes politiques et du statut de la « première dame » en France. Sur le plan constitutionnel, la notion de première dame n’a pas d’existence légale. Mais la tradition veut que le chef de l’Etat soit accompagné de son épouse lors de ses déplacements officiels. Mais quand il est célibataire ? Comment doit-on faire ?

Sur le plan personnel, la vie privée des hommes politiques est respectée. Les déboires amoureux sont une affaire personnelle et par conséquent doivent rester privés. Dans certains cas, des personnes politiques en profitent pour déplacer le problème sur la scène politique. Par ce choix, ils rompent non seulement le contrat moral qui lie les politiques entre-eux et les journalistes, mais ils vont à l’encontre du principe de la presse française qui se refusait jusqu’à maintenant de publier sur ce sujet. C’est ce qu’a fait Jean-François Copé, président de l’UMP. Il porte un jugement sur la vie de couple de François Hollande et dit qu’en trahissant sa compagne, il trahit la France et les Français.

Le scandale dure à présent depuis déjà une semaine, et les couvertures continuent à s’enchaîner sur un rythme effréné : on apprend la sortie de Mme Trierweiler, harcelée médiatiquement, et sa réclusion à la résidence d’Etat de La Lanterne. De son côté Julie Gayet, des rumeurs de grossesses circulent, démenties tout de suite, elle choisit de porter plainte pour atteinte à la vie privée. Quant au scandale en lui-même, pourquoi tant de remue-ménage ? Lorsque l’on connait les déboires des anciens présidents, et l’on pense notamment à Jacques Chirac, à François Mitterrand, à Giscard d’Estaing. Maintenant cette affaire ne fait plus la une des journaux. D’autres affaires peut-être plus médiatiques l’ont remplacée. Ainsi va l’actualité…

Cette affaire a eu au moins le mérite de poser deux questions : la place de la compagne du président de la République et la place de la presse en France. Pour la première question, il semblerait que les premiers éléments de réponse soient donnés. Il n’y a pas de statut de la première dame. Pour la seconde, la presse « sérieuse » s’accorde à dire que la vie privée ne doit pas faire les gros titres et être respectée au risque de voir une presse à l’américaine voir le jour en France avec tous les excès que l’on connaît.

Rolland Carla, Zerrouk Sabrina, Spiridonov Inès, Touré Mahawa, Morin Ingrid.

Dieudonné fonce dans le mur

Depuis quelques semaines Dieudonné, humoriste français, fait le buzz dans l’ensemble des médias. Parti d’un geste « la quenelle » jugé antisémite, Dieudonné se met à dos le gouvernement, la presse, la télé, la radio et une partie de l’opinion publique. En plus de ses propos, son spectacle sème le doute. Faut-il en parler ? Et surtout comment en parler ?

Toute la presse est derrière cette histoire, certains journaux parlent plus du point de vue politique de l’affaire, avec les passages répétitifs devant la justice, et puis d’autres utilisent la force des images et parlent du mouvement des citoyens (ceux qui sont pour et ceux qui sont contre). Cet évènement médiatique remet Dieudonné devant les caméras.

Peut-être la dernière sortie de route pour Dieudonné M’bala M’bala. Après avoir exprimé des propos antisémites envers le présentateur de la matinale de France inter, Patrick Cohen : « tu vois, lui, si le vent tourne, je ne suis pas sûr qu’il ait le temps de faire sa valise », raconte-t-il avant de lâcher une autre attaque : « Moi tu vois, quand je l’entends parler, Patrick Cohen, je me dis tu vois, les chambres à gaz…dommage », il a franchi la ligne rouge. Jusqu’à présent Dieudonné se contentait de « plaisanterie » sur la shoah à la limite du supportable, mais, en ce moment, entre sa quenelle et ses différentes attaques antisémites, Dieudonné fait plus partie du monde des comiques, mais du monde des bouffons à moustache, à la croix gammée. Ses propos doivent donc être sanctionnés par la justice sans aucune retenue.

 En marge de sa tournée, le Conseil d’Etat a décidé d’annuler ses spectacles. Le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, a estimé qu’il y avait un motif de trouble à l’ordre public et incitation à la haine raciale. Dieudonné obtient dans son combat des soutiens de nombreuses personnalités d’Alain Soral à Jean-Marie Le Pen. Il l’est également soutenu par de nombreux Etats comme le Venezuela et l’Iran. Ceux qui le défendent avancent le principe de la liberté d’expression.

 Finalement, ce geste, qui est au cœur de la polémique, a permis à Dieudonné de faire parler de lui. Il est à la Une depuis quelques semaines car ses propos provocateurs ont dépassé les limites. Que doit-on faire ? Parler de lui ou l’ignorer ? Le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, a décidé de saisir la justice pour condamner ses propos et ses outrances. Devait-il rendre publique sa décision ? Doit-on le laisser et faire comme s’il n’existait pas. Sur le plan moral, il doit être puni pour avoir tenu de tels propos. L’antisémitisme est condamné par la loi. Mais la médiatisation de l’engagement du gouvernement à le combattre lui fait de la publicité. Cela permet à un homme qui ne le mérite pas d’avoir beaucoup de publicité et de promouvoir son nouveau spectacle.

Les avis sont très partagés concernant les mesures à prendre à son encontre,  

Tardieu Charlotte, Clara Maurial, Gabriel Marchand, Ingrid Morin, Samuel Taillet, Benjamin Marquis, Louise Roels, Sara Senot, Océance Thevenet.